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Chômage partiel en partie financé par les employeurs : "Nous n'avons pas suffisamment de travail", s'inquiète une cheffe d'entreprise

A partir du 1er juin, exceptés certains secteurs, les employeurs vont devoir mettre la main à la poche et financer 15% des indemnités de leurs salariés. Une mesure annoncée par le ministère du Travail, qui inquiète certaines entreprises. 

Article rédigé par franceinfo, Sarah Lemoine
Radio France
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Temps de lecture : 3min
L'entreprise Como Industries en 2015 (FRANCE2 / FRANCE TELEVISIONS)

Sophie Demesse dirige COMO, une petite entreprise spécialisée dans la mécanique de précision qui emploie sept salariés. Tous sont en chômage partiel, soit deux jours par semaine, soit à temps complet. A partir du 1er juin, Sophie Demesse devra payer 15% de l’indemnité versée au salarié, contre zéro auparavant.

La mesure a été annoncée par le ministère du Travail dans un communiqué lundi 25 mai. Pour les salariés, pas de changement : ils continueront à toucher le même niveau d'indemnisation. Mais leurs employeurs vont désormais devoir financer une partie des salaires en chômage partiel. Seules exceptions : les secteurs faisant l'objet de restrictions législatives en raison de la crise sanitaire

Un coût qui peut mettre en danger les entreprises

Sophie Demesse a calculé ce que ça allait lui coûter : "Concrètement pour Como, cela va représenter à peu près un coût supplémentaire de 2 000 euros par mois, précise-t-elle. Cela paraît dérisoire pour une société mais 2 000 euros par mois multiplié par six mois, un an, cela peut mettre l'entreprise en danger." Cette réduction de voilure du chômage partiel, Sophie Demesse en parle comme d’une catastrophe car la reprise d’activité est très dure pour son entreprise, qui vend des pièces à l’industrie aéronautique, et indirectement à l’industrie automobile. 

On est toujours à -60% de chiffre d'affaires et de carnet de commandes à ce jour. Nous n'avons pas suffisamment de travail.

Sophie Demesse, dirigeante de l'entreprise Como

à franceinfo

"Tant que l'aéronautique ne se remet pas en route, alors que c'est le poumon de l'industrie française, on n'aura pas un carnet de commandes qui va se réveiller", explique la dirigeante.

Des impayés en augmentation 

Pour la dirigeante de Como, "l'objectif c'est de tenir longtemps et d'avoir une trésorerie qui tienne jusqu'à la reprise." Or en matière de trésorie, ce qui inquiète Sophie Demesse, c’est l’augmentation des impayés. "Il a fallu que je pleure auprès d'un très gros client pour qu'il puisse me payer donc il faut utiliser des moyens, s'inquiète-t-elle. Je suis une toute petite entreprise avec une trésorerie à peu près correcte. J'ai une trésorerie de trois mois, les grosse entreprises ont un an ou deux ans devant elles."

Il y a beaucoup de sociétés qui ont décidé de ne pas payer. On fait quoi ? J'arrête de livrer ? Cela devient très tendu.

Sophie Demesse

à franceinfo

Eviter les licenciements, une priorité

Entre la hausse des impayés et la réduction de l’aide de l’Etat sur le chômage partiel, la dirigeante de Como espère ne pas avoir à licencier en attendant la reprise. Garder ses salariés, c’est une priorité pour elle. "Dans l'industrie on a des compétences qui sont de plus en plus rares, explique Sophie Demesse. Il y a des personnes, si je les perds, je ne dis pas que je perds le marché, mais pour les remplacer il faut plusieurs années de formation. Il faut vraiment que je les garde, si je veux assurer la survie de l'entreprise." La dirigeante estime que son activité ne reprendra pas complètement avant 2021, au mieux.

Les nouvelles règles d'indemnisation du chômage partiel vues depuis une PME : écoutez le reportage de Sarah Lemoine

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