Certificats de complaisance ou falsifiés : dans les salles de sport, les règles liées au Covid-19 ne sont pas toujours respectées
En théorie, elles ne sont accessibles qu'aux sportifs de haut niveau, professionnels du sport et aux personnes atteintes de maladies chroniques. Mais comme franceinfo a pu le constater dans une salle de région parisienne, certains arrivent à passer entre les mailles du filet.
Depuis le mois d'octobre dernier, les 4 200 salles de sports de France ont été contraintes de fermer leurs portes pour la deuxième fois depuis l'arrviée du covid-19. Certaines ont le droit d'ouvrir à nouveau mais l'accès est réglementé et reservé aux sportifs de haut niveau, aux professionnels (coachs, étudiants en STAPS) et aux malades chroniques sur présentation d'un justificatif. Mais certains s'arrangent avec cette réglementation.
Un médecin traitant "pas tatillon"
Dans la salle de sport de région parisienne où nous nous rendons, le personnel nous assure, à l'entrée, que les clients présents "ont tous une prescription médicale". Dans le sous-sol, là où se trouvent les machines, c'est noir de monde, il y a même deux personnes par machine. Nous demandons à une des sportives, Chloé, comment elle a obtenu un certificat médical. "J'ai demandé une ordonnance à mon médecin traitant qui me connaît bien donc il n'a pas été tatillon. Il m'a fait l'ordonnance comme ça !" La jeune femme n'est pas malade, elle le reconnaît.
"Je ne savais pas qu'il fallait forcément avoir une maladie chronique pour rentrer dans les critères".
Chloé, cliente d'une salle de sport francilienneà franceinfo
Il y a donc des certificats de complaisance faits par certains médecins mais aussi carrément de faux certificats. Laurent en fabrique sur son ordinateur en short et chaussettes depuis son canapé : "J'ai essayé d'abord pour dépanner un ami et ensuite j'ai vu que ça avait très bien marché, il m'a dit que la salle n'était pas regardante du tout. Du coup, j'ai proposé à d'autres amis qui étaient dans le besoin et j'en ai fait une dizaine."
"Une forme de concurrence déloyale"
Alors pourquoi des gérants de salles de sport acceptent-ils de fermer les yeux ? Selon Philippe Leroy, représentant de France Active, syndicat des entreprises du sport, s'ils ouvraient seulement au public prioritaire, les gérants n'y trouveraient pas leur compte. "Si vous respectez à la lettre, c'est très compliqué d'être rentable, ça fonctionne pas, ce n'est pas possible."
Avec sept mois de fermeture et 100% du chiffre d'affaires perdus, certains patrons essayent même de profiter de la situation. "Quand vous avez 90% de vos abonnés qui ont quitté le club, que vous avez toutes les charges qui tombent, que vous n'avez pas les aides qui arrivent et bien certaines salles font le choix, moyennement déontologique, d'essayer de récupérer les adhérents d'autres clubs en ouvrant, explique Philippe Leroy. C'est une forme de concurrence déloyale." Et selon lui, à cause de la crise sanitaire, plus de 20% des établissements risquent de fermer dans les six prochains mois.
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