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Confinement : pourquoi les visites en Ehpad vont être autorisées ?

Contrairement au printemps, les visites seront autorisées en maison de retraite et Ehpad lors du nouveau confinement, avec un protocole sanitaire strict.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Une retraitée et un soignant dans un Ehpad de Clapiers (Hérault), le 28 mai 2020. (GUILLAUME BONNEFONT /IP3 PRESS / MAXPPP)

Confinement, acte 2. Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement, mercredi 28 octobre, avec quelques changements par rapport au précédent. Les visites en maison de retraite et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) seront notamment autorisées "pour éviter que ne se nouent des drames humains que nous avons vécus au printemps" et "que des personnes seules, en fin de vie, se retrouvent totalement isolées". Les familles pourront donc rendre visite à leur proche "dans le strict respect des règles sanitaires". 

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En mars, quelques jours avant le confinement général, les visites en Ehpad avaient été totalement interdites pendant un mois, pour freiner l'épidémie, mais ces précautions n'avaient pas empêché le Covid-19 d'y faire de nombreuses victimes. Lors de la sortie du confinement, la moitié des morts comptabilisés par Santé publique France concernaient des personnes en maison de retraite : 13 000 sur un total de près de 26 000, indique Le Monde. A ce jour, les personnes âgées restent les plus touchées par le virus. Selon le bulletin de Santé publique France, du 22 octobre, il y 6 fois plus de cas et 5 fois plus d’hospitalisations et d’admissions en réanimation chez les personnes de plus de 65 ans en comparaison à début septembre. Pourquoi, dans ce cas, continuer à autoriser les visites ?

Pas de "discriminations"

Dans son allocution d'hier, le chef de l'Etat a longuement détaillé les différentes options qui se présentaient pour endiguer la propagation du virus, en dehors d'un reconfinement généralisé. Parmi elles : le confinement seul des personnes à risque, finalement écarté. "D'abord, elle suppose une discussion éthique (...) nos aînés comme les personnes vulnérables, ont souvent besoin d’une assistance extérieure pour leurs soins, leur ménage, la livraison de leurs repas – certains vivent aussi avec leurs proches, leurs enfants, souvent par manque de moyens", a-t-il justifié.

Créer une forme de bulle autour d’une génération, de certaines personnes, comme une barrière entre les générations, n’est pas réaliste et à ce stade insuffisant.

Emmanuel Macron

lors de son allocution le 28 octobre

Une stratégie différente du printemps, lors duquel la prolongation de l'isolement des personnes âgées avait été choisie dans un premier temps par l'exécutif pour la sortie du confinement. "Pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester même après le 11 mai confinées, tout au moins dans un premier temps", avait demandé Emmanuel Macron le 13 avril. Un isolement également recommandé par le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Selon lui, 18 millions de personnes, dont celles "d'un certain âge au-dessus de 65 ou de 70 ans", devaient rester confinées.

Cette différenciation a immédiatement provoqué des oppositions. Dans un communiqué, l'Académie nationale de médecine a mis en garde contre le risque de faire des personnes âgées "des citoyens de second rang". "La tentation simplificatrice consistant à gérer cet épisode par tranches d’âge et à imposer aux personnes âgées, au nom de leur propre protection, de rester confinées n’est pas satisfaisante", a averti l'instance. Le médecin Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France a dénoncé également sur franceinfo, "une perspective totalement désespérante pour les personnes âgées." Comme le racontait si bien la résidente d'un Ehpad, Jeanne, au micro de la journaliste Maryse Burgot.

Le 17 avril, l'exécutif fait finalement marche arrière. "Le président ne souhaite pas de discriminations (...) ce qui doit prévaloir, ce sont les libertés publiques", explique alors l'Elysée à France Télévisions, évoquant une position "socialement intenable".

Eviter d'"isoler" les "aînés" une nouvelle fois

En septembre, alors que les contaminations augmentent chez les personnes âgées et que plusieurs clusters sont détectés en maison de retraite, Emmanuel Macron se rend dans un Ehpad de Bracieux (Loir-et-Cher). Une infirmière lui fait part du sentiment provoqué par l'épidémie chez les résidents. Ils "ne sont pas en Ehpad parce qu'ils sont malades ! Ils sont vivants. Quand on fête son anniversaire, quand on va à la crêperie, quand on voyage, on est vivant, (...) mais le Covid a tout arrêté, les gens étaient enfermés", décrit-elle. Le chef de l'Etat assure une nouvelle fois que malgré le contexte sanitaire, il ne compte pas "isoler à nouveaux nos aînés", annonçant une "loi ambitieuse" sur "le grand âge et l'autonomie" pour 2021. 

Nous allons accompagner les responsables d'établissements pour que des règles soient édictées qui permettent justement une réaction proportionnée.

Emmanuel Macron

lors de la visite d'un Ehpad dans le Loir-et-Cher

La décision d'autoriser les visites en Ehpad pour le reconfinement semble donc être davantage morale que sanitaire. Car selon Santé publique France, les contaminations explosent parmi les personnes âgées. Le 25 octobre, 548 clusters étaient en cours d'investigation dans les Ehpad, cite Libération. Dans son bulletin du 22 octobre, l'instance relève que les augmentations les plus fortes sont observées chez les personnes âgées de plus de 65 ans (+58% chez les 65-74 ans, +67% chez 75 ans et plus). Parmi les 11 012 décès comptabilisés dans les établissements d’accueil du 1er mars au 18 octobre, 10 919 étaient survenus dans les maisons de retraite.

Face à cette situation, la ministre déléguée chargée de l'Autonomie Brigitte Bourguignon a annoncé mardi que tous les Ehpad du territoire vont recevoir "d'ici la semaine prochaine" des tests antigéniques afin de réduire les délais de dépistage du coronavirus. Le gouvernement doit préciser ces mesures ce jeudi soir.

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