"Ce sont des emplois en moins, c’est de l’activité en moins" : le petit village breton de Lohéac contraint d'annuler son rallycross mondial
Petit village d’Ille-et-Vilaine au sud-ouest de Rennes, Lohéac est réputé pour son rallycross, le plus important au monde, qui draine des dizaines de milliers de spectateurs. L’édition 2020 prévue début septembre n’aura pas lieu. L’annonce a été faite jeudi 21 mai et c’est un coup dur sur le plan économique.
Patrick Germain, l’organisateur du rallycross de Lohéac (Ille-et-Vilaine), regarde un peu désabusé les tribunes aujourd’hui vides mais qui auraient dû être bondées dans trois mois et demi, le week-end du 5 et 6 septembre. Même le circuit semble souffrir de cette inactivité. "C’est amusant de voir des poussées d’herbe dans toutes les failles du bitume", observe Patrick Germain en marchant sur le circuit fermé depuis des mois. "Je n’ai jamais vu ça."
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En quarante-quatre ans d’existence, Lohéac est devenu la référence mondiale du rallycross. Certaines années, il arrive à attirer les pilotes stars de rallye comme le Français Sébastien Loeb (neuf fois champion du monde) ou le Norvégien Petter Solberg. L’événement draine jusqu’à 80 000 spectateurs sur trois jours. "Ça fait de l’animation dans le village, raconte Arlette qui habite une maison au bord de la route qui mène au circuit. Ça va manquer cette année. J’ai été bénévole plus de trente ans, pendant des années pour vendre les galettes-saucisses, puis après à la buvette."
Un événement mondial qui fait vivre le village
Le meeting est bien plus qu’un événement sportif dans ce village de moins de 700 habitants. Toute une économie s’est construite autour de l’accueil des spectateurs qu’il faut loger et nourrir. "Ce petit village compte une soixantaine de chambres d’hôtel et un millier de places en restaurant", détaille Stéphane Colas, le patron d’un hôtel-restaurant dans le centre de Lohéac. "Ne pas avoir le rallycross en septembre, c’est compliqué. Sur le plan économique, c’est plus que moche alors qu’on sort à peine de deux mois et demi de torpeur."
C’est de l’animation en moins, ce sont des emplois en moins, c’est de l’activité en moins, c’est du partenariat économique en moins. Mais on va se remettre, on va faire face.
Stéphane Colas, hôtelier-restaurateur à Lohéacà franceinfo
Depuis que le rallycross breton est devenu l’épreuve la plus importante au monde dans cette discipline, c’est aussi tout un écosystème qui s’est créé autour de la course automobile. "Ça a attiré tout un ensemble de métiers complémentaires du sport automobile", explique Patrick Germain, le patron de l’épreuve, qui nous emmène dans une zone artisanale où se sont installées de toutes petites entreprises. "Il y a un préparateur de moteurs, il y a un photographe qui suit toutes sortes de courses. On a un sellier juste derrière qui fait de la restauration de véhicules historiques. On a également un autre préparateur de voitures de course. Forcément, c’est tout le système autour de la compétition qui est impacté."
Une annulation inévitable
Les organisateurs qui disposent d’un budget d’1,6 million d'euros n’avaient pas d’autres choix que d’annuler l’épreuve dans le contexte actuel. Il fallait décider maintenant, expliquent-ils, avant d’engager des dépenses pour la préparation de l’événement. "Il fallait être sûr d’aller au bout et là, on est sûr que ce ne sera pas le cas, assure Patrick Germain. On était certain de ne pas avoir les autorisations compte-tenu du monde habituel que l’on a à Lohéac."
On aurait été incapables d’assurer des mesures de distanciation physique et de protection du public. On n’aurait jamais lancé une organisation avec de tels risques.
Patrick Germain, organisateur du rallycrossà franceinfo
L’association qui gère le rallycross et qui compte uniquement des bénévoles (800 au total, soit plus que le nombre d’habitants de Lohéac) s’en relèvera, veut croire Patrick Germain. Elle a maintenant les yeux rivés sur 2021 et le prochain rallycross. Les dates sont fixées : ce sera les 4 et 5 septembre.
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