Coronavirus : confinement, fermeture des frontières, soutien aux entreprises... Ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron contre la pandémie
Le chef de l'Etat s'est adressé aux Français lundi soir, annonçant notamment une réduction "au strict nécessaire" des déplacements des Français, pendant quinze jours.
"Nous sommes en guerre. En guerre sanitaire certes, mais l'ennemi est là, et cela requiert une mobilisation générale." Lundi 16 mars, pour la deuxième fois en cinq jours, le président de la République s'est adressé aux Français, à l'issue d'un Conseil de défense en raison de l'accélération de l'épidémie de coronavirus Covid-19. "L'épidémie est devenue une réalité immédiate, présente", a-t-il alerté, alors que 1 210 cas et 21 morts supplémentaires ont été recensés en 24 heures dans le pays, selon Santé publique France.
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Le chef de l'Etat a annoncé une nouvelle série de mesures pour tenter de réduire au maximum la progression du virus sur le territoire. Réduction drastique des déplacements et contacts, fermeture des frontières à l'entrée de l'Union européenne et au sein de l'espace Schengen, soutiens aux soignants et aux entreprises... Voici ce qu'il faut retenir de son allocution.
Des déplacements réduits "au strict nécessaire" pendant 15 jours
En début d'allocution, le président a dénoncé la présence en masse de Français "dans les parcs, les marchés (...) comme si la vie n'avait pas changé" dimanche, alors que restaurants, bars et autres lieux publics avaient fermé leurs portes la veille à minuit. "A tous ceux qui ont bravé les consignes, non seulement vous ne vous protégez pas vous, mais vous ne protégez les autres. Vous risquez de contaminer vos amis, vos parents, vos grands-parents", a prévenu Emmanuel Macron d'un ton grave.
"Chacun doit a tout prix limiter le nombre de personnes avec qui il est en contact chaque jour. C'est pourquoi (...) j'ai décidé de renforcer encore les mesures pour réduire nos déplacements et nos contacts au strict nécessaire", a poursuivi le chef de l'Etat. Dès mardi midi, et pour une durée "de 15 jours au moins", toute réunion amicale, familiale, ou tout "regroupement extérieur" seront interdits.
"Seuls doivent demeurer les trajets nécessaires pour aller faire ses courses (...) pour se soigner, pour aller travailler quand le travail à distance n'est pas possible", ou encore "pour faire un peu d'activité physique, mais sans retrouver des proches", a précisé le président. Des précisions seront apportées sur ces points lundi soir par le gouvernement, et "toute infraction à ces règles sera sanctionnée", a prévenu Emmanuel Macron.
Le second tour des élections municipales reporté
Cette décision "a fait l'objet d'un accord unanime", d'après le chef de l'Etat. "Après avoir consulté le président du Sénat, le président de l'Assemblée nationale mais aussi mes prédécesseurs", Emmanuel Macron a pris la décision de reporter le second tour des élections municipales, a-t-il annoncé lundi soir lors de son allocution.
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait proposé de reporter le second tour au 21 juin, a appris le service politique de France 2. Le chef du gouvernement a notamment suggéré de "sanctuariser" les résultats du premier tour, ainsi que les résultats des maires déjà élus dimanche.
Plus tard dans la soirée, quelques minutes après l'intervention du président de la République, le ministre de l'Intérieur a précisé que "le délais pour déposer sa candidature sera repoussé." "L'échéance de demain soir 18 heures, celle qui fait que les candidats qui veulent concourir pour le second tour présente leur candidature, ne s'applique donc pas."
Le premier tour de ce scrutin a été marqué par une abstention record pour une élection municipale dimanche : 54,5% des électeurs ne sont pas allés voter, et l'épidémie de coronavirus est considérée comme une des principales causes du niveau de l'abstention.
L'ensemble des réformes en cours suspendues
Face à cette crise sanitaire inédite, "toutes les réformes en cours" seront "suspendues", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir, "à commencer par la réforme des retraites". Le gouvernement et les parlementaires seront mobilisés avant tout pour répondre "à l'urgence" de la lutte contre l'épidémie, a précisé le chef de l'Etat.
"Dès mercredi, en Conseil des ministres, sera présenté un projet de loi permettant au gouvernement de répondre à l'urgence et, lorsque nécessaire, de légiférer par ordonnances dans les domaines relevant strictement de la gestion de crise", a-t-il développé. "Ce projet de loi sera soumis au Parlement dès jeudi", a détaillé le chef de l'Etat, annonçant avoir vu les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat pour que "ces textes soient votés le plus rapidement possible", et que "la vie démocratique et le contrôle du Parlement continuent dans cette période".
Des masques de protection livrés dans les 25 départements les plus touchés dès mercredi
Le président a annoncé la distribution de masques en priorité aux personnels hospitaliers, aux médecins de ville et de campagne à partir de mardi et dans les "25 départements les plus touchés". Les autres départements concernés devraient être livrés à partir de mercredi.
Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a dénoncé le vol de milliers de masques de protection dans ses établissements. Les masques chirurgicaux (ceux qu'un malade doit porter pour éviter de contaminer d'autres personnes) et de type FFP2, réputés pour leur très haut niveau de filtration des bactéries (plus de 95%), sont particulièrement concernés.
Au total, plus de 11 000 masques ainsi que 1 400 flacons de solutions hydroalcooliques ont été dérobés dans des établissements de l'AP-HP, a rapporté l'assistance publique. Le gouvernement a fait passer le 4 mars un décret au Journal officiel sur les réquisitions des stocks de masques de protection.
L'installation d'un hôpital de campagne en Alsace
Un hôpital de campagne du service de santé des armées "va être déployé dans les jours à venir en Alsace", a annoncé Emmanuel Macron. Les armées "apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades des régions les plus affectées", a-t-il précisé. Selon les données de l'agence Santé publique France, le 16 mars, les deux régions les plus touchées par le virus sont l'Ile-de-France (1 762 cas avérés) et le Grand Est (1 543).
A partir de mardi, "les taxis et les hôtels pourront être mobilisés" au profit des soignants, a précisé Emmanuel Macron. "L'Etat payera", a-t-il assuré.
La fermeture des frontières de l'Union européenne
Les "frontières à l'entrée de l'Union européenne et de l'espace Schengen seront fermées" dès mardi midi pour 30 jours, exception faite pour "les Français actuellement à l'étranger" qui pourront rentrer en France.
Concrètement, tous les voyages entre les pays non européens et les pays de l'UE seront suspendus pendant 30 jours.
Emmanuel Macronlors d'une allocution
"Les Français qui sont actuellement à l'étranger et qui souhaitent rentrer pourront bien entendu rejoindre leur pays", a-t-il précisé, leur demandant de se "rapprocher des ambassades et consulats".
Plusieurs pays de l'Union européenne ont déjà pris des mesures similaires. Les autorités allemandes ont appelé la population à "rester à la maison", à renoncer à ses vacances et ont fermé les magasins non essentiels. L'Espagne va fermer ce lundi à minuit ses frontières terrestres afin de "contenir l'expansion du coronavirus", a annoncé le ministre de l'Intérieur, tandis que le Portugal suspendait les vols vers l'Espagne. La Commission européenne a elle aussi proposé d'interdire les voyages "non essentiels" vers l'UE, pour une durée initiale de 30 jours.
Une garantie de l'Etat de 300 milliards d'euros pour les prêts bancaires des entreprises
Le chef de l'Etat a annoncé "un dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales, de soutien ou report d'échéances bancaires et de garanties de l'Etat à hauteur de 300 milliards d'euros pour tous les prêts bancaires contractés auprès des banques".
"Pour les plus petites d'entre elles, et tant que la situation durera, celles qui font face à des difficultés n'auront rien à débourser, ni pour les impôts, ni pour les cotisations sociales", a ajouté le président. Emmanuel Macron a aussi rappelé que "le dispositif de chômage partiel sera massivement élargi".
La suspension des factures pour les entreprises
Le président Emmanuel Macron a promis qu'"aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite", face à l'épidémie mondiale de coronavirus qui bouleverse le pays.
"Celles qui font face à des difficultés n'auront rien à débourser, ni les impôts, ni les cotisations sociales", a-t-il souligné dans son allocution en évoquant aussi la "suspension des factures d'eau, de gaz ou d'électricité ainsi que les loyers".
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