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Coronavirus : la Chine a "un travail gigantesque à mener" pour circonscrire l'épidémie, estime un épidémiologiste

Sur franceinfo, Arnaud Fontanet, directeur de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur, a salué le "travail absolument remarquable" des autorités chinoises tout en mesurant "le véritable défi" qui reste à relever pour contrer l'épidémie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans le service de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Zhongnan de Wuhan (Chine), le 24 janvier 2020. (MAXPPP/XIONG QI)

Le coronavirus a infecté plus d'un millier de personnes en Chine, en Asie, et dorénavant en France et aux États-Unis"Pour les autorités chinoises, c'est un véritable défi d'assurer le contrôle de cette épidémie, c'est-à-dire l'isolement des patients et le suivi des contacts, c'est un travail gigantesque à mener", explique sur franceinfo Arnaud Fontanet, directeur de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur.

franceinfo : Que pensez-vous de la gestion de la crise par la Chine ?

Arnaud Fontanet : Les autorités chinoises se retrouvent confrontées à une crise sanitaire majeure. Le début de l'épidémie, qu'on date à début décembre, était relié à un marché de Wuhan où on vendait des animaux. Assez rapidement, ils ont identifié une quarantaine de personnes en contact avec le marché. Et deux tiers d'entre eux avaient développé des pneumonies. Les autorités chinoises et les scientifiques ont fait un travail absolument remarquable, d'abord dans l'identification de ce foyer anormal, parce que c'est quand même une ville de 11 millions de personnes donc ce n'est pas facile de relier ce genre d'informations quand les gens viennent en période hivernale avec des symptomes respiratoires. Ils ont ensuite isolé sur les prélèvements un nouveau virus qui est une découverte majeure réalisée en trois semaines. Et puis, ils ont mis à la disposition de l'ensemble de la communauté scientifique la séquence de ce virus qui nous permet aujourd'hui d'avoir un test-diagnostic qui a pu être utilisé pour identifier des patients sur le sol français. Donc tout ça s'est très bien passé.

Où les autorités chinoises ont-elles pêché ?

La partie plus difficile a été sur la gestion même de l'épidémie où pendant longtemps on a cru que c'était restreint autour de ce marché de Wuhan. Et puis on s'est rendu compte dans la première semaine de janvier, avec des cas en Thaïlande et au Japon, que l'épidémie avait une ampleur plus importante que ce que laissaient entendre les autorités chinoises. Maintenant, l'épidémie s'est largement étendue, donc on se rend compte qu'il y a une situation extrêmement difficile là-bas. Pour les autorités chinoises, c'est un véritable défi d'assurer le contrôle de cette épidémie, c'est-à-dire l'isolement des patients et le suivi des contacts, c'est un travail gigantesque à mener.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est-elle trop en retrait de cette épidémie ?

Non, pour l'instant l'OMS est en contact permanent avec les autorités chinoises et avec l'ensemble des gouvernements pour les informer sur les avancées de l'épidémie. Aujourd'hui, pour tous les cas exportés (Thaïlande, Japon, Corée du Sud, Singapour, France Etats-Unis), il n'y a pas encore eu de transmission dite secondaire, c'est-à-dire que les personnes qui ont été infectées et hospitalisées dans ces différents pays n'ont pas infecté d'autres personnes. Cela pourrait arriver mais on pense que les pays concernés, ayant des structures de santé bien organisées, seront capables de circonscrire l'épidémie si elle devait démarrer. Mais c'est là-dessus que se jugera de la nécessité ou non d'élever cette épidémie au rang d'urgence épidémique de portée internationale.

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