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"C'est salvateur" : avec le confinement, ces seniors découvrent WhatsApp, Skype ou FaceTime

Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Capture d'écran d'une conversation entre Didier et Anne-Marie, au centre, et leurs deux filles Emilie (à gauche, avec son fils, Thélio) et Marion (à droite). (HOUSEPARTY)

Grâce à ces applications, ils peuvent garder un lien avec tous les membres de leur famille, qui ne peuvent plus leur rendre visite depuis la mise en place des mesures de restrictions de circulation dues à l'épidémie de coronavirus.

"Le besoin est encore plus fort depuis que je suis toute seule à la maison." Isabelle, 62 ans, vit à Montesson (Yvelines) avec son chien. Durant la période de confinement due à l'épidémie de coronavirus, son seul lien direct avec ses proches passe par les applications qui permettent de se voir et de discuter.  

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WhatsApp, FaceTime, Skype, mais aussi Zoom, que la rédaction de franceinfo utilise pour ses réunions quotidiennes, ou le plus divertissant Houseparty... Tous ces outils connaissent un regain d'intérêt depuis l'annonce du confinement. Et pour briser le cercle de la solitude, les jeunes retraités et les personnes plus âgées ont été obligés de sauter dans le grand bain des nouvelles technologies.

Avant de voir s'afficher le visage de ses proches sur son ordinateur ou son smartphone, une étape s'avère indispensable : l'installation. Car avant d'utiliser WhatsApp, Skype, Zoom ou encore Houseparty, il faut télécharger l'application. Anne-Marie et Didier, qui vivent à Rennes (Ille-et-Vilaine) et sont âgés respectivement de 63 et 61 ans, assurent que cela n'a pas été un problème. Ce que leur fille, Marion, dément formellement : "C'est un gros mensonge, ils ont galéré pour télécharger Houseparty sur l'Apple store, ils avaient oublié leur mot de passe." 

Même scène chez Isabelle, qui vit seule. Elle a dû demander de l'aide à son troisième enfant pour installer l'application qui permet des conférences vidéo à plusieurs. "Ce n'est pas très ergonomique et l'utilisation n'est pas si évidente, mais c'est sympa, je peux voir tout le monde en même temps", explique cette mère de trois enfants éparpillés entre Paris et le sud de la France, aussi grand-mère de deux petits-enfants.

C'est salvateur pour les gens qui sont seuls. Moi, je n'ai que mon chien, c'est un peu limité comme conversation.

Isabelle

à franceinfo

Pour les personnes plus âgées qui vivent en Ehpad, ces moyens de communication sont également une fenêtre sur l'extérieur. Les grands-parents d'Emmanuelle Gicquello, âgés de 96 et 100 ans, sont en maison de retraite à Chaponost (Rhône). La direction a mis en place un processus pour permettre à ses pensionnaires de voir leurs proches depuis que les visites ont été interdites. "Une personne passe avec une tablette dans les chambres, explique Emmanuelle Gicquello, ce sont des appels très courts qui durent moins d'une minute." Elle reconnaît avoir augmenté la fréquence de ses appels en raison de la situation un peu particulière de l'Ehpad qui, en plus de la menace du coronavirus, est frappé par une épidémie de gastro-entérite. "Mes grands-parents ne sont plus dans la même chambre et tous les patients sont cloîtrés", souffle-t-elle.

Cela ne leur semble pas réel, mais ils sont contents.

Emmanuelle Gicquello

à franceinfo

"Ils sont intimidés, voire surpris, car ils ne savent pas d'où provient le son, par exemple. Il n'est pas non plus facile pour eux d'entendre, il faut s'adapter. Mais mon grand-père est assez émerveillé de ce qu'on est capable de faire aujourd'hui", développe-t-elle. 

"On pouvait 'dîner ensemble'"

Distante de quelques kilomètres d'une de ses filles, Isabelle avait l'habitude de la voir avec ses petits-enfants plusieurs fois par semaine. Depuis le début du confinement, pas un jour ne s'écoule sans qu'elle s'entretienne avec eux via une conférence vidéo. "C'est essentiel pour moi d'avoir ce mode de communication, j'ai envie de les voir tous les jours, mais j'ai aussi envie de les toucher, soupire-t-elle, on voit les enfants changer, on peut partager certains moments." "J'ai une amie de ma génération, grand-mère comme moi, qui leur raconte des histoires, il faudrait que j'essaie", note celle que ces petits-enfants nomment "Bob". "Il y a trente ans, on payait encore le téléphone, rembobine-t-elle. S'il n'y avait pas tous ces outils, [le confinement] aurait été horrible."

Ce confinement avec tous ces outils, c'est presque un luxe. J'espère qu'ils ne vont pas nous lâcher.

Isabelle

à franceinfo

Capture d'écran d'une conversation entre Isabelle, qui vit à Montesson (Yvelines), sa fille Violaine et ses petits-enfants Octave et Achille. (FACETIME)

Ce "luxe" donne même "l'impression d'être dans la même pièce, s'enthousiasment les Rennais, Anne-Marie et Didier, on pouvait 'dîner ensemble'." "Cela rapproche les gens qui sont à des centaines de kilomètres, et puis c'est rassurant de voir la personne, on sait qu'elle va bien", ajoutent-ils. Cette découverte des nouveaux modes de communication entraîne quelques désagréments, puisque ces néophytes abreuvent les groupes WhatsApp familiaux de blagues et de messages issus de chaînes. Didier et Anne-Marie ne sont d'ailleurs pas les derniers à le faire.

Le couple se prépare aussi à fêter les prochains anniversaires de la famille dans ces conditions particulières. "Didier va fêter son anniversaire le 5 avril, probablement en confinement. Nous allons souffler ses bougies en vidéo avec sa jumelle et son frère aîné, qui est aussi né un 5 avril, raconte Anne-Marie. Nous avions prévu de fêter ces trois anniversaires tous ensemble, mais c’est râpé. Et notre petit-fils Axel va avoir 4 ans le 11 avril. Si nous sommes encore en quarantaine, on fera un House Party, c’est sûr !"

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