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Sans concerts ni disquaires, les labels indépendants se battent pour survivre

Il existe en France de très nombreux labels et maisons de disques indépendants. Mais en raison de la crise sanitaire, sans visibilité, la plupart vivent une situation extrêmement critique.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un homme cherche un disque vinyl chez un disquaire à Paris, en février 2020 (illustration). (MARTIN BUREAU / AFP)

C'est l'une des spécificités françaises en matière de musique : l'existence de centaines de labels et maisons de disques indépendants, qui vivent et sortent des disques à côté des grandes "majors". Mais ces structures, fragiles, souffrent énormément de la crise sanitaire du Covid-19, à cause notamment de la fermeture des disquaires et l'interdiction des concerts. Les artistes sont les premiers à en pâtir.

Stéphanie Fichard a par exemple fondé le label CryBaby. En ce moment, elle croit beaucoup en un artiste, Franky Gogo. Cependant, quand on est une jeune découverte en 2020, "il n'y a plus aucune place", explique la professionnelle. "Le développement et la découverte, ça se fait vraiment en concert avant tout."

"Les artistes avec lesquels on travaille gagnent leur visibilité sur la route, par les concerts, là où d'autres maisons de disque ont d'autres leviers de visibilité, notamment les radios et les télés nationales."

Matthieu Dassieu, fondateur du label Baco Records

à franceinfo

Le label, c'est le premier niveau, la première confiance et les premières oreilles. L'indépendance a un prix, surtout quand 50 à 80% des revenus proviennent des ventes physiques d'albums. À Bordeaux, Matthieu Dassieu a fondé le label Baco Records. Membre historique du groupe de reggae Danakil, il vient d'être nommé président de la Félin, la Fédération des labels indépendants. Il vit cette année sur la corde raide : "On a sorti des albums pendant le premier confinement et juste après. Avec le recul, je me rends compte que ce n'était peut-être pas ce qu'il y avait de mieux à faire."

"On n'a pas envie d'arrêter notre activité du jour au lendemain, on est engagé avec des artistes qui enregistrent, qui travaillent."

Matthieu Dassieu, fondateur du label Baco Records

à franceinfo

Le professionnel tente de maintenir une activité : "On se doit de sortir de la musique pour eux aussi. On se le prend encore une fois en pleine tête, parce que c'est au moment où ça repart qu'on est refauché immédiatement. Mais le truc qui est sûr, c'est qu'on ne pourra pas attendre 2022 pour repartir sur la route, on a besoin que nos groupes retournent en salles."

Le sentiment d'être abandonné

Chez lui comme chez Stéphanie Fichard, il y a beaucoup d'amertume: "Notre métier de label, c'est avant tout de vendre des disques. Et comme on n'est 'pas essentiel', enfin en tous cas moins que les sapins, il y a toute une partie de notre économie qui s'effondre." La fondatrice du label CryBaby se pose des questions très concrètes : "Comment tu tiens, comment tu paies ton loyer, comment tu paies tes salaires ?"

"Aujourd'hui, le ministère de la Culture, avec les actions qui sont en train d'être mises en place, montrent une vraie méconnaissance de nos métiers."

Stéphanie Fichard, fondatrice du label CryBaby

à franceinfo

Stéphanie Fichard a également le sentiment d'être laissée de côté : "Cette sensation d'être quand même très isolés, très seuls et avec un avenir très incertain, donc c'est compliqué. La fragilisation de ces labels, c'est vraiment une entaille dans la diversité de ce qu'on peut écouter aujourd'hui."

CryBaby, Baco, No Format, InFiné, Microqlima, Panenka, At Home... Vous ne les connaissez pas, mais ils font de la France un pays de diversité musicale. Sans revenus, sans visibilité, les labels indépendants se battent actuellement pour survivre, tout simplement.

Les labels indépendants souffrent de la crise liée au Covid-19

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