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Reconfinement : "Ce sont encore les commerçants de proximité qui trinquent" dénonce Laurent Munero de l’Union des Entreprises de Proximité

"Y a-t-il beaucoup plus de risques à fermer la boutique du coin de la rue que la grande surface qui est à côté ?" demande le président de l’Union des Entreprises de Proximité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un message annonçant la fermeture en raison du confinement est affiché sur la vitrine d'un commerce, à Paris, le 17 mars 2020. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

"Moi j'aimerais bien qu'on nous dise pourquoi - puisque c'est dans la sphère privée qu'on attrape le virus - ce sont encore les commerçants de proximité qui trinquent ?", questionne mercredi 28 octobre sur franceinfo Laurent Munerot, président de l’Union des Entreprises de Proximité (U2P), après les annonces d'Emmanuel Macron de renconfiner le pays jusqu'au 1er décembre. Emmanuel Macron promet des aides pour tous les commerçants et les chefs d'entreprises en France.

Est-ce que vous pensez que ces aides vont vous permettre de tenir ce confinement ?

Laurent Munerot. Je ne suis pas sûr. Les entreprises n'attendaient pas des aides, elles attendaient de rester en activité. Quand on nous parle des concertations qu'il y a eu avant cette décision, on s'aperçoit que c'est la même chose que ce qu'on a connu auparavant. On verra les adaptations. On verra de quelle nature sont les aides. On nous annonce 10 000 euros de fonds de solidarité c'est mieux que les 1 500 qu'on a connus au premier confinement mais il y a des charges qui se sont accumulées aujourd'hui. Des entreprises ont pris des PGE (des prêts garantis par l'Etat) qu'il va falloir rembourser. Ce sont des problématiques qui vont encore devoir se poser pour une partie des activités qui n'attendaient pas d'être fermées.

Est-ce que vous savez qui va pouvoir rester ouvert et qui va fermer ?

On nous a dit que c'était la liste des activités non essentielles établie au mois de mars. On la connaît cette liste. On avait travaillé dessus. On a fait des protocoles contre cette crise sanitaire. On a mis des choses en place. Je pense que les coiffeurs comme les fleuristes, les libraires etc. ont joué le jeu. Tout le monde a essayé de faire en sorte de pouvoir continuer. Aujourd'hui, on voit que ça n'a pas suffi. Moi j'aimerais bien qu'on nous dise pourquoi - puisque c'est dans la sphère privée qu'on attrape le virus - ce sont encore les commerçants de proximité qui trinquent ? Nous avons demandé à ce que les activités de fournitures - BTP - soient ouvertes aussi, on a été entendu, parce que ça ne sert à rien de laisser les entreprises ouvertes si on ferme leurs fournisseurs.

Concernant le plan spécial pour les indépendants et les commerçants, vous attendez d'en savoir plus ?

J'attends de savoir ce que ça donne mais personne ne se satisfera d'être fermé. J'aimerais que dans ce plan on parle de l'équité qui va y avoir. Aujourd'hui, un fleuriste fermé pour la Toussaint - puisque ça va être le cas - ça va favoriser les grandes surfaces qui une fois de plus vont pouvoir vendre les mêmes choses que ceux qui ont une fermeture administrative et ça, ça ne serait pas normal. J'ai prévenu le gouvernement que cette fois ce manque d'équité ce sera pas supporté par les commerçants de proximité.

Y a-t-il un message que vous auriez aimé entendre ?

Y a-t-il beaucoup plus de risques à fermer la boutique du coin de la rue que la grande surface qui est à côté ? Y a-t-il plus de risques à faire circuler des gens pour livrer des paquets ? Je n'en suis pas sûr. Ce sont toujours les mêmes qui vont pâtir de ces décisions. On a repoussé des charges sociales, on a des loyers en retard et on n'a toujours pas réglé ce problème. On nous parle de crédits d'impôts pour les bailleurs qui devraient être mis en place. Il faut absolument qu'on règle ces choses-là parce qu'il y en a encore pour cinq semaines de plus, si c'est seulement cinq semaines, avant qu'il y ait une troisième vague.

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