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Covid-19 : ce qu'il faut retenir du dernier avis du Conseil scientifique pour ne pas rater le deuxième déconfinement

Dans son dernier avis rendu public le 30 octobre, l'instance anticipe d'autres vagues épidémiques. Elle recommande notamment une stratégie de "suppression" du virus.

Article rédigé par franceinfo - David Pauget
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Le président du Conseil scientifique Jean-Francois Delfraissy au Sénat à Paris le 15 septembre 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

Alors que la France vit de nouveau au rythme du confinement depuis vendredi 30 octobre pour lutter contre le Covid-19, nombreux sont ceux à vouloir connaître l'après. Le confinement sera-t-il prolongé ? Les fêtes de fin d'année pourront-elles se tenir ? Ou, avec une pointe d'espoir : un retour à la normale est-il possible en 2021 ? 

"Il y a […] devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile", prévoit le Conseil scientifique dans un avis rendu public vendredi 30 octobre – celui sur lequel s'est appuyé Emmanuel Macron pour opter pour le reconfinement. Voici ce que propose l'instance pour contenir l'épidémie à partir du déconfinement.

Anticiper de nouvelles vagues

Même en cas de succès des mesures de restriction, la deuxième vague risque de ne pas être la dernière. "On peut avoir plusieurs vagues successives durant la fin de l'hiver/printemps 2021, en fonction de différents éléments : état climatique, niveau et efficacité opérationnelle de la stratégie 'tester, tracer, isoler'", souligne le Conseil scientifique. 

Par conséquent, les autorités doivent se préparer à gérer des "vagues successives de recrudescence" jusqu'à l'arrivée d'un éventuel vaccin ou de traitement, attendus pour le deuxième trimestre 2021. Concernant la période actuelle, le Conseil scientifique émet l'hypothèse d'une sortie de seconde vague en fin d'année ou début d'année 2021.

Aller vers une "suppression" du virus

"Passer de 40 000 contaminations par jour à 5 000" d'ici au 1er décembre : c'est l'objectif fixé par Emmanuel Macron quand il a annoncé le 28 octobre le reconfinement. Même si plusieurs spécialistes restent sceptiques, estimant que cela prendrait plus que quatre semaines, ce seuil des 5 000 cas est également évoqué par le Conseil scientifique. Il est au cœur de la politique de "suppression de la circulation virale" qu'il prône.

Pour le Conseil, cet indicateur n'est pas seulement l'objectif à atteindre grâce au confinement, mais un seuil à ne plus dépasser dès la fin de la seconde vague. Cette politique, qui vise donc à maintenir constamment le virus sous un taux de 5 000 contaminations par jour, est suivie par "plusieurs pays d’Asie, le Danemark, la Finlande et l’Allemagne". Cette option "implique des mesures fortes et précoces à chaque reprise épidémique", souligne l'instance, qui estime cependant qu'elle est "la meilleure garante du maintien de l'activité économique".

Une stratégie de type "on/off"

C'est l'autre stratégie proposée par le Conseil scientifique pour la gestion des futures vagues épidémiques. Concrètement, cela signifierait alterner les périodes de restrictions (couvre-feu, confinement, etc.) et les périodes de levée des restrictions.

Les Français vont-ils donc bientôt devoir réapprendre à vivre avec le couvre-feu, qui avait été instauré à la mi-octobre ? Même s'il est encore trop tôt pour en mesurer les effets, cette restriction est déjà proposée par le Conseil dès le début du déconfinement. "Cette période de confinement pourrait être envisagée pour une courte durée, de quelques semaines (environ quatre semaines), et être suivie, selon les effets obtenus, par une période de couvre-feu sanitaire", estime le Conseil scientifique.

Outre les effets sur le plan sanitaire, l'instance explique que cette mesure "préserverait davantage qu’un confinement de certaines activités économiques et sociales". La piste d'un couvre-feu jusqu'au début du mois de janvier 2021 avait d'ailleurs déjà été formulée par le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, le 29 octobre sur France Inter. Cette mesure pourrait donc s'intégrer dans la stratégie de type "on/off", avant une levée des restrictions. Puis un nouveau tour de vis. "Est-ce possible sur le long terme ? Les Français accepteront-ils une telle stratégie, est-ce viable économiquement ?", s'interroge cependant le Conseil scientifique.

Associer les citoyens aux nouvelles stratégies

Selon l'instance, il s'agit là d'une condition sine qua non en vue du succès des futures stratégies choisies par les autorités. "Il est essentiel que l’on commence à penser à d’autres modalités de vivre avec le Covid sur le long terme et que les choix puissent s’appuyer sur une vision issue de la société civile et non pas seulement sur les orientations données par les experts pour éclairer les décisions des autorités."

Le Conseil scientifique réitère ainsi sa demande de créer un "Comité de liaison citoyen", dont les modalités resteraient à définir. "Il n’est pas trop tard pour le mettre en place."

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