Coronavirus : déconfinement, plan de relance… Que faut-il attendre de l'allocution d'Emmanuel Macron lundi soir ?
Alors que la France approche de sa cinquième semaine de confinement, le chef de l'Etat a choisi le lundi de Pâques pour s'adresser à la nation.
Une cinquième prise de parole sur le coronavirus en seulement un mois. Emmanuel Macron va s'adresser à la nation, lundi 13 avril à 20 heures, lors d'une intervention diffusée à la télévision et à la radio. Une nouvelle allocution initialement prévue jeudi soir qui a finalement été décalée. "Le président de la République a souhaité se donner du temps avant de parler, explique un conseiller à l'Elysée au service politique de France Télévisions. D'ici là, il va beaucoup consulter : les forces politiques, les partenaires sociaux, les scientifiques, ses homologues étrangers."
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Le chef de l'Etat s'est d'ailleurs déplacé jeudi à Marseille pour rencontrer le professeur Didier Raoult, qui a mis en place un traitement à l'hydroxychloroquine controversé, pour traiter les malades du Covid-19 admis dans son Institut hospitalo-universitaire (IHU).
L'épineuse question du déconfinement
Emmanuel Macron ne pourra pas éviter le sujet du déconfinement, lundi, mais pour de nombreux observateurs, il faut avancer avec prudence sur ce sujet. "Le président est sur une ligne de crête, entre donner un horizon positif aux Français et ne pas donner l'impression qu'on est à la fin de l'épidémie", avance un conseiller ministériel. "Le Premier ministre n'aurait pas dû s'exprimer autant sur ce sujet, ça nourrit des fantasmes", estime un autre conseiller.
Dès mercredi soir, l'Elysée a ainsi annoncé, dans un communiqué transmis à l'AFP, que le confinement serait prolongé au-delà du 15 avril. Jusqu'à quand ? La question n'est pas tranchée. Toujours est-il que cette allocution intervient dans un contexte de plus en plus difficile, après un mois de confinement. "Les Français sont de plus en plus inquiets. Au-delà de l'aspect sanitaire, cette inquiétude se manifeste désormais sur le plan économique", explique l'entourage d'Edouard Philippe.
Il va falloir déconfiner pour relancer le pays mais à ce stade, on n'a ni la date, ni la méthode.
un membre de l'entourage d'Edouard Philippeà franceinfo
Pour avancer sur les différents scénarios, une "cellule anticipation" a été créée à Matignon. Elle est copilotée par deux conseillers du Premier ministre : Jérôme Bonnafont, et Damien Cazé.
"Ceux qui croient qu'il va y avoir une révolution se trompent"
Dans son allocution, le président de la République devrait à nouveau saluer le travail des soignants, dresser un bilan positif du confinement et redire l'ampleur des mesures qui ont été prises pour endiguer la crise économique. "Je lui ai conseillé de ne pas trop rester dans les chiffres et d'insister sur la dimension humaine et psychologique de la crise que nous traversons", confie un proche d'Emmanuel Macron.
Au sein de la majorité, certains cadres attendent également que le chef de l'Etat prenne de la hauteur et qu'il commence à esquisser des pistes pour le jour d'après. Sur ce sujet, les avis divergent. "Il faut éviter de répéter l'erreur commise après la crise économique en 2008 : celle du 'back to business', avance Stanislas Guérini, délégué général de la République en Marche. Plus qu'un plan de relance, il faut un plan de reconstruction qui interrogera l'ensemble de notre modèle de développement. Il faut opérer un resserrement sur ce qui est essentiel à notre avenir en commun : la santé, l'environnement et l'éducation."
Pour autant, "ceux qui croient qu'il va y avoir une révolution se trompent", glisse un membre du gouvernement. "Il va falloir s'adapter, aller plus loin sur l'environnement ou le médical, mais ce ne sera pas non plus le grand soir, complète un conseiller à Bercy. Plancher sur l'après, ce n'est pas réinventer la poudre."
Le monde d'après ressemblera étrangement au monde d'avant.
un proche du chef de l'Etatà franceinfo
Pour la majorité, cette gestion de l'après sera également déterminante en vue des prochaines échéances : élections départementales et régionales en 2021 et surtout la prochaine présidentielle en 2022. "Au sortir de l'épidémie, il va y avoir des procès, des attaques et on sera associés à ce mauvais moment. Quoi qu'on fasse, ce sera très difficile de rebondir politiquement", reconnaît un conseiller. "Ce sera difficile pour le gouvernement de survivre à la crise", enfonce un responsable de la majorité.
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