Les étonnantes mamies surfeuses d'un Ehpad breton
Ils n’ont plus 20 ans mais 80 et pourtant, ils surfent sur les vagues de la Manche. Cela s'appelle la "surf thérapie".
Ils ne vivent pas à Hawaï et n'avaient jamais surfé de leur vie. Pourtant, des résidents de l’Ehpad de Dol-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, n'ont pas hésité quand on leur a proposé l'activité "surf thérapie". Il s'agit de surfer sur de vraies vagues de la Manche. Pas debout sur la planche, bien sûr mais allongé, ce qui n'empêche pas de ressentir la glisse.
Dans le vestiaire, les corps sont usés, raides et plus très agiles mais l'excitation est palpable. Cela commence par des réflexions sur les combinaisons. "La combi c'est bien mais c'est dur à mettre", confie Christiane. "C'est la corvée !", se plaint Andrée qui se demande si elle doit prendre sa canne. Mais non bien sûr, la canne reste au vestiaire, car inutile sur la plage.
J'ai dit à mes petits-enfants que j'allais faire du surf. Ils m'ont dit : "Mais Mamie, tu rigoles" ?
Marie-Anne, mamie surfeuseà franceinfo
Marie-Anne, une débutante de 83 printemps, participe à sa troisième séance de surf. À vrai dire, l'idée de faire du surf ne l'avait jamais effleurée jusque-là. "Je ne connaissais même pas ça", confie-t-elle. "Si, j'ai vu à la télé", se rattrape-t-elle. "Pour moi, ce n'était pas chose possible. Je ne pensais pas faire ça à mon âge."
"À la première sensation de glisse, j'ai les visages qui s'illuminent"
Une petite séance de footing pour s'échauffer en regardant les vagues qu'on va bientôt affronter. Et c'est Andrée qui débute, allongée sur la planche. La monitrice se tient derrière elle et la pousse sur la première vague. Andrée ne peut plus se retenir de rire. "À la première sensation de glisse, j'ai les visages qui s'illuminent et ça, c'est juste magique, raconte Hélène Rouault, la monitrice de surf thérapie. Je le vois, quel que soit le public. Andrée n'est pas très communicante mais dès qu'on commence à faire la séance, c'est une personne qui va commencer à rire, à exprimer, à dire, limite, 'On y retourne!'".
"Ça va se faire. Je n'ai pas peur", s'encourage Marie-Anne. "Je vais fermer les yeux à bloc. Ne me perdez pas quand même. Ce n'est pas que je tiens à la vie mais...", lance-t-elle, peu rassurée, à la monitrice avant d'être lancée sur la vague. "Youhou ! J'en ai plein les oreilles. Ma mise en pli va être toute défaite", entend-t-on alors, dans un rire. Puis un "Oh là là, la grosse vague ! J'ai bu l'apéritif du midi !"
Avoir quelque chose à raconter, se surpasser
"Je pense aussi que c'est se prouver qu'ils ne sont pas, si je peux me permettre, qu'en 'fin de vie, ose la monitrice, Hélène Rouault. C'est se dire : 'J'ai encore des choses à faire. Je vais pouvoir parler à mes petits-enfants'. C'est aussi recréer du lien parce qu'ils ont quelque chose à dire. Ils ont fait une activité qui est un peu extraordinaire. C'est aussi se surpasser."
Une vague, deux vagues, trois vagues... On n'arrête plus Marie-Anne : "C'est super ! Je ferais bien ça tous les jours ! Je resterais bien là tout l'après-midi", s'exclame-t-elle, enthousiaste. Elle ne sent plus ses genoux qui la tourmentaient un peu plus tôt. Centré sur la vague, on oublie ses maux, ses soucis.
Pour Sonia Baudry, cadre de santé à l'Ehpad, ces séances de surf transforment les personnes âgées. "On ressent vraiment un apaisement après les séances. Ils se sentent bien", constate-t-elle le sourire aux lèvres.
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