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Faillites et défaillances d’entreprises : le tsunami redouté n’a pas (encore) eu lieu

Selon les premiers chiffres communiqués par le cabinet d'études Altares que franceinfo vous révèle mercredi, les chiffres des défaillances d’entreprises jusqu’à aujourd’hui ne sont pas catastrophiques… ce qui pourrait être radicalement différent en septembre ou octobre.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les tribunaux de commerce sont fermés depuis le 17 mars 2020, en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus (illustration). (LOIC VENANCE / AFP)

Un indicateur donne régulièrement l’état de santé de l’économie française : c’est le nombre des défaillances d’entreprises (dépôts de bilan, redressement judiciaire, etc.). franceinfo dévoile mercredi 29 avril en exclusivité les premiers chiffres d’avril, donc en pleine crise de Covid-19. Des chiffres plutôt surprenants dans le contexte actuel.

Selon le cabinet Altares, le premier trimestre a limité les dégâts avec des faillites tombées à moins de 11 000 contre un plus de 14 000 sur les trois premiers mois de l’an dernier, soit une baisse de 20%. Mais l’activité a été mise en sommeil à partir de la mi-mars avec le confinement. Et si l’on regarde les quinze premiers jours d’avril, il y a eu 650 redressements et liquidations judiciaires contre près de 3 000 sur la même période de 2019. Le tsunami attendu n’a donc pas eu lieu.

Effet trompe-l'œil et rôle amortisseur

Ce phénomène peut paraître paradoxal, mais il s'explique. D’abord, avec le confinement, les tribunaux de commerce ont fermé à partir du 17 mars… ce qui a fait s’effondrer le nombre de procédures sur la seconde partie du mois. Mais, si on fait abstraction de cet effet trompe l’œil, nous constatons surtout que les mesures de soutien mises en place par l’Etat ont bien joué leur rôle d’amortisseur. Altares en veut pour preuve qu’à la reprise des audiences des tribunaux par visioconférence début avril, aucune envolée massive de défaillances ne s’est produite.

Aucun secteur ne présente donc de "taux de mortalité" inquiétant. Pour l’instant, rien d’extraordinaire par rapport à la normale… si ce n’est que sur les quinze premiers jours d’avril (donc en plein confinement) 12% des entreprises défaillantes étaient des PME contre 5% il y a un an à la même période. C’est un vrai indicateur.

La nécessité d'un "plan de convalescence"

Outre cette fragilité notable, Altares s’inquiète plus de l’après. Le directeur des études du cabinet conseil, Thierry Million, insiste sur le fait que les mesures de soutien mises en place par l’Etat, qui font effet aujourd’hui, ne le feront plus dans quelques mois.

L’activité ne va pas reprendre du jour au lendemain et les dégâts se feront plus sentir à la rentrée, voire dès cet été, avec des entreprises qui, certes, auront été soutenues à bout de bras par la force publique, mais dont les chiffres d’affaires seront inexistants, fragilisant d’autant la reprise : il faudra acheter les matières premières, recommencer à payer les salariés, alors qu’il n’y aura plus d’argent dans les caisses. D’où la nécessité de mettre en place dès aujourd’hui ce qu’Altares appelle un "plan de convalescence" pour éviter une fin d’année compliquée.

Conclusion : les chiffres des défaillances d’entreprises, à ce jour, ne sont pas catastrophiques malgré la situation. Ce qui pourrait être radicalement différent en septembre ou octobre si le gouvernement ne prolonge pas ses différents plans de soutien au tissu productif.

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