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Covid-19 : les nouvelles mesures de restrictions sont "un bon compromis" pour Patrick Pelloux, président de l'Amuf

Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, estime que les nouvelles mesures de restrictions peuvent nous "apprendre à moyen-long terme à vivre avec cette épidémie".

Article rédigé par franceinfo
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Patrick Pelloux, à l'Elysée, le 18 septembre 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les mesures de restrictions annoncées le 18 mars par le Premier ministre Jean Castex sont "un bon compromis pour nous apprendre à moyen-long terme à vivre avec cette épidémie" de Covid-19, affirme Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) sur franceinfo dimanche 21 mars. L'urgentiste a tout de même fustigé la stratégie vaccinale du gouvernement et milite pour "une vaccination de masse et immédiate".

franceinfo : Avez-vous été surpris par les mesures de restriction annoncées par le gouvernement ?

Ce sont des mesures qui me conviennent parce que, de fait, on en a tous un peu ras-le-bol de toutes ces restrictions et de cette étreinte permanente à cause de l'épidémie, mais je trouve qu'il y a eu un bon compromis avec l'intelligence d'un peuple qui a quand même bien appliqué le port du masque, le gel hydroalcoolique, la distanciation physique, même les relations dans le monde privé. C'est un bon compromis pour nous apprendre à moyen-long terme à vivre avec cette épidémie.

Des milliers de personnes étaient rassemblées ce dimanche à Marseille pour un carnaval et sans masque pour beaucoup...

C'est tout à fait contestable, j'ai vu les images, personne ne porte le masque. Mais, il faut profiter de voir si ce carnaval qui a eu lieu à Marseille va avoir les mêmes conséquences que ce qui s'est passé à Nice et à Dunkerque où ces regroupements ont relancé l'épidémie. Ça, c'est intéressant d'un point de vue épidémiologique. Mais espérons que la population comprenne le fait qu'il ne faut pas se regrouper, sinon ils seront obligés d'aller plus loin dans le confinement. D'autant plus que la vaccination n'avance pas. Et je vais à nouveau pousser un coup de gueule. Les livraisons n'arrivent pas, donc là, il faut se tourner vers la diplomatie pour qu'il y ait vraiment des coups de poing sur la table avec des pays qui ne veulent pas nous livrer les vaccins.

Vous contestez la stratégie vaccinale du gouvernement ?

Je conteste avec force cette stratégie vaccinale qui empêche finalement des gens qui ont envie de se faire vacciner, même s'ils ont moins de 50 ans. Je pense qu'il faut vacciner H24 et tout le monde et ça s'appelle de la vaccination de masse. Ce que des organisations non gouvernementales savent parfaitement faire. A ce moment-mà, on demande à MSF de faire vacciner la France puisque nous avons un comité vaccinal qui se tire la bourre avec la Haute Autorité de santé, Santé publique France, la Direction générale de la santé, le comité scientifique, la Direction des hôpitaux, les agences régionales de santé et bien tapons du poing sur la table et mettons un seul pilote dans l'avion de la vaccination. Notre seule voie de sortie, c'est la vaccination de masse et immédiate.

Et comment vous expliquez le retard français dans la recherche ? Sanofi proposera sans doute un vaccin, mais à la fin de l'année...

C'est aux politiques de trouver des solutions. Il faut retrouver la souveraineté du pays sur l'industrie pharmaceutique et surtout redévelopper la recherche. Parce qu'en effet, la première industrie mondiale c'est l'industrie pharmaceutique, le plus gros lobbying au Parlement européen. Là, on paye les pots cassés. Tout ce qu'il fallait faire pour anticiper une crise, les masques, notre indépendance sur le matériel médical, notre indépendance sur les blouses, notre indépendance sur les vaccins et les médicaments de première nécessité, on a tout perdu au cours des 30 dernières années. Là, la seule chance qu'on a de s'en sortir, c'est le vaccin.

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