"Oui, il faut reconfiner" : à l'hôpital de Vesoul, les soignants sous tension estiment que le couvre-feu ne suffit pas contre le Covid-19
Au centre hospitalier de Vesoul, les médecins estiment qu'un reconfinement est nécessaire "sur le plan sanitaire". Le couvre-feu à 18 heures en vigueur en Haute-Saône ne semble pas suffisant pour faire diminuer le nombre de malades.
Au centre hospitalier de Vesoul, depuis plus de neuf mois d'épidémie de coronavirus, le service pneumologie est transformé en unité Covid. Sur les 20 lits réservés à ces patients, 15 sont actuellement occupés. "Même avec quatre à cinq lits de disponibles, s'il y a plus de cinq patients qui arrivent par jour, on peut rapidement être dépassé par les événements", indique le docteur Pierre Kuntz, le chef de ce service.
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La tension est toujours palpable dans cet hôpital de Haute-Saône, comme dans ceux des 25 départements où le couvre-feu à 18 heures est imposé. "Pour l’équipe, c’est long, décrit Delphine Collardey, cadre de santé. Au niveau des effectifs, il manque beaucoup de personnes sur l’hôpital, des infirmiers et des aides-soignants. On a du mal à avoir des renforts pour nous aider. C’est une charge mentale qui est dure et une charge physique, aussi, qui est lourde."
"On sent cette pression constante"
Ce sentiment de fragilité est également palpable au service de réanimation, dirigée par le docteur Bérangère Vivet : "On sent cette pression constante. On attend le prochain pic, avec un peu d'appréhension, d’autant plus que l’on est quand même fatigués." Dans ce service, il y a une dizaine de patients Covid en ce moment sur les 18 lits disponibles. Et à cela s’ajoutent désormais les autres patients. "C’est un deuxième défi dans le défi, explique Bérangère Vivet. Toutes les activités qui ont été déprogrammées ou reportées sont aussi nécessaires, pour éviter la perte de chance pour les malades qui ne souffrent pas du Covid, mais d’autres choses. On doit donc mener de front ces deux défis avec des moyens contraints et des capacités contraintes."
Les équipes du centre hospitalier de Vesoul vivent sous une tension permanente depuis plusieurs mois. Alors, faut-il reconfiner ? "On n’a pas ou plus l’impression que le couvre-feu permette de faire baisser le niveau de patients atteints, juste de le maintenir", répond Pierre Kuntz, chef du service de l’unité Covid. "Sur le plan sanitaire", oui, il est pour un reconfinement. Même tonalité du côté de Delphine Collardey. "Si on devait s’exprimer uniquement sur le plan sanitaire, la réponse serait extrêmement facile : il faut reconfiner. Et si je peux aller plus loin, il faut se vacciner, dorénavant."
Une nouvelle mission qui ajoute encore un peu plus de stress dans cet hôpital qui a désormais le sentiment qu’après le sprint de la première vague, la lutte contre cette épidémie s'est transformée en course de fond.
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