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Coronavirus Covid-19 : à quel point le virus est-il dangereux ? On a posé la question à des experts (et ils sont plutôt rassurants)

Article rédigé par Mathilde Goupil, Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Des touristes portent un masque de protection pour se prémunir du nouveau coronavirus Covid-19, le 28 février 2020 à la Pyramide du Louvre, à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Il n'existe ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Qui sont, dans la grande majorité des cas, bénins.

L'épidémie de coronavirus Covid-19 a brusquement empiré en France à la fin février, avec un second décès dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 février, et seize nouveaux cas identifiés samedi 29 février. "Nous constatons beaucoup d'inquiétude dans nos cabinets", a affirmé vendredi le président de la Confédération des syndicats médicaux français, Jean-Paul Ortiz, tandis que le numéro vert mis en place par le gouvernement reçoit de plus en plus d'appels.

"La situation est inquiétante car il s'agit d'une nouvelle maladie, mais il y a une différence entre une inquiétude qui entraîne une vigilance, et une panique qui ne sert à rien", note néanmoins auprès de franceinfo Astrid Vabret, cheffe du service de virologie du CHU de Caen, dans le Calvados. Pour vous aider à relativiser et mieux connaître les effets de la maladie, on a demandé à des experts de nous décrypter quatre chiffres sur le coronavirus.

La maladie est bénigne dans 80% des cas

Le Centre chinois de contrôle et prévention des maladies a publié la semaine passée une étude portant sur 72 314 cas confirmés, suspects, diagnostiqués cliniquement et asymptomatiques de la pneumonie virale, constatés en date du 11 février. Il s'agit là de la plus importante enquête menée depuis le début de l'épidémie. Selon ses résultats, la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, "grave" dans 13,8% des cas et "critique" dans 4,7% des cas.

Il n'existe ni vaccin ni médicament contre le coronavirus, et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d'autres traitements expérimentaux, dont l'efficacité est en cours d'évaluation.

Mais que recouvre le terme "bénin" en matière de Covid-19 ? "Cela ressemble à un gros rhume, précise Astrid Vabret. Vous pouvez avoir un petit écoulement nasal, des signes cliniques objectifs, mais qui sont juste gênants et ne mettent pas en péril votre survie." Une légère fièvre peut également apparaître, avec des températures pouvant aller jusqu'à 38,5 °C. 

Un adulte connaît ce type d'infections respiratoires deux à trois fois par an en moyenne.

Astrid Vabret, cheffe du service de virologie du CHU de Caen

à franceinfo

"De mon point de vue, c'est un aspect rassurant, d'autant que de nombreux autres personnes peuvent avoir été infectées et ne pas présenter de symptômes – et donc passer sous le radar des médecins", confirme Samira Fafi-Kremer, cheffe du laboratoire de virologie au CHU de Strasbourg. Ce qui augmenterait singulièrement la proportion des cas bénins de la maladie.

Un taux de mortalité d'environ 3%

Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus : voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l'on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

Selon les derniers chiffres de l'OMS, 2 700 décès ont été recensés sur 80 239 cas confirmés dans le monde, l'essentiel concernant la Chine (2 666 sur 77 780). Ce qui donnerait un taux de mortalité de 3,36%. Ces estimations globales doivent toutefois être prises avec prudence car on ignore combien de personnes sont réellement infectées.

"En prenant en compte les cas asymptomatiques, le taux de mortalité du nouveau coronavirus serait bien plus proche de celui de la grippe saisonnière que du Sras !" analyse Samira Fafi-Kremer. Le Sras, un coronavirus très proche du Covid-19, avait en 2002-2003 contaminé 8 098 personnes dans une trentaine de pays et fait 774 morts.

En outre, la dangerosité d'une maladie ne dépend pas seulement du taux de mortalité, mais aussi de sa faculté à se répandre plus ou moins largement. "Même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30% ou 60% d'une population sont infectés", souligne le docteur Simon Cauchemez, de l'Institut Pasteur à Paris.

Le taux de létalité augmente avec l'âge et les plus de 80 ans sont les plus à risque, avec une mortalité de 14,8% selon l'étude du Centre chinois de contrôle et prévention des maladies. Les patients déjà atteints de maladies cardiovasculaires sont les plus menacés par une issue fatale, devant les diabétiques ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques ou d'hypertension.

Un niveau de contagion de 2 ou 3

Les spécialistes semblent s'accorder sur le fait que chaque malade infecterait entre deux et trois personnes en l'absence de mesures de contrôle (ce qu'on appelle le "taux de reproduction de base" de la maladie, ou R0). C'est plus que la grippe (1,3), nettement moins que la rougeole (plus de 12) et comparable au Sras (3).

Un aspect qu'Astrid Vabret appelle à ne pas négliger. "Imaginons que la période d'incubation du virus soit de trois jours en moyenne. Si le R0 vaut 2, le nombre de cas double tous les 3 jours si rien n'est fait. Ce sont donc des petits chiffres, mais qui peuvent représenter beaucoup d'infectés", prévient la cheffe du service de virologie du CHU de Caen.

"Je ne suis vraiment pas du tout inquiète, tempère Samira Fafi-Kremer. Certes, on voit que ce nouveau coronavirus est contagieux, mais pas davantage que la grippe et d'autres virus aussi."

Cela commence à être rassurant, car la plupart des personnes infectées n'ont pas de symptômes sévères.

Samira Fafi-Kremer,
cheffe du laboratoire
de virologie au CHU de Strasbourg

à franceinfo

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Une période d'incubation "autour de cinq jours"

La période d'incubation, qui sépare l'infection et l'apparition des symptômes, est estimée "entre un et 14 jours" par l'OMS, selon qui le cas le plus fréquent est "autour de cinq jours". Cela a conduit à fixer à 14 jours la période de quarantaine habituelle pour les cas suspects.

Mais sur la base de certains cas, des experts chinois ont estimé que la durée d'incubation pouvait aller jusqu'à 24 voire 27 jours. Ce qui voudrait dire qu'un isolement de 14 jours pourrait parfois être insuffisant. Cette hypothèse laisse pour l'heure les scientifiques sceptiques.

"On n'y a jamais beaucoup cru, les données les plus récentes vont au contraire plutôt dans le sens d'une diminution de la durée d'incubation", dit le docteur Daniel Lévy-Bruhl, de l'agence sanitaire française Santé publique France. Selon lui, "il y a très peu de chances que des durées d'incubation aillent au-delà" des 14 jours.

Quoi qu'il en soit, "le moment le plus dangereux" de la contamination reste "quand on est infecté sans le savoir, et qu'on ne prend alors pas de mesures pour protéger les autres", ajoute Astrid Vabret. "Dans ce cadre, certains vont infecter beaucoup de personnes, dont des patients qui pourront, eux, connaître des formes graves de la maladie, comme des personnes âgées, ou souffrant de problèmes cardiaques."

Pour se prémunir d'une contamination, les autorités sanitaires insistent sur l'importance des mesures-barrières : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade...

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