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Covid-19 : quels sont les arguments qui plaident en faveur d'un troisième confinement ?

Face au nombre important d'hospitalisations et à l'absence de diminution significative du nombre de contaminations, Olivier Véran n'exclut pas de nouvelles mesures restrictives.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de la Santé, Olivier Véran, répond à la presse lors de la visite d'un des sites de stockage du vaccin contre le Covid-19, à Chanteloup-en-Brie (Seine-et-Marne), le 22 décembre 2020. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

L'année 2020 n'est pas terminée que la perspective d'un troisième confinement pointe déjà son nez. Les indicateurs épidémiologiques du Covid-19 ne sont pas bons, alertent les autorités sanitaires. "Le virus circule encore trop, 15 000 contaminations détectées par jour en moyenne, alors qu'on était descendus à 11 000", relève Olivier Véran dans Le JDD, dimanche 27 décembre. Ces chiffres doivent être analysés avec précaution compte tenu des circonstances particulières de cette fin d'année, mais ils sont préoccupants. L'objectif des 5 000 contaminations journalières voulu par le chef de l'État dès fin octobre ne cesse de s'éloigner, au grand dam de l'exécutif. Un nouveau Conseil de défense sanitaire va se tenir mardi 29 décembre en visioconférence.

Olivier Véran a fait savoir que le gouvernement n'écartait pas l'éventualité de recourir à un nouveau confinement. "Nous n'excluons jamais des mesures qui pourraient être nécessaires pour protéger des populations. Ça ne veut pas dire qu'on a décidé, mais qu'on observe la situation heure par heure", a-t-il précisé dimanche. En Europe, plusieurs gouvernements ont déjà durci les mesures : l'Italie a interdit les déplacements entre régions, l'Irlande a rehaussé son niveau de restrictions, tout comme le Royaume-Uni dans plusieurs régions en raison de la circulation d'un nouveau variant du Sars-CoV-2. Au Proche-Orient, Israël a débuté dimanche son troisième confinement pour au moins deux semaines.

Prévenir l'impact des fêtes

Les autorités redoutent un "effet Thanksgiving", c'est-à-dire la survenue d'un nouveau rebond épidémique dans les semaines qui suivent les fêtes de fin d'année. Cette "troisième vague" pourrait être plus importante qu'envisagé en raison de la circulation actuelle importante du virus. Les Français se sont fait davantage tester avant Noël, ce qui a pu faire faussement grimper le nombre de nouveaux cas identifiés. Mais les autres indicateurs, plus stables, ne sont pas plus réjouissants : le nombre de patients hospitalisés stagne par exemple à plus de 20 000. "La situation n'est vraiment pas bonne. Le nombre de morts, le nombre d'hospitalisations ou d'arrivées en réanimation est parfaitement constant depuis des semaines. En plus, avec les vacances et les déplacements, le risque va plutôt augmenter que baisser", a analysé dimanche l'épidémiologiste Catherine Hill sur franceinfo.

Pour endiguer la hausse prévisible des contaminations début janvier, deux spécialistes de santé publique ont plaidé pour l'instauration d'un reconfinement éclair, du 31 décembre au 2 janvier, dans une tribune parue dans Le JDD. Ce confinement de trois jours permettrait de limiter les rassemblements festifs liés à la Saint-Sylvestre, et donc de limiter l'effet des fêtes sur les courbes.

Préserver les hôpitaux

Un rebond plus important des contaminations est déjà observé, notamment dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté, les régions les plus touchées par la reprise épidémique, selon le point épidémiologique du 24 décembre de Santé publique France. Et les élus locaux grondent. Au début des vacances scolaires, plusieurs élus du Grand Est avaient déjà appelé le gouvernement à imposer un nouveau confinement après le réveillon de Noël, rappelle Le Parisien.

"La circulation du virus s'est accélérée fortement depuis quinze jours, trois semaines" à Nancy, a expliqué Mathieu Klein, maire du chef-lieu de Meurthe-et-Moselle, sur franceinfo, lundi. "A l'hôpital, la situation est très tendue, alors même que nous ne sommes pas encore en train de mesurer les effets exacts de ce qu'a été Noël et pas encore, évidemment, le réveillon de la fin de l'année", prévient l'élu, qui plaide pour un raffermissement des mesures sanitaires.

"Je pense que la perspective du reconfinement est aujourd'hui inéluctable."

Mathieu Klein, maire de Nancy

à franceinfo

Avant lui, Arnaud Robinet, maire de Reims, avait suggéré la mise en place d'un reconfinement local après Noël. Le président de la région Grand Est, Jean Rottner, a quant à lui souhaité, sur Europe 1, un "reconfinement court".

Les services hospitaliers de la région sont sous tension depuis le début du mois. Le "plan blanc" a déjà été réactivé dans les établissements de la métropole de Nancy et 1 340 nouveaux patients atteints d'une forme grave de la maladie ont été hospitalisés dernièrement, dont 155 en réanimation (+57% par rapport à la semaine précédente), a alerté l'Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est le 24 décembre. "L'activité Covid-19 des établissements de santé est désormais similaire à celle enregistrée la semaine juste avant le début du deuxième confinement", prévient l'agence.

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