Coronavirus : en Inde et chez ses voisins, l'épidémie est en train de flamber
La propagation du Covid-19 reflue en Europe mais elle est très loin d’être terminée. Depuis début juin, la situation sanitaire se dégrade en Asie du Sud et dans le sous-continent indien.
L’Organisation Mondiale de la Santé vient de tirer la sonnette d’alarme : le coronavirus est en train de se propager rapidement en Inde, au Pakistan, et au Bangladesh. Trois pays qui, au total, regroupent 1/5e de l'humanité, près d’un milliard 700 millions de personnes. À eux trois, ces pays comptent déjà 450 000 cas de contamination, dont 267 000 en Inde, sixième pays le plus touché au monde.
Des bilans largement sous-estimés
Si l'on additionne le nombre de mort recensés en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, le bilan s’élève à 12 500, ce qui peut paraître relativement peu. Mais il double tous les 15 jours. Les épidémiologistes estiment que le pic de la maladie ne sera pas atteint avant la mi-juillet ou la fin juillet. Et d’ici là, il pourrait y avoir près de 200 000 morts. En Inde, le gouvernement local de New Delhi estime que le nombre de malades pourrait être multiplié par 20 d’ici deux mois.
Et encore, ces chiffres relatifs à la mortalité et à l'ampleur de la contamination sont très sous-estimés. De nombreux médecins estiment qu’il faut les multiplier au moins par dix. Un exemple : à Lahore, l’une des deux plus grandes villes du Pakistan, un dépistage fait au hasard ces derniers jours laisse penser que les pouvoirs publics ne repèrent en moyenne qu’un seul cas sur 25. D'où l'inquiétude de l'OMS.
Les campagnes indiennes touchées à leur tour
Le plus inquiétant c’est en Inde, pays qui a, en plus, fait le choix du déconfinement. À dire vrai, New Delhi n’a vraiment pas le choix. Près de 90% de l’économie est informelle. Autant dire que le confinement est catastrophique économiquement : les gens ont perdu leur salaire du jour au lendemain. Le pouvoir nationaliste de Narendra Modi a donc décidé de rouvrir les restaurants, les centres commerciaux, les lieux de culte, etc. Et voilà que les hôpitaux commencent à être débordés, en particulier à Mumbaï. Plusieurs vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux décrivent des scènes choquantes, où des morts du Covid-19 sont entassés dans les cours où attendent les patients, les morgues n’arrivant pas à suivre.
La seule région de Delhi affirme avoir besoin en urgence de 80 000 lits supplémentaires d’hôpitaux. Globalement, en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, le nombre de médecins et d’infirmières est quatre fois inférieur à celui de l’Europe, en proportion de la population. Pour ne rien arranger, le confinement a provoqué un exode des travailleurs pauvres qui, faute de travail à la ville, sont rentrés dans leurs villages. L’épidémie s’est ainsi propagée aux campagnes, dans la province indienne de Bihar par exemple. Or les zones rurales ne disposent que d'équipements médicaux très sommaires.
Une nouvelle menace pour les réfugiés Rohingyas
Le Bangladesh voisin est confronté à un écueil supplémentaire : celui des réfugiés. Le pays possède déjà l’une des plus fortes densités de population au monde et il doit désormais aussi faire face à l’apparition de la maladie parmi les réfugiés Rohingyas, cette population musulmane qui fuit la répression pratiquée contre elle en Birmanie. Ils sont près d’un million dans les camps de Cox’s Bazar au Bangladesh et le coronavirus y a été détecté il y a une semaine. La propagation pourrait être ultra-rapide car dans ces camps, la densité atteint 40 000 habitants au km². C’est encore plus que sur un bateau de croisière.
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