Coronavirus : en Guyane, le pic de l'épidémie attendu "entre la deuxième et la troisième semaine de juillet", selon l'ARS
L'épidémie de coronavirus est toujours très active en Guyane, où le nombre de nouveaux cas augmente tous les jours. La directrice de l'Agence régionale de santé craint que ce ne soit que "le début de la montée de l'épidémie".
La Guyane se prépare à un "afflux massif dans les hôpitaux" alors que le nombre de nouveaux cas augmente tous les jours. "Le virus arrive dans des zones, dans des sortes de réservoirs dans lesquels il peut accélérer très fortement", explique lundi 22 juin sur franceinfo Clara de Bort, directrice de l'Agence régionale de santé. La proximité avec le Brésil, l'un des épicentres de l'épidémie, y est pour beaucoup. Le pic est attendu pour la “deuxième ou troisième semaine de juillet”, selon Clara de Bort.
franceinfo : Comment expliquez-vous cette soudaine accélération de la circulation du virus depuis dix jours en Guyane ?
Clara de Bort : Le virus arrive dans des zones, dans des sortes de réservoirs dans lesquels il peut accélérer très fortement, dans des quartiers densément peuplés, avec des familles très nombreuses et la difficulté à respecter les gestes barrières. On est aussi dans un territoire qui est déconfiné puisque nous avons un couvre-feu assez dur, mais les activités de la vie quotidienne se poursuivent en dehors du couvre-feu. On a une situation vraiment complètement atypique. Nous faisons néanmoins énormément de tests. Nous faisons six fois plus de tests en proportion que sur la France entière, et nous avons continué à faire un "contact tracing" extrêmement poussé. On a déjà fait plus de 2 000 enquêtes. Nous sommes 300 000 habitants uniquement, cela représenterait 400 000 enquêtes pour la France entière. Chaque enquête touche 5 à 10 cas. Donc, on est en train d'appeler presque toute la Guyane pour leur dire vous êtes sujets contacts ou cas confirmés. Mais très clairement, le virus est dans des endroits où, finalement, il a moins d'obstacles qu'il n'en a eu jusqu'à présent. Et c'est un signe précurseur d'un afflux massif dans nos hôpitaux.
Hélas, l'épidémie commence à s'installer seulement
Clara de Bort, directrice de l'ARS de Guyanesur franceinfo
L'hypothèse d'un reconfinement en Guyane est sur la table, dit Matignon. Est- ce que l'on s'y dirige clairement, inexorablement ?
L'hypothèse est sur la table d'un reconfinement, mais plutôt de courte durée. On sait que les reconfinements de longue durée sont toujours terribles et ont des impacts, y compris sur la santé, très délétères. Donc, une telle mesure est sur la table, mais ne doit pas être déclenchée trop tôt. Donc on essaie de prendre des mesures plus personnalisées, plus individualisées par territoire. On a des horaires de couvre-feu qui sont différents selon les zones de circulation du virus. Ça donne parfois un peu le tournis aux habitants, qui ont parfois du mal à s'y retrouver. Mais ça peut nous permettre de durer plus longtemps, car hélas, l'épidémie commence à s'installer seulement.
Cette installation de l'épidémie est-elle liée à la proximité de la Guyane avec le Brésil, pays fortement touché ?
Très clairement, nous sommes sur le même continent que le Brésil, qui est le centre des contaminations, de l'accélération virale mondiale de ces dernières semaines. Aucun territoire frontalier d'une zone à forte circulation active n'a jamais réussi à être épargné. Donc, nous avons très clairement la même cinétique. Nous faisons le maximum depuis des mois pour empêcher les importations de cas. Nous avons retardé l'arrivée des épidémies et nous ralentissons celle-ci. Mais néanmoins, la pression du géant voisin que nous avons, avec 700 kilomètres de frontières que nous partageons avec lui, est forcément immense.
Le pic en Guyane n'est pas encore atteint ?
Le pic n'est pas encore atteint. On craint que nous ne soyons qu'au début de la montée de l'épidémie et que nous atteignions un pic entre la deuxième et la troisième semaine de juillet. Vous savez aussi que plus les actions de lutte contre l'épidémie sont efficaces, moins le pic est haut mais plus il est lointain. En tout cas, nous ne sommes qu'au début et nous avons déjà beaucoup de patients hospitalisés en hospitalisation classique et en réanimation.
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