Coronavirus : "Il faut maintenir le confinement jusqu'à la mi-mai voire fin mai" pour le président du Conseil national de l'ordre des médecins
"Il faut que nous gagnions cette vie et cette survie" d'abord, rétorque le Dr Patrick Bouet à ceux qui veulent que les Français reprennent le travail. Il craint, si on précipite le déconfinement, une "deuxième vague épidémique".
Jusqu'à quand poursuivre le confinement pour lutter contre le coronavirus Covid-19 ? Un mois quasiment après sa mise en place, Emmanuel Macron doit annoncer lundi 13 avril au soir un prolongement des mesures de restriction. Une allocution qui sera particulièrement suivie par les médecins qui réclament, eux, un confinement plus long et plus dur. Comme le docteur Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Invité sur franceinfo, il réclame "un confinement plus homogène" et "au moins jusqu'à la mi-mai". Afin de ne pas avoir une deuxième vague épidémique, "il faut impérativement bénéficier au maximum des effets positifs du confinement", a-t-il ajouté.
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franceinfo : Jusqu'à quand faut-il maintenir le confinement d'après vous ?
Dr Patrick Bouet : Il faut le maintenir, à tout le moins, jusqu'à mi-mai voire fin mai. Mais arrêter le confinement, ça ne veut pas dire que tout redevient normal le 1er juin. Donc fin mai, il faut un déconfinement progressif mais surtout un confinement sélectif. C'est à dire qu'il faudra se donner les moyens avec les tests, avec les masques diffusés pour toute la population, de sélectionner les personnes qui peuvent sortir du confinement parce que le risque majeur, tout le monde le sait, c'est la reprise de l'épidémie dès lors que les personnes pourraient se retrouver en rassemblement.
Quels seraient les critères ?
Il faudra d'une part les moyens de protéger la population dans son ensemble. D'autre part, les moyens de tester massivement la population. Parce que, bien évidemment, il y aura des personnes qui seront immunisées, il y aura des personnes qui seront contaminées. Il y aura des personnes qui ne seront ni l'un ni l'autre, c'est-à-dire susceptibles d'être malades.
Un déconfinement pas avant le mois de mai, pensez-vous que c'est audible pour les Français ?
Vous savez, quand il y a trois semaines, nous avons fait un référé liberté au Conseil d'État pour que le confinement soit renforcé, c'était parce que nous avions déjà le sentiment qu'il fallait que le confinement soit fort. Le confinement, c'est une souffrance sociale et une souffrance personnelle très lourde. C'est une souffrance inégalitaire parce qu'elle ne frappe personne de la même façon, suivant les conditions dans lesquelles elles vivent.
Moi, je suis généraliste en Seine-Saint-Denis et je sais bien qu'être confiné dans une barre d'immeuble des Bosquets, ce n'est pas la même chose que d'être confiné dans un pavillon ou au bord de la mer. Mais malgré tout, ce confinement est aujourd'hui la seule arme qui fasse aujourd'hui ses preuves et qui permet de freiner l'évolution épidémique.
Dr Patrick Bouet, président du conseil national de l'Ordre de médecinsà franceinfo
C'est donc quelque chose qui sauve la vie des personnes et qui permet la survie de notre société. Ce n'est pas le moment de se relâcher. Il y a encore plus de 8 000 personnes qui sont en réanimation, 30 000 personnes qui sont hospitalisées. Cela veut dire qu'il y a 200 à 250 000 personnels soignants hospitaliers qui, tous les jours, sont sur le terrain, et ce, depuis plusieurs semaines. On ne peut pas se permettre une deuxième vague épidémique, il faut impérativement bénéficier au maximum des effets positifs du confinement.
Le Medef veut que nous reprenions le travail de manière anticipée, qu'en pensez vous ?
Moi, je ne suis pas dans l'économie, je suis médecin. Je sais simplement qu'aujourd'hui, c'est la vie de milliers de personnes que nous sommes en train de sauver et que s'il y avait un deuxième rebond épidémique, je crains que malheureusement les propos qui sont aujourd'hui tenus pour une reprise anticipée ne se trouvent bousculés par une deuxième vague épidémique. L'économie s'en sortirait encore plus difficilement. Donc, aujourd'hui, il faut que nous gagnions cette vie et cette survie de notre société par le biais d'un confinement bien appliqué.
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