Alzheimer : un traitement expérimental aux résultats prometteurs
Chaque nouvelle annonce d’une piste prometteuse pour le traitement de la maladie d’Alzheimer suscite un vif espoir. C’est le cas des données présentées par les laboratoires américains Eli Lilly devant les experts réunis pour l'Alzheimer's Association International Conference (AAIC), à Washington, le 22 juillet 2015. Leurs résultats suggèrent qu’une molécule, le solanezumab, pourrait ralentir la progression de la maladie chez des personnes présentant une forme modérément avancée.
Les premiers résultats de deux essais cliniques menés avec cette molécule sur environ 2.000 patients pendant 18 mois et dévoilés en 2012 n'avaient pourtant pas été probants. Le groupe ayant reçu la molécule active ne présentant pas moins de perte des capacités cognitives que le groupe témoin.
Ralentissement de 34% du déclin mental
Mais les laboratoires avaient affirmé que le solanezumab présentait néanmoins un effet pour la sous-population de patients présentant une forme modérée de la maladie. Chez eux, le solanezumab avait permis un ralentissement marqué de 34% du déclin mental, et de 18% de leur perte de capacités à exécuter leurs tâches quotidiennes.
A la suite de cette découverte, Eli Lilly a décidé de poursuivre ces essais cliniques pendant deux ans avec les malades atteints d'une forme légère d'Alzheimer. Les personnes ayant reçu le placébo pendant les 18 premiers mois ont ainsi été traitées avec la molécule active. Si le traitement était véritablement efficace pour ralentir la progression de la maladie, les personnes ayant reçu cette molécule dans le premier volet de l’étude devraient conserver leur avantage au bout des deux années supplémentaires. Et c’est justement ce qui a été montré dans une étude, publiée le 15 juillet 2015, dans la revue Alzheimer’s & Dementia et présentée lors de la conférence.
"Ce type de traitement comme le solanezumab réduit les plaques de la protéine bêta amyloïde dans le cerveau, qui se forment avec l'âge. Avec ces essais cliniques nous avons la première preuve que le fait d'agir suffisamment tôt pourrait ralentir ce phénomène et la progression d'Alzheimer", a déclaré le Dr Doug Brown, directeur de recherche à l'Alzheimer's Society au Royaume-Uni, dans un communiqué.
Prudence des experts
Mais les experts se sont montrés généralement très prudents. "Il faudra du temps pour déterminer si le solanezumab s'avérera efficace ou non pour traiter Alzheimer", a jugé Peter Roberts, professeur retraité de pharmacologie de l'Université britannique de Bristol. Selon lui les données publiées jusqu'à présent "montrent seulement un petit effet statistiquement significatif dans un sous-groupe de malades atteints d'une forme modérément avancée de la maladie".
Les traitements actuellement disponibles
Actuellement, les traitements disponibles sont les inhibiteurs de la cholinestérase et des antiglutamates (mémantine). Les premiers, prescrits pour les formes légères et modérées de la maladie, permettent d’empêcher l’action d’une molécule dont le rôle est de détruire l’acéthylcholine, un messager chimique impliqué dans les mécanismes de mémorisation. Ces médicaments permettent d’améliorer ainsi le comportement du malade et ses gestes quotidiens. Les antiglutamates, indiqués pour les formes modérément sévères et sévères, agissent sur les récepteurs du glutamate, une substance produite en excès par les neurones des malades et qui entraîne la destruction des cellules voisines. Ils permettent de ralentir la perte de la mémoire et le déclin cognitif.
D’autres médicaments peuvent être prescrits pour traiter certains troubles liés à la maladie, comme la dépression ou les problèmes de sommeil.
Sources : Delayed-start analysis: Mild Alzheimer’s disease patients in solanezumab trials, 3.5 years. Hong Liu-Seifert et al. Alzheimer’s & Dementia. 15 Juillet 2015. doi : 10.1016/j.trci.2015.06.006
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