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Confinement : le numéro vert du gouvernement sur l'IVG reçoit 50% d'appels en plus, selon le Planning familial

Pourtant les centres d'IVG sont vides alors qu'ils sont ouverts, rapporte Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial qui dit craindre l'après confinement.

Article rédigé par franceinfo
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Un centre d'accueil du Planning familial (illustration). (MANOOCHER DEGHATI / AFP)

Le numéro vert du gouvernement (0 800 08 11 11) consacré à l'information sur l'interruption volontaire de grossesse reçoit 50% d'appels en plus depuis le début du confinement en raison de la pandémie de coronavirus, assure la co-présidente du Planning familial qui gère ce numéro, Sarah Durocher, samedi 25 avril sur franceinfo, alors qu'Olivier Véran a accordé un peu de souplesse dans l'accès à l'avortement : si une femme consulte tardivement, au-delà de 12 semaines, les médecins pourront invoquer sa détresse psychosociale pour pratiquer un IVG.

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franceinfo : Êtes-vous satisfaite que ce motif de détresse psychosociale permette aux femmes d'accéder à l'IVG pendant plus longtemps ?

Sarah Durocher : Il faut savoir que cela existe depuis 2001 en fait et que dans la majorité des cas, c'est pour une raison foetale et non au niveau de la parole de la femme. Donc pour nous c'est une avancée qui le visibilise en tout cas, par contre, nous sommes un peu alertés parce ce que nous, sur le terrain, on voit. L'accès à l'IMG, l'intervention médicale de grossesse, est parfois très compliqué. La plupart de nos antennes à l'accueil physique sont fermées. Les retours que l'on a, puisqu'on tient la plateforme numéro vert IVG Contraception, sexualité, le numéro du gouvernement le 0 800 08 11 11, on a une grosse augmentation d'appels et on a surtout la parole des personnes qui nous disent qu'elles ont peur de sortir.

Nous informons les femmes que, même en période de Covid-19, les femmes peuvent avorter, c'est un soin d'urgence et c'est essentiel de le rappeler. 

Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial

à franceinfo

Et c'est notre travail auprès des femmes de le rappeler, d'écouter, d'informer et d'orienter au mieux vers des structures ouvertes puisque dans la plupart des cas, les centres IVG sont ouverts.

Vous demandiez que le délai légal de l'IVG soit repoussé de 14 à 16 semaines, et pas seulement grâce à ce motif. Estimez-vous alors ne pas avoir obtenu gain de cause ?

Non, puisque nous on souhaiterait un allongement des délais concernant l'IVG, ce n'est pas du tout la même démarche. Pour nous, le principal est que les femmes puissent interrompre une grossesse. Donc, si jamais le ministre de la Santé met des directives claires, que les professionnels sont à l'écoute de ça et que les femmes peuvent avorter entre 14 et 16 semaines, c'est parfait pour nous. N'empêche que nous, on continuera ce plaidoyer de l'allongement des délais, on ne baissera pas la pression là-dessus parce que pour nous, c'est essentiel. Cela veut dire que, même hors Covid-19, il est essentiel que les femmes puissent accéder à l'avortement. Il faut savoir qu'il y a des femmes qui vont faire des avortements avec des délais dépassés et que souvent ce sont des femmes qui en ont les moyens, ce sont des femmes qui ont accès à l'information, ce ne sont pas toutes les femmes et pour nous, c'est essentiel que toutes les femmes puissent accéder à ce droit essentiel.

Pouvez-vous estimer le nombre d'IVG qui ne seront pas pratiquées pendant la pandémie ? Pensez-vous que les grossesses indésirées menées à leur terme seront plus nombreuses ?

Je n'ai pas de chiffres à donner. Je pense que les remontées se feront après. Par contre, nos partenaires associatifs et professionnels de santé font le constat que les centres d'IVG sont vides, ce qui est très inquiétant pour nous. Le choix d'interrompre une grossesse ne s'arrête pas pendant le Covid-19. C'est une certitude. Donc nous, on a la peur de l'après. Ça veut dire que des femmes se retrouvent sans possibilité d'avorter simplement parce que parfois, on est dans une désinformation. Ça veut dire qu'il y a de la désinformation sur l'avortement via Internet ou via des forums où clairement il est dit que pendant le Covid-19 on ne peut pas interrompre une grossesse. Donc, pour nous, c'est très important de diffuser ce numéro du gouvernement et rassurer les femmes et diffuser l'information que même en cas de confinement, on a le droit d'avorter. On reste en contact avec les femmes. On a une augmentation plus de 50% d'appels sur le numéro du gouvernement et c'est une certitude que sortir de chez soi n'est pas simple, avoir une bonne information n'est pas simple. Et ce sont les personnes qui sont les plus loin du droit, le plus loin de l'information, qui se retrouveront encore une fois dans une situation qui les mettront en précarité ou en tout cas dans l'impossibilité de choisir.

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