Coronavirus : les vétérinaires ont une "grande habitude de gérer des maladies épidémiques", explique le président du conseil national de l’Ordre des vétérinaires
Jacques Guérin souhaite mettre à disposition de la médecine humaine du matériel habituellement utilisé pour les animaux. Des respirateurs notamment, qui seraient "réadaptés" pour gérer la pénurie liée au Covid-19.
Face à la crise du coronavirus, les vétérinaires se mobilisent également, avec l'envoi de matériel à destination des hôpitaux. Pour l'instant, les laboratoires vétérinaires ne peuvent pas tester les humains, ce que déplore Jacques Guérin, le président du conseil national de l’Ordre des vétérinaires sur franceinfo.
franceinfo : Ces derniers jours, vous avez mis du matériel à disposition des cliniques et des hôpitaux ?
Jacques Guérin : Nous avons recensé l'ensemble des matériels qui pourraient être mis à disposition de la médecine humaine après avoir été, bien entendu, réadaptés. Il s'agit par exemple de 420 respirateurs d'anesthésie, de 1749 concentrateurs d'oxygène et un peu plus de 500 appareils de monitoring.
Les équipements des vétérinaires peuvent-ils être utilisés par des infirmiers, des soignants dans les hôpitaux ?
Des opérations de fournitures ont été faites auprès d'hôpitaux. Il y a eu des expériences, notamment dans la Drôme, avec l'hôpital de Montélimar et tout un travail qui est fait en Île de France. Pour vous donner quelques exemples : 10 000 paires de gants, 10 000 charlottes, 2500 blouses, 500 sur-chaussures, sans compter les masques chirurgicaux que nous avions, les pompes à perfusion ou les pousse seringues. Du petit matériel dont les hôpitaux manquent et que les vétérinaires mettent à disposition.
Certains médicaments utilisés pour les animaux pourraient-ils être utiles face au coronavirus ?
Un recensement est réalisé sous l'égide de l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) avec l'Agence nationale du médicament vétérinaire et une liste de besoins a été identifiée. Actuellement, l' ANSM est en train de travailler sur un produit qui s'appelle le Propofol. Maintenant, en dehors des principes actifs qui sont similaires entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire, il y a aussi des problèmes d'excipients (substance qui facilite l'absorption et la conservation du principe actif) et de bioéquivalence, qu'il faut traiter, et des problèmes réglementaires. Les choses sont en cours et on en est à disposition pour aider nos collègues de médecine humaine autant que nous le pourrons.
Des laboratoires vétérinaires se sont proposés pour fabriquer des tests, l'Etat a refusé. La loi aujourd'hui interdit le mélange des genres entre médecine animale et médecine humaine. Vous le regrettez ?
Le secteur vétérinaire a quand même une grande habitude de gérer des maladies épidémiques, des maladies animales, a une capacité à la fois de dépistage et d'analyse, de production de tests et sur des techniques finalement similaires. Ce que je regrette, c'est que l'on a beaucoup parlé et entretenu depuis des années du concept, d'"une seule santé", qui permettrait aux compétences vétérinaires et aux compétences de médecine humaine de se brasser pour le bien et la compétence collective. Or, aujourd'hui, ce concept ne reste qu'un concept et n'est pas la réalité. C'est dommage parce que nous avons des compétences et que la médecine vétérinaire est tout à fait à la hauteur des enjeux quand il s'agit de santé animale. Quand il s'agit de santé humaine, on peut aider de manière très intéressante.
Un chat a été testé positif en Belgique, ce qui inquiète de nombreux propriétaires d'animaux domestiques. Des chats, des chiens peuvent-ils être porteurs et transmettre le virus ?
Il faut rassurer sur cette question puisque nous avons deux avis, l'un de l'Organisation mondiale de la santé animale et l'autre de l'Anses, qui démontrent qu'aujourd'hui il n'y a aucune preuve que les animaux de compagnie soient vecteurs ou acteurs de cette propagation du virus. Je crois qu'il faut être raisonnable. Au même titre qu'un membre d'une famille, l'animal de compagnie peut avoir des virus qui lui sont diffusés par une personne malade. La précaution essentielle, c'est que, lorsque l'on touche son animal, il faut se laver les mains derrière et il faut appliquer les mêmes précautions que pour les questions de biosécurité au sein de la famille.
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