Allocution d'Emmanuel Macron : il faut "clarifier les choses", pour "une sortie du confinement progressive, méthodique et organisée" estime Stéphane Le Foll
Le maire du Mans et ancien porte-parole du gouvernement Ayrault était l'invité de franceinfo lundi. Il plaide pour que la France s'inspire de l'Allemagne dans la gestion de la crise du coronavirus et appelle le chef de l'Etat et le gouvernement à plus clarté et de cohérence dans les actions menées.
Emmanuel Macron prend la parole lundi 13 avril à 20h pour la quatrième fois depuis le début de la crise du coronavirus. Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien porte-parole du gouvernement Ayrault, plaide sur franceinfo pour que la France s'inspire de l'Allemagne dans la gestion de la crise. Il appelle le chef de l'Etat à "clarifier les choses", pour "que l'on évite de subir l'épidémie et que l'on soit capables aussi d'être actifs pour permettre une sortie du confinement, progressive, qui doit être méthodique et organisée".
franceinfo : Attendez-vous des décisions fortes ce soir de la part du chef de l'Etat ?
J'attends comme tout le monde qu'on y voit un peu clair, que l'on voit où on va, avec des échéances, en particulier au niveau du confinement puisque maintenant c'est la question qui revient. J'étais encore tout à l'heure aux côtés de bénévoles qui distribuaient à manger pour ceux qui ont des difficultés, c'était la question qui était posée. Maintenant il faut clarifier les choses, et surtout s'organiser de telle manière que l'on évite de subir l'épidémie et que l'on soit capable aussi d'être actifs pour permettre une sortie du confinement, progressive, qui doit être méthodique et organisée.
Quelle est la bonne stratégie de lutte contre le Covid-19 selon vous ?
Cela a surpris beaucoup de gouvernements. Mais maintenant on sait qu'il y a des endroits et des pays pour lesquels des méthodes précises ont été appliquées, de tests à grande échelle, de confinement des personnes positives, et avec dans le même temps des outils, de type masques, pour permettre de limiter la contagion et de limiter le nombre de décès. C'est le cas de l'Allemagne, ou j'ai entendu sur votre antenne, de la Corée du Sud. Il faut que l'on soit capable de reprendre à notre compte ce qui marche ailleurs.
Vous citez le modèle allemand dans une tribune que vous venez de publier. L'Allemagne fait-elle mieux que la France selon vous ?
On sait qu'en Allemagne il y a plus de 20 000 lits de réanimation, c'est-à-dire que, lorsqu'en France on en avait 5 000, l'Allemagne en avait 15 000, ils sont montés à plus de 20 000 lits. Ils ont été beaucoup plus proactifs. Deuxièmement, les Landers ont mis en place, et à l'échelle fédérale aussi, un méthode de tests extrêmement importante, plus de 200 000 par jour. Nous on a un retard absolument important à rattraper. C'est sur ces questions là qu'il faut que l'on ait des éclaircissements et que l'on se mette tous ensemble.
Qu'est-ce qui est prioritaire aujourd'hui ?
C'est à la fois le délai de confinement, jusqu'à quand. C'est préparer la sortie progressive, on en aura besoin, pour savoir comment on s'organise. A partir de là, pour avoir le délai de confinement et la méthode de sortie, on doit mettre le paquet. L'académie de médecine vient de le dire, beaucoup d'experts le disent maintenant, il faut avoir une capacité de tests à grande échelle, pour isoler les gens qui sont positifs.
Que dit l'ancien porte-parole de gouvernement sur la communication sur la gestion de crise ?
Je vous donne un exemple. Le Premier ministre, il y a 15 jours, dit qu'il faut fermer les marchés de plein vent sauf dérogations dans les zones rurales, autorisées par les préfectures à la demande des maires. Il y a eu plus de dérogations que ce qui avait été prévu au départ. Hier, le ministre de l'Agriculture vient de demander aux préfets et aux maires de rouvrir tous les marchés. Je dis que dans ce cas là, entre la déclaration du Premier ministre et la déclaration du ministre de l'Agriculture aujourd'hui, il faut qu'il y ait une cohérence entre les deux.
Je ne suis ni pour la fermeture durant tout le confinement des marchés, ni pour l'ouverture sans règles, mais si ont doit ouvrir les marchés, on fixera les règles. Les maires sont là pour le faire. On l'avait fait avant, on nous avait demandé de fermer, on nous demande de rouvrir, le tout sur des annonces faites un jour par le Premier ministre, un autre par le ministre de l'agriculture, sans qu'il y ait de concertation avec les premiers concernés, les maires.
Dans votre tribune, vous appelez les penseurs du monde d'après à être un peu moins prétentieux. C'est à dire ?
Beaucoup de gens se mettent à penser le monde d'après, alors qu'on a d'abord une question, c'est de régler les problèmes d'aujourd'hui. Le monde d'après, il va être extrêmement lié à la manière dont on va sortir du monde d'aujourd'hui. Je pense qu'il faut reprendre le travail progressivement, dans des conditions de sécurité assurées au niveau sanitaire, et qu'il faut le faire avec une méthode et des règles qui s'appliquent partout de la même manière. Il faut que les conditions dans lesquelles cette reprise s'organise soient discutées, méthodiques et soient appliquées avec des conditions de sécurité pour l'ensemble des salariés. Je rajouterai un petit mot sur ce que dit monsieur Geoffroy Roux de Bézieux (patron du Medef), qui veut faire travailler tout le monde beaucoup plus et la suppression de tous les congés payés, ça laisse penser que ce sont les salariés qui seront les premiers à qui on va demander les efforts, ce qui est parfaitement scandaleux et laisse croire qu'il n'y a qu'un problème d'offre, alors qu'il y aura aussi un problème de demande.
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