Asthme : vers une nouvelle piste de traitement ?
Inspirée par des publications scientifiques récentes [1] portant sur le rôle d’une protéine – Rac1 – et sur la contraction des cellules musculaires et de l’inflammation des bronches, une équipe de chercheurs basés à Nantes a réalisé plusieurs essais permettant de déterminer si elle jouait, ou non, un rôle dans l’asthme allergique.
Les chercheurs ont tout d’abord fait inhaler un inhibiteur de la protéine à des souris asthmatiques, ultérieurement exposé à un allergène. En empêchant Rac1 de jouer son rôle dans la contraction musculaire, aucun symptôme d’hyperréactivité bronchique n’aurait été observé chez l’animal. Mieux : en réitérant l’inoculation de cet inhibiteur, les chercheurs ont constaté une baisse de l’infiltration de divers globules blancs dans les poumons – phénomène inflammatoire qui favorise l’hyperréactivité des bronches.
Dans un second temps, les chercheurs ont exposé des cultures de tissus pulmonaires humains – prélevés chez des asthmatiques bénéficiant d'une transplantation – au fameux inhibiteur. En laboratoire, la contraction bronchique des cultures cellulaires viables était réduite "de 70 à 80%", expliquent les chercheurs.
"Bloquer l’activité de Rac1 permettrait à la fois de limiter la contraction bronchique en cas de crise d’asthme, mais aussi de réduire l’inflammation locale en traitement de fond", extrapole Vincent Sauzeau, co-auteur de ces travaux, publiés mi-novembre 2017 dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology.
De nouveaux travaux vont être menés en 2018 au CHU de Nantes pour confirmer les observations réalisées in vivo chez l’animal et in vitro. "Si le lien est confirmé, cela validera l’intérêt de poursuivre le développement d’un nouvel inhibiteur de Rac1 à visée thérapeutique chez l’homme", observe Vincent Sauzeau. "Il serait alors administré par voie inhalée pour une action ciblée dans les bronches". Il restera toutefois à identifier un inhibiteur de Rac1 possédant un profil de sécurité suffisant pour l’homme, les molécules utilisées jusqu’à présent dans les expériences ne remplissant pas tous les critères permettant d’envisager une utilisation clinique.
la rédaction d'Allodocteurs.fr
[1] Une série de travaux scientifiques publiés depuis 2012 a suggéré l’implication d’une protéine – Rac1 – dans la contraction des diverses cellules musculaires. En modulant en laboratoire l’expression de certains gènes associés à cette protéine, des effets ont été observés chez des animaux allergiques. Suite à une publication de 2015 mettant en évidence l’implication de la protéine dans la régulation de l’inflammation pulmonaire et la constriction des bronches.
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