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Coronavirus : "Il faut avouer qu'on a assez peu d'aide du 15 et des services hospitaliers", déplore le syndicat des Ehpad privés

Selon elle, Il faut "voir d'urgence la façon de traiter les cas lourds en Ehpad pour qu'on puisse les transférer en milieu hospitalier".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des résidents d'un Ehpad à Brest (Finistère). (LOIC VENANCE / AFP)

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (Syndicat National des Établissements et Résidences privés pour personnes âgées), a déploré mardi 24 mars sur franceinfo que les Ehpad avaient "assez peu d'aide du numéro 15 et des services hospitaliers" pour les "cas lourds" touchés par le coronavirus. Aujourd'hui, "20 à 30 établissements" sont "en situation particulièrement critique sur le territoire" sur 6 500 Ehpad, indique-t-elle. Les bilans donnés par certains directeurs d'établissements sont déjà lourds. Il y a eu sept morts dans un Ehpad de Sillingy en Haute-Savoie et vingt-et-un morts dans un établissement Cornimont dans les Vosges.

Franceinfo : Avez-vous un bilan précis dans les Ehpad ?

Florence Arnaiz-Maumé : A ce stade, nous n'avons pas de chiffres nationaux. Pour autant, évidemment, nous parlons beaucoup avec les pouvoirs publics, régionaux, locaux et nationaux et les autres fédérations du secteur. Nous estimons aujourd'hui qu'il y a de 20 à 30 établissements en situation particulièrement critique sur le territoire. Je rappelle qu’il y a aujourd’hui 6 500 Ehpad en France. Donc une petite minorité est en situation très critique. Pour autant, la grande majorité est encore épargnée.

Il faut absolument renforcer coûte que coûte les mesures barrières dans les établissements qui sont à ce jour épargnés par tout type de moyens, y compris le confinement en chambre avec un service en chambre. Il est temps de durcir encore les mesures barrières.

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa

à franceinfo

Les Ehpad en situation très critique sont dans des régions très touchées ?

Tout à fait. Tout a commencé effectivement dans l'Oise et dans le Grand Est. Dans l’Oise parce qu’il y avait un premier patient, le professeur qui est décédé, et donc très vite, on a eu des impacts en Ehpad. Et puis pareil dans le Grand Est, toujours lié au rassemblement évangélique [à Mulhouse] où autant des salariés, que des familles de résidents, que des résidents ont pu importer le coronavirus dans les Ehpad.

Faut-il fermer ces établissements ?

Non. L’attaque d'un coronavirus en Ehpad se traduit par trois réalités : la réalité des patients primo attaqués qui peuvent effectivement décompenser très rapidement. Il y a lieu de pouvoir les transférer dans le domaine hospitalier. Il faut avouer qu'on a assez peu d'aide du numéro 15 et des services hospitaliers. Il faut voir d'urgence la façon de traiter les cas lourds en Ehpad pour qu'on puisse les transférer en milieu hospitalier.

Et puis, on a quand même une deuxième réalité qui est des cas de Covid que nous pouvons traiter en Ehpad comme dans toute la population. Le Covid chez la personne âgée peut aussi être stabilisé en une semaine, 15 jours. Et puis, on a évidemment un pourcentage important de résidents qui ne vont pas être attaqués pendant toute la crise. Donc, on a les trois réalités qui vont se jouxter dans les établissements en question.

Il n'est pas question de fermer les Ehpad. Il est question, au contraire, de transférer les patients difficiles [à l'hôpital] et de confiner correctement tout le monde de manière à ce que le personnel soignant puisse intervenir sur les cas infectés et les stabiliser.

Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa

à franceinfo

Ce que nous demandons, c'est d'avoir vraiment un appui, puisqu’on a du mal à avoir accès à l’hôpital, un appui massif des hospitalisations à domicile. Les agences Hospitalisation à domicile (HAD) peuvent aujourd'hui venir et c'est ce qu'on demande sur les Ehpad infectés.

Est-ce que le personnel est suffisamment protégé ?

Oui, ils sont suffisamment protégés autant que faire se peut. C'est-à-dire qu'ils sont marqués. Bien évidemment, les masques ont été en priorité acheminés. Les annonces du ministre Olivier Véran ont été suivies d'effets. Nous avons quand même la satisfaction de voir que dans les 48 dernières heures, les établissements ont été largement approvisionnés. Ce n'est pas encore sur tout le territoire de façon uniforme, mais c'est en train d'arriver. Comme les Ehpad avaient quand même encore du stock de masques puisqu'ils ont quand même l'habitude de traiter le risque infectieux, on n'est pas en situation de pénurie sèche de masques en Ehpad.

Pour autant, dans ces établissements en situation critique, évidemment, on a un phénomène de potentielles infections des salariés également, avec des porteurs symptomatiques ou asymptomatiques. C'est évidemment une difficulté supplémentaire qu'il faut traiter puisque tout porteur symptomatique doit rester à son domicile. Et c'est pour ça que nous avons besoin de renfort d'équipes de l’Agence régionale de Santé (ARS). Malheureusement, on est sur des zones où l’ARS est tellement surchargée aussi par toute l'énergie qu'il faut déployer dans le champ hospitalier. Si on a une revendication à avoir, suite à celle des masques que nous avons obtenus, c'est quand même qu'on puisse transférer les patients lourds dans le milieu hospitalier.

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