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Confinement : "Il vaut mieux avoir quatre clients dans 25 commerces, que 100 clients groupés dans le même", estime Gilles Platret, vice-président LR

Les arrêtés se multiplient dans les communes pour contester la fermeture des petits commerces en raison du confinement. Le maire de Chalon-sur-Saône et vice-président des Républicains dénonce la rupture d'égalité avec les hypermarchés et les plateformes de vente en ligne.

Article rédigé par franceinfo
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Le maire Les Républicains de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, à Champdivers le 3 septembre 2020 (PHILIPPE TRIAS / MAXPPP)

Les arrêtés municipaux qui, ici ou là, autorisent les petits commerces à ouvrir malgré le confinement, "c'est d'abord pour protéger les clients", précise Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et vice-président des Républicains, invité de franceinfo ce samedi matin. "Il vaut mieux avoir quatre clients dans 25 commerces, que 100 clients groupés dans le même", explique-t-il alors qu'il dénonce également "la rupture d'égalité et la concurrence déloyale" entre les plateformes de vente en ligne ou les hypermarché et les petits commerces.

franceinfo : Avez-vous pris cet arrêté pour des raisons sanitaires ou pour des raisons économiques ?

Gilles Platret : Personne ne peut aujourd'hui contester le fait qu'il y a une rupture d'égalité et une concurrence déloyale, c'est certain. Les grandes surfaces ne peuvent pas, et je ne leur jette même pas la pierre, séparer dans des plateaux complètement ouverts, les produits essentiels des produits non essentiels. Vous avez donc une rupture de concurrence vis-à-vis des petits commerces. Mais l'enjeu principal, à mon sens, outre celui-ci qui est un enjeu important, c'est d'abord de protéger les clients. Aujourd'hui, les accumulations de clientèle dans les grandes surfaces sont plus propices à la propagation du virus que l'éparpillement des clients dans les petits commerces de la ville, c'est donc d'abord un motif sanitaire qui m'amène à prendre cet arrêté.

Vous doutez de l'utilité sanitaire des mesures de fermeture des petits commerces ?

Pire que ça. Il vaut bien mieux que vous ayez quatre clients dans 25 commerces, que 100 clients groupés dans le même. C'est juste du bon sens. Ce n'est ni droite ni gauche. J'ai incité le préfet de Saône-et-Loire, hier soir, à aller faire un tour dans les grandes surfaces, à prendre un chariot et à se poser derrière une caisse enregistreuse au milieu de dizaines et des dizaines de clients. Est-ce le cadre idéal pour préserver la santé de nos concitoyens? Je ne le pense pas. Et encore si les grandes surfaces ne faisaient que vendre les produits essentiels... Mais elles vendent absolument tous les produits. Vous allez voir ce qu'il va se passer ce week-end : les gens sont censés être cloîtrés chez eux. Ils ne travaillent pas pour la plupart, et donc ils vont trouver une seule échappatoire, c'est d'aller en grande surface pour prendre un bol d'air. Cette situation a été provoquée par cette façon d'être obnubilé par la grande surface comme celle qui doit sauver la santé et l'économie. C'est complètement faux, cela ne correspond pas à la réalité du terrain.

Donc, on demande simplement à l'Etat d'aller sur le terrain, d'aller avec les vrais gens, de se rendre compte de ce qu'il se passe. Et automatiquement il sera amené a minima à douter, sinon à revoir sa position et c'est pour ça que toutes les associations d'élus sont en train de pousser dans le même sens.

Cette démarche n'est-elle pas vaine alors qu'à chaque fois les préfets demandent aux élus de retirer leurs arrêtés qu'ils qualifient d'illégaux ?

C'est un petit peu fort de café parce que je vais juste rappeler une chose : nous sommes encore dans le cadre d'un Etat constitutionnel qui préserve la libre administration des collectivités territoriales. C'est dans la Constitution. Que les préfets estiment que les arrêtés ne sont pas conformes au droit, c'est leur droit. Mais ça n'est pas à eux de dire s'ils sont illégaux ou pas. Ils les transmettent aux tribunaux administratifs. C'est ce que le mien, comme beaucoup d'autres, j'imagine, a dû faire. Et on attendra la réponse du juge. C'est lui qui dira si l'arrêté est illégal. Ce n'est certainement pas au préfet de le dire, c'est un abus de pouvoir total que le préfet décide de lui-même que l'arrêté est illégal. 

En tout cas l'Etat, face à tout cela, doit ouvrir les yeux. Est-ce qu'il peut continuer à contraindre les petits commerces à mourir en restant fermés ? Ou est-ce qu'il peut les autoriser à rouvrir, ce qui permettra de surcroît d'étaler la clientèle, de la dégrouper et donc de lutter plus efficacement contre le virus ? C'est ça, la vraie question.

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