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Coronavirus : la philanthropie intéressée des start-up de la Silicon Valley

La Silicon Valley pourrait enregistrer entre 2 000 et 16 000 morts liés au coronavirus d’ici la fin du mois de mai. Les GAFA, qui y ont leur siège, partent eux aussi à l'assaut du virus... de manière pas complètement désintéressée.

Article rédigé par franceinfo, Loïc Pialat - édité par Théo Hetsch
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Un panneau installé sur le site qui abrite le siège de Facebook à Menlo Park, en Californie. (MAXPPP)

Au cœur de la technologie mondiale, où on a inventé les smartphones et où on ambitionne de révolutionner tous les secteurs de la vie, on estime logiquement qu’on a un rôle à jouer dans le combat contre la propagation de l’épidémie, qui prend de l'ampleur rapidement dans le pays. Avec le confinement, les applications comme Facetime, Facebook Live ou Twitter sont précieuses, en nous aidant à communiquer et garder le contact, mais la Silicon Valley veut aller encore plus loin.

L’intervention des géants de la technologie prend plusieurs formes. La première est financière évidemment : Cisco annonce vouloir dépenser plus de 200 millions de dollars dans la lutte contre le Covid-19, tandis que Facebook va distribuer 100 millions de dollars en bourses et en publicité gratuite des petites et moyennes entreprises pour les maintenir. L'entreprise de Mark Zuckerberg a aussi fait don de 700 000 masques de sa réserve à destination des hôpitaux. Et la course entre ces mastodontes s'étend également dans ce domaine : Apple promet 10 millions de masques grâce à ses réseaux de fournisseurs

La firme californienne a aussi lancé une application pour s’autodiagnostiquer. C’est un questionnaire assez basique qui vous conseille de consulter - ou pas - un médecin en fonction du résultat. Google a aussi crée un site d’informations sur le coronavirus et sa filiale deepMind, spécialisée dans l’intelligence artificielle, travalle sur un virus.

AirBnB met à disposition 100 000 logements à travers le monde pour que les personnels de santé puissent se reposer. Beaucoup de ces grands groupes ont aussi participé mi-mars à une visioconférence avec la Maison Blanche qui compte sur leur aide.

Des start-up plus modestes participent aussi à "l’effort de guerre"

Le Wall Street Journal cite notamment l'exemple d'une application qui permet de livrer des courses à des personnes âgées, ou encore celui d'un investisseur qui finance la fabrication d’un million de respirateurs artificiels, dont les hôpitaux américains manquent cruellement. Carbon, spécialisée dans l’impression 3D, essaie de mobiliser ses clients pour qu’ils fabriquent des équipements médicaux avec leurs imprimantes. Autre exemple : l’association Maker Nexus Company explique sur son site comment créer des visières avec son imprimante 3D. Beaucoup de particuliers en ont dans la Silicon Valley.

Des critiques venues de la gauche

Le célèbre sénateur Bernie Sanders, très à gauche, n’a pas oublié de rappeler que le secteur de la tech ne s’est pas toujours distingué par sa participation à la vie de la collectivité. Un gestionnaire de fonds de pension a par exemple envoyé un mail il y a quelques jours à ses investisseurs, assurant qu’il pouvait leur trouver des kits pour les tests alors que ces kits sont rares, ce qui n'a pas manqué de créer la polémique. Sans compter le fait qu’Amazon et d’autres s’arrangent souvent pour payer le minimum d’impôts. L'exemple d'Uber est à ce titre le plus flagrant : l'entreprise ne paie pas d’assurance santé à ses chauffeurs.

Plusieurs élus de gauche pointent le fait qu'on ne peut pas baser une politique de santé publique sur la philanthopie des acteurs privés. C’est ce que le gouverneur de Californie a expliqué à Mark Zuckerberg dans une interview menée par le créateur de Facebook. Zuckerberg veut aider à tester 1 000 personnes par jour. Un effort louable mais insuffisant à l’échelle de l’État, mais les autorités ont préféré modérer l’enthousiasme de start-ups, comme Nurx qui voulait développer des tests à faire chez soi, sans médecin.

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