Contestations sociales en Europe : "Très souvent les mesures anti-Covid sont un prétexte pour être violent", estime un spécialiste
De nombreuses manifestations contre les mesures sanitaires pour lutter contre le Covid-19 ont eu lieu dans plusieurs pays européens ce samedi 20 et dimanche 21 novembre. Pour Patrick Martin-Genier, spécialiste de l’Europe, "c’est une minorité qui fait beaucoup de bruit".
"On confond beaucoup de choses, et très souvent les mesures anti-Covid sont un prétexte pour être violent", estime dimanche 21 novembre sur franceinfo Patrick Martin-Genier, spécialiste de l’Europe, enseignant à Science Po et à l’INALCO, et auteur de L’Europe a-t-elle un avenir ? sorti aux éditions Studyrama. Il réagissait aux contestations sociales contre les mesures sanitaires qui se sont multipliées ces derniers jours en Europe.
franceinfo : La contestation des mesures sanitaires reprend un peu partout en Europe. Il y a-t-il un ras-le-bol général de la pandémie ?
Patrick Martin-Genier : Je ne pense pas. Lorsqu’on regarde les manifestations très violentes qu’il y a eu ce week-end, c’est une certaine frange de la population, et de l’échiquier politique. C’est une minorité qui fait beaucoup de bruit, il faut faire attention à ne pas tirer de conséquences sur ces manifestations. En Autriche ce week-end, c’est le parti d’extrême droite, des conspirationnistes qui ont incité à manifester, alors qu’une majorité de la population accepte les mesures de confinement, qui ne dureront pas plus de 20 jours, avec une évaluation de la situation le 12 décembre.
Est-ce que c'est à chaque fois l’extrême droite ? Est-ce que cette minorité est la même partout ?
En Autriche, c’est bien l’extrême droite avec le parti du FPO, et les partis proches des milieux complotistes, anti-vaccins qui ont appelés à cette manifestation. Ils ont incontestablement attiré du monde, environ 40 000 personnes à Vienne, et au-delà de leurs camps. Le chancelier d’Autriche a demandé aux citoyens de regarder la réalité en face, c’est-à-dire l’augmentation des cas de contaminations, et la nécessité d’un nouveau confinement. A Rotterdam, il y a également eu beaucoup de violences. Ce sont aussi des gens qui veulent la liberté, mais qui ont été complètement dépassés par toute une série de hooligans et de casseurs. Plus de la moitié de ces gens arrêtés étaient des jeunes venus de l’extérieur pour provoquer de la violence. Et c’était la même chose cet après-midi (dimanche 21 novembre) à Bruxelles, où on a même vu des drapeaux de revendications pour une indépendance flamande. On confond beaucoup de choses, et très souvent les mesures anti-Covid sont un prétexte pour être violent.
En Guadeloupe il y a aussi une revendication sociale, qui n’est pas seulement liée au pass sanitaire et à l’obligation vaccinale des soignants, mais est-ce que ça rajoute de l’huile sur le feu ?
Il n’y a pas que les mesures anti-Covid, il y a aussi les difficultés sociales. En Guadeloupe ou en Martinique, beaucoup de jeunes sont en situation de détresse, ce qui ne saurait justifier aucune violence, mais il y a des difficultés sociales. Le Covid a fait beaucoup de victimes, peut-être à cause d’une insuffisance de soins. Tout cela s’ajoute à cette grande inquiétude qui peut provoquer une violence que l’on ne peut de toute façon pas justifier.
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