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Argentine : ce que l'on sait de la pneumonie causée par une bactérie de type légionelle qui a fait quatre morts dans une clinique

Article rédigé par franceinfo
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Des journalistes attendent devant la clinique où est apparue la pneumonie inconnue, à Tucuman (Argentine), le 1er septembre 2022. (DIEGO ARAOZ / TELAM / AFP)

Onze cas ont été recensés depuis l'apparition de cette pathologie qui sévit dans la même clinique de Tucuman, à 1 300 km de Buenos Aires. Une bactérie de légionelle est à l'origine de ces pneumonies, a annoncé samedi la ministre de la Santé argentine.

Cette pneumonie intriguait la communauté médicale. Quatre personnes sont mortes en moins d'une semaine à Tucuman, dans le nord-ouest de l'Argentine, des suites d'une pneumonie sévère, des cas extrêmement localisés autour d'une même clinique. Si les symptômes ressemblent à ceux du Covid, le virus apparu en Chine en 2019 et qui a fait 15 millions de morts dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a cependant été écarté.

La ministre de la Santé argentine a finalement révélé, samedi 3 septembre, l'origine de ces pneumonies : l'agent qui a causé le foyer de pneumonies bilatérales "est la légionelle". En conférence de presse à Tucuman, Carla Vizzotti a ajouté que le type précis de légionelle était en cours de qualification. Franceinfo fait le point sur les informations dont on dispose.

Onze cas, quatre décès, localisés dans une même clinique

Onze cas au total, dont huit membres du personnel soignant, ont été recensés, avec des symptômes apparus entre le 18 et le 23 août. Deux membres du personnel soignant de la clinique privée de San Miguel de Tucuman, située à 1 300 km de Buenos Aires, sont morts lundi et mercredi, et le ministre provincial de la Santé, Luis Medina Ruiz, a annoncé jeudi le décès d'une troisième personne. Cette femme de 70 ans était une patiente de cette clinique. Samedi matin, les autorités de santé de la province ont annoncé un quatrième décès, celui d'un homme de 48 ans, présentant des comorbidités.

Des sept autres patients recensés de cette pneumonie, "quatre demeurent hospitalisés, dont trois sous assistance respiratoire, et trois sont sous surveillance à domicile, avec des symptômes cliniques moins compliqués", a précisé samedi Luis Medina Ruiz. 

L'infectiologue Mario Raya, directeur adjoint du Centre de santé Zenon Santillan, principal hôpital public de Tucuman, a par ailleurs assuré jeudi que "pour le moment, nous n'avons aucun cas en dehors de cet établissement".

Des symptômes similaires à ceux du Covid

Les symptômes communs sont "un état respiratoire sévère avec pneumonie bilatérale, et une imagerie très similaire au Covid, mais cela a été écarté", a annoncé mercredi Luis Ruiz Medina.

"La plupart ont commencé par des vomissements, une forte fièvre, une diarrhée et des courbatures, avec une évolution plus complexe chez certains."

Luis Medina Ruiz, ministre provincial de la Santé

Les examens initiaux ont également écarté toute grippe, influenza de type A et B, et hantavirus (transmis par les rongeurs) pour ces pneumonies. Des échantillons ont été transmis à l'Institut Malbran de Buenos Aires, référence nationale en matière de maladies infectieuses.

La ministre de la Santé a donc révélé les résultats samedi. "Le nom de la bactérie est en train d'être typifié, mais il est possible qu'il s'agisse de Legionella pneumophila", a précisé Carla Vizzotti. "Il n'a jamais été question d'un 'virus inconnu', mais plutôt que nous avions une pneumonie bilatérale d'origine inconnue", a-t-elle souligné.

L'eau et la climatisation dans le viseur

"Des mesures sont en cours dans la clinique pour identifier si [l'agent bactérien] est dans l'eau, et sur le réservoir accumulateur", afin de pouvoir "de nouveau utiliser la clinique sans aucun risque", a déclaré Carla Vizzotti samedi.

La légionellose est une infection pulmonaire grave d'origine bactérienne, dont la contamination peut se faire par voie respiratoire par inhalation de la bactérie, "à travers de l'eau ou de l'air conditionné", a rappelé la ministre.

Une transmission interhumaine écartée

"Il ne s'agirait pas d'une maladie qui entraîne une transmission de personne à personne, du fait que les contacts étroits de ces patients ne présentent aucun symptôme", avait expliqué mercredi, dans le même sens, le président du Collège médical de la province de Tucuman, Hector Sale. Tout en exprimant son "inquiétude" pour une pathologie manifestement "agressive".

"Il y a tous les ans des maladies émergentes qui font l'objet d'une surveillance plus ou moins accrue en fonction de leurs caractéristiques et du lieu où elles apparaissent", assure au Midi libre Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à l'université de Montpellier. "L'Argentine, ce n'est pas la Chine. La densité de population et les connexions avec le reste du monde sont moins grandes, donc le risque de diffusion mondiale est plus limité."

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