"Ça m’aurait fait suer de couler mon exploitation" : la réouverture des marchés dissipe un peu la morosité des maraîchers
À l’arrêt depuis deux mois, les marchés alimentaires vont pouvoir rouvrir dès lundi, avec le déconfinement progressif. Un soulagement pour les petits producteurs et notamment les maraîchers qui y vendent leur production.
La plaine de Versailles : son château, ses forêts et ses fruits et légumes. Ceux produits depuis 40 ans par Xavier Morize sur son exploitation de Saint-Nom-la-Bretèche. "Des fraises, des framboises, des tomates, des aubergines, des melons, des courgettes, des abricots, des radis, des salades", énumère-t-il, devant son hectare de serres, dans lesquelles quatre salariés à plein temps et trois saisonniers travaillent.
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La terre ici est très fertile et il faut bien vendre la production. Mais il y a deux mois, mauvaise surprise : "Les marchés, du jour au lendemain, on nous a dit que c’était terminé", explique Xavier. Jusqu’ici, seules certaines mairies, après obtention d’une dérogation préfectorale avaient décidé de maintenir leurs marchés. Mais désormais, dès lundi, avec le déconfinement progressif, tous les marchés alimentaires vont pouvoir rouvrir.
Xavier y réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires annuel et un Français sur trois s’y rend généralement pour faire ses courses. Habituellement, il fait trois marchés par semaine, deux fois à Chatou, une fois à l’Etang-la-Ville. Dès ce mercredi il peut revenir vendre sa marchandise à Chatou. Le marché a rouvert mais ce ne sera pas exactement le même marché qu'avant.
"On a notre clientèle, nos mamies, nos papis..."
"Ce sera comme à Ikéa", sourit Xavier Morize. Il a eu le placier au téléphone qui lui a indiqué qu'il y aurait un sens de circulation avec une entrée et une sortie, ainsi qu'une distribution de masques à l'entrée. "On a notre clientèle et on voit nos mamies, nos papis...", ajoute-t-il. En somme, on crée du lien, on prend des nouvelles et, surtout, on maintient son activité à flot.
"Ca m’aurait fait suer de couler mon exploitation, j’ai mis quarante ans à la monter. Moi, là , le but, c’est d’assurer les salaires, les charges sociales et les factures.
Xavier, maraîcherà franceinfo
La réouverture des marchés est donc un vrai bol d’air pour Xavier, même si durant leur fermeture, le maraîcher n’a pas chômé. "On a compensé la perte de chiffre d’affaires en faisant des livraisons à domicile, mais on n’a pas pu servir tout le monde : c’est un autre métier, indique Xavier. On a rouvert la vente à la ferme le samedi et c’était l’affluence, ça a compensé quand même."
 Xavier s’est donc mis à la livraison à domicile et a relancé la vente directe à l’exploitation. C’est certainement la grande leçon qu’il tire de cette crise : les clients aiment venir chez le producteur et la vente directe a de l’avenir. "On ressent une recherche de circuits courts, de vente directe…", indique-t-il. Alors même après la réouverture des marchés, même lorsque l’épidémie sera derrière nous, Xavier réfléchit à pérenniser la vente directe depuis son exploitation.
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