Covid-19 : confiner les non-vaccinés n'est "pas justifié" en France, la couverture vaccinale est "suffisante", selon le Syndicat des médecins réanimateurs
Selon le professeur Djillali Annane, la France n'a pas à prendre la même mesure que l'Autriche qui confine, dès lundi 15 novembre, toutes les personnes non vaccinées.
Le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'Hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) et président du Syndicat des médecins réanimateurs (SMR), invité sur franceinfo lundi 15 novembre, estime que la question d’un confinement des personnes non vaccinées en France "ne se pose pas compte tenu de la couverture vaccinale qui est suffisante pour nous protéger". Alors que l’Autriche confine dès lundi 15 novembre les personnes non vaccinées, en France la majorité "ne souhaite pas" un reconfinement de ses habitants non-vaccinés contre le Covid-19 alors que "toutes les hypothèses sont sur la table", selon Christophe Castaner, à la tête des députés LREM.
franceinfo : L'Autriche confine ses habitants non-vaccinés. Est-ce que l’on a trop fait passer le message que la vaccination allait nous libérer de tout ?
Djillali Annane : Même si la vaccination n’est pas la seule solution, c’est la principale. Le problème de l’Europe aujourd’hui, c’est que la couverture vaccinale moyenne n’est pas suffisante pour empêcher le virus de circuler à très haut niveau. La France se démarque des autres pays européens. Nous avons une couverture vaccinale beaucoup plus élevée, et on a opéré ce rattrapage au début de l’été alors que l’on s’apprêtait à avoir une quatrième vague très importante. Il y a eu un fort rattrapage de la vaccination en France qui a permis d’atténuer cette vague. On a la démonstration de l’efficacité lorsque la couverture vaccinale est au moins de 80 à 85% de la population. Seul, le vaccin ne suffit pas. Il n’empêche pas les gestes barrières. Pour ce qui est de l’aération en intérieur, pour l’instant, on est loin du compte, mais on s’y attendait. On ne s’imaginait pas qu’il puisse y avoir très rapidement des travaux très conséquents dans les lieux publics et notamment dans les collèges, les lycées, les écoles et les universités pour faire en sorte que ces aérations soient automatisées. C’est très compliqué en pratique, notamment plus il fait froid dehors et plus il pleut, plus il est compliqué dans une classe d’élèves de faire de l’aération par l’ouverture des fenêtres, on le comprend. Il faudra à l’avenir, concevoir des lieux, notamment pour l’enseignement scolaire et supérieur, qui permettent de prévoir cela. Mais aujourd’hui, malheureusement, on ne peut pas compter sur de tels dispositifs.
Comme en Autriche, un confinement d’une partie de la population est une question qui se pose ou pas ?
En France, la question ne se pose pas de mon point de vue compte tenu de la couverture vaccinale qui est suffisante pour nous protéger contrairement à la situation en Autriche. Si de façon intellectuelle et théorique, il est séduisant de se dire que puisque les non-vaccinés ont une plus grande proportion à faire circuler le virus et à faire des formes sévères, si on les confine, on va empêcher la circulation du virus et la tension sur les hôpitaux, je crains que cela ne soit que théorique. En tout cas, en France aujourd’hui, cela n’est pas justifié.
Personne ne croit à une vague aussi importante qu’en mars 2020, mais l’état de l’hôpital est tel que même une vague modérée peut être infiniment dangereuse ?
Oui. Il faut rappeler qu’actuellement, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique, le taux de contamination dépasse celui de novembre 2020. On n’est pas à l’abri d’une vague équivalente à ce que l’on a connue il y a un an. Pour ce qui est de l’hôpital, on a environ 15 % de lits qui sont fermés par manque de personnel, des personnels qui sont extrêmement épuisés. D’autant plus, qu’il y a ce risque d’une nouvelle vague de la Covid-19, mais il y a d’ores et déjà des bronchiolites, des gastroentérites, et prochainement la grippe qui va être sévère en France.
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