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Covid-19 : pourquoi le gouvernement a choisi de ne pas (encore) mettre en place un nouveau confinement

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le centre commercial Beaugrenelle, à Paris, le 30 janvier 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Selon Bercy, une telle mesure pourrait entraîner une perte mensuelle d'activité allant de 10 à 18% par rapport au niveau d'avant la crise. Et plusieurs ministres ont par ailleurs plaidé pour ne pas imposer de restrictions trop fortes sur la vie de Français.

"La question d'un confinement se pose légitimement (...) mais nous en connaissons l'impact très lourd pour les Français." Afin de faire face à une hausse de la diffusion du Covid-19 en France, Jean Castex a annoncé, vendredi 29 janvier, de nouvelles restrictions sanitaires, à commencer par la fermeture des frontières aux pays extérieurs à l'Union européenne. Mais à la surprise générale, le Premier ministre a renvoyé toute nouvelle décision liée à l'instauration d'un troisième confinement aux "prochains jours", jugés "déterminants".

Intégralité de la prise de parole de Jean Castex
Intégralité de la prise de parole de Jean Castex Intégralité de la prise de parole de Jean Castex

Ces derniers jours, ministres et épidémiologistes présentaient pourtant cette mesure comme inéluctable afin d'endiguer un regain de l'épidémie porté par la diffusion des variants du virus. Pourquoi l'exécutif a-t-il finalement choisi de ne pas choisir ? Explications en trois points.

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La mesure ne faisait pas consensus au sein de la majorité

Invité de France Inter mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, martelait que l'instauration d'un "confinement très serré" était à l'étude pour éviter qu'une troisième vague de contaminations ne submerge les hôpitaux. Le lendemain, Olivier Véran assurait lors d'une conférence de presse que "l'efficacité du couvre-feu à 18 heures [s'estompait]", ce que de nombreux observateurs ont interprété comme une manière de préparer les esprits à un troisième confinement.

"On sent que le confinement est à la porte" et "à l'expression de Jean Castex, on sentait que ce serait peut-être un mixte entre les deux premiers confinements", avançait même jeudi soir Patrick Kanner, chef de file des sénateurs PS, à l'issue de discussions entre le gouvernement et les représentants des groupes politiques du Parlement.

Mais en coulisses, cette mesure ne faisait pas l'unanimité au sein du gouvernement. Le Parisien rapporte en effet qu'une "passe d'armes" a opposé mercredi matin en conseil de défense sanitaire "les tenants de la ligne ferme, favorables à un confinement strict comme celui qu'on a connu au printemps, et ceux d'une ligne plus souple". D'après le quotidien, Jean-Michel Blanquer, Roselyne Bachelot ou encore la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ont notamment plaidé pour ne pas imposer de restrictions trop fortes sur la vie de Français. Cette dernière aurait notamment fait valoir qu'après avoir partiellement rouvert les universités cette semaine, une nouvelle fermeture serait "terrible pour les étudiants", dont le moral est déjà durement éprouvé par la crise.

Les risques économiques et psychologiques d'une telle décision inquiètent

Instaurer un troisième confinement sur le territoire national aurait porté un sérieux coup à l'économie. Selon Bercy, une telle mesure pourrait entraîner une perte mensuelle d'activité allant de 10 à 18% par rapport au niveau d'avant la crise. En novembre, l'activité avait ainsi plongé de 12% par rapport à son niveau de fin 2019 et en avril, de plus de 30%. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a aussi reconnu mercredi qu'en cas de nouvelles mesures de restrictions, "bien entendu, nous aurons une croissance qui ne pourrait pas atteindre les 6% en 2021", comme le prévoit pour l'instant le gouvernement.

Un tel tour de vis aurait, en outre, pu braquer des Français, que les études d'opinion dépeignent comme étant de plus en plus réticents aux restrictions de libertés. D'après un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour franceinfo et Le Figaro publié jeudi, 57% des sondés se disent ainsi opposés à l’interdiction de recevoir des amis chez soi et 64% à la fermeture des commerces jugés non essentiels. 60% ne veulent pas entendre parler de fermeture des écoles, collèges et lycées. Et ils sont 54% à s'opposer à la prolongation de la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels.

Certains exemples venus de l'étranger peuvent à ce titre inquiéter l'exécutif. L'instauration d'un couvre-feu contre le Covid-19 a provoqué des émeutes aux Pays-Bas, tandis que les restrictions sanitaires ont provoqué de violents heurts au Liban. "Le président et le Premier ministre doivent prendre en compte l’ensemble des paramètres, notamment psychologiques, d'une population courageuse et éreintée depuis bientôt un an", indique ainsi au Monde Olivia Grégoire, secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire.

La courbe des contaminations augmente, mais elle ne s'emballe pas encore

Sur le front de la propagation de l'épidémie, Jean Castex a rappelé, vendredi, que si la situation est "préoccupante", elle "reste mieux maîtrisée en France que chez beaucoup de nos voisins""Actuellement, l'hôpital se remplit petit à petit, mais ce n'est pas une augmentation exponentielle", a commenté samedi sur BFMTV Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui juge "équilibrée" la stratégie de l'exécutif.

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La pression sur le système de santé reste toutefois élevée, avec 27 270 malades du Covid-19 hospitalisés, pas loin des pics de la première et de la deuxième vagues (32 000 et 33 000). Parmi eux, 3 120 patients se trouvaient en réanimation vendredi, en dessous des pics des précédentes vagues (4 900 à l'automne, 7 000 au printemps). Et le rythme des décès ne décroît pas, avec 356 décès à l'hôpital vendredi, portant à 75 620 le bilan total de morts en France depuis le début de l'épidémie.

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