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Coronavirus : "Ni la guerre, ni la pandémie ne sont assurables", explique Jean-Laurent Granier, vice-président de la Fédération française de l’assurance

Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France et vice-président de la Fédération française de l’assurance, réagit aux mots d'Emmanuel Macron, le 13 avril, incitant les assureurs à "être au rendez-vous" de la mobilisation contre l'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France et vice-président de la Fédération française de l’assurance. (Hervé THOUROUDE)

Emmanuel Macron a déclaré le 13 avril que les assureurs "devaient être au rendez-vous de cette mobilisation économique" pour faire face à la crise provoquée par l'épidémie de coronavirus. Mais si les assurances ont doublé leur participation au fonds de solidarité mis en place par l'Etat, "ni la guerre, ni la pandémie ne sont assurables", a prévenu mardi 14 avril sur franceinfo Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France et vice-président de la Fédération française de l’assurance. Ce dernier plaide toutefois pour la création d'un régime assurantiel de catastrophe sanitaire, du même type que celui existant pour les catastrophes naturelles, expliquant que des discussions étaient en cours avec le gouvernement à ce sujet.

Que répondez-vous à Emmanuel Macron qui vous demande d'être "au rendez-vous" ?

Le chef de l'Etat nous demande, et nous l'avons entendu, d'être au rendez-vous de la mobilisation et j'ai envie de dire 'nous sommes mobilisés'. Nous sommes mobilisés depuis le début de la crise mais peut-être sommes-nous trop discrets ? Nous n'avons peut-être pas fait savoir assez clairement ce que nous faisions parce que dès le début notre profession a pris des engagements à hauteur de plus d'un milliard d'euros, notamment envers les professions les plus touchées, les indépendants et les très petites entreprises. Nous sommes le seul secteur professionnel à avoir abondé le fonds de solidarité aux côtés de l'Etat et aux côtés des régions. On nous parle parfois des cotisations des assureurs en mentionnant le chiffre de 220 milliards. Mais de quoi parle-t-on ? Nous parlons de cotisations que nous prélevons, pour plus des deux tiers, pour gérer l'épargne et l'assurance-vie des Français, pour qu'ils préparent leur retraite. Depuis le début nous sommes mobilisés aux côtés des citoyens et de nos clients dans cette crise.

Des commerçants se plaignent de ne pas être indemnisés par leur assureur au titre de la perte d'exploitation, que leur répondez-vous ?

D'abord je comprends la détresse de ces commerçants et artisans confrontés à cette situation inattendue. Mais ni la guerre, ni la pandémie ne sont assurables. Pourquoi ? Parce que tout le monde est touché en même temps. Ceci est contraire au principe de mutualisation. Nous prenons les cotisations de tout le monde pour financer, indemniser ceux qui ont des problèmes. Ici tout le monde est touché en même temps, parce qu'il ne s'agit pas d'une perte d'exploitation. Il s'agit d'une fermeture administrative pour cause d'épidémie, une interdiction d'exploiter qui touche tout un secteur. Pour pouvoir gérer cela, il faudrait avoir créé en amont des réserves dans lesquelles puiser. En France les pertes d'exploitation représentent plus de 60 milliards d'euros avec cette crise probablement. L'ensemble des fonds propres de tous les assureurs, c'est moins de 57 milliards d'euros. Ca veut dire que si on devait couvrir ça, à la fin de la crise il n'y aurait plus d'assureurs.

Est-il imaginable de créer un régime assurantiel de catastrophe sanitaire, du même type que celui de catastrophe naturelle ?

Nous avons en effet, avec les catastrophes naturelles, un régime de partenariat public-privé qui fonctionne très bien, qui permet aux assureurs d'intervenir en première ligne, et ensuite à l'Etat d'intervenir pour apporter une garantie totale. Là, on ne peut pas le faire pour les catastrophes sanitaires parce qu'il aurait fallu créer ce régime en amont. Aujourd'hui aucune réserve n'existe et c'est pour ça qu'en tant qu'assureur nous avons décidé, en collaboration avec les pouvoirs publics, de faire des propositions très concrètes dès la fin du mois de juin pour aller vers un régime pour le futur que nous pourrons doter, préparer, mais tout ceci nécessite d'être prévu en amont.

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