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Vidéo "Voir quelqu’un suffoquer, c’est très dur à vivre" : les personnels des Ehpad au bord de l’épuisement

À cause du coronavirus, les décès se multiplient dans les Ehpad, où les personnels sont au bord de l’épuisement, à l’image de ceux de la maison de retraite Jacques Barat-Dupont, dans la Meuse, qui guettent la moindre lueur d’espoir.

Article rédigé par Valentin Dunate - Benjamin Thuau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les personnels de la résidence Jacques Barat Dupont, un EHPAD situé dans la Meuse, travaillent avec un masque en raison de l'épidémie de coronavirus. (BENJAMIN THUAU / RADIO FRANCE)

Malgré le masque sur son visage, il suffit de regarder dans les yeux épuisés de Christelle Giraut, infirmière, pour comprendre la situation. "On est leur seule famille en ce moment, confie-t-elle. Et on passe plus de temps avec eux qu’avec notre famille." Treize jours après le début de la crise du coronavirus, le personnel de la maison de retraite Jacques Barat-Dupont, à Sommedieue, dans la Meuse, est au bord de l’épuisement. Pour l’instant, 14 agents et 28 résidents ont été touchés par le coronavirus. Cinq de ces derniers sont décédés, comme dans d'autres établissement partout en France.

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Aussi, cette infirmière, qui travaille six jours sur sept, a du mal à contenir son émotion quand elle décrit son quotidien."C’est l’accumulation des décès, ce sont des personnes en grande détresse respiratoire, soupire-t-elle. Voir quelqu’un suffoquer, c’est très dur à vivre. Il faut aussi téléphoner aux familles pour les prévenir de la mort de leur proche. Il faut leur décrire leur parent, comment ils étaient à ce moment-là, parce qu’ils ne les reverront plus. "

C’est tout un accompagnement qui est beaucoup plus dur. Et c’est pesant.

Christelle Giraut, infirmière

à franceinfo

La directrice de l’établissement, Sandrine Lhotte-Sidoli, estime que tout le personnel va devoir être aidé psychologiquement à la fin de la crise. Les familles aussi sont aidées si elles le souhaitent. "C’est très difficile pour elles, explique Sandrine Lhotte-Sidoli. C’est comme un abandon de la personne par son parent. Les mises en bière sont faites à l’Ehpad…. Ce qu’on a proposé avec la psychologue, c’est qu’elle suive aussi les familles si elles ont besoin."

 Depuis dimanche, aucun nouveau cas n’a été signalé dans cet Ehpad. Une lueur d'espoir pour les résidents et le personnel de l'établissement. "On compte les jours sans nouveaux cas, explique Christelle Giraut. Malheureusement on a perdu beaucoup de résidents, on va en perdre encore. Mais voilà, on voit les choses enfin peut-être s’arrêter", poursuit l'infirmière. "On a besoin de bonnes nouvelles. De voir des personnes qu’on imaginait mal engagées et qui finalement vont un peu mieux, ça fait tenir", renchérit Stéphanie Granger, la psychologue de l'établissement.

On s’accroche aux petites bonnes nouvelles qu’on a.

Stéphanie Granger, psychologue

à franceinfo

Il y a donc ces "petites bonnes nouvelles" et des dizaines de mails de remerciements des familles, qui savent que le personnel donne tout ce qu’il peut pour donner à cette fin de vie un peu de douceur et d’humanité.

Les personnels des Ehpad au bord de l’épuisement - reportage Valentin Dunate

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