Coronavirus : "On a beaucoup appris" sur la maladie qui est finalement "virale mais aussi inflammatoire et vasculaire", assure un infectiologue de l'hôpital Bichat
Xavier Lescure estime que "la connaissance va à toute vitesse" et que parallèlement il y a une amélioration de la situation dans les hôpitaux. "La vague a baissé un peu en intensité. on commence à respirer un petit peu", constate ce spécialiste en maladies infectieuses.
Si la situation reste tendue en Île-de-France avec l'épidémie de coronavirus, la situation s'améliore un peu. "La vague a baissé un peu en intensité. on commence à respirer un petit peu", a expliqué jeudi 16 avril sur franceinfo, Xavier Lescure, médecin spécialiste en maladies infectieuses à l'hôpital Bichat à Paris.
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Les patients atteints du Covid-19 sont aussi mieux pris en charge. "On a beaucoup appris grâce au partage d'expériences dans la collectivité médicale, scientifique, épidémiologique", a-t-il indiqué. Maintenant "on sait aussi que c'est une maladie virale, mais c'est aussi une maladie inflammatoire et une maladie vasculaire", a poursuivi Xavier Lescure. "On a appris beaucoup sur les comorbidités et les facteurs qui étaient associés à la gravité".
franceinfo : Où en est la situation chez vous, à l'hôpital Bichat, à Paris ?
Xavier Lescure : On commence par respirer un petit peu. C'est-à-dire que, depuis sept à dix jours, on n'est plus dans une situation d'extrême tension et de saturation où, quand vous n'avez plus de places en réanimation, vous avez des soucis de prise en charge quand les patients s'aggravent. Donc la vague a baissé un peu en intensité. Et puis, c'est vrai que les transferts de patients dans d'autres régions ont permis un appel d'air qui fait du bien aux patients, à la prise en charge de ses patients et aux équipes soignantes. Après, on est toujours sur nos gardes. On reste extrêmement mobilisés. Et puis, on a aussi des questions sur les équipes et sur une certaine fatigue. Mais effectivement, ça va mieux il y a un petit appel d'air. On a un peu de marge sur les lits de réanimation et d'hospitalisation. Il y a un petit gradient Nord-Sud en Île-de-France et c'est vrai que l'on est très préoccupé par les autres pathologies hors Covid-19 qu'on ne voit plus et qui vont probablement revenir. Et possiblement sur des niveaux de gravité un peu supérieurs du fait d'une attente, et du fait qu'effectivement la priorité est donnée au Covid-19, et de l'appel à rester chez soi quand on n'avait pas d'urgence sanitaire.
Vous avez appris sur le coronavirus. Est-ce que des patients qui arrivent aujourd'hui sont soignés différemment ? Est-ce que les protocoles ont un peu évolué ?
Oui, on a beaucoup appris grâce au partage d'expériences dans la collectivité médicale, scientifique, épidémiologique. On a un peu de recul. La connaissance va à toute vitesse et probablement que les patients sont mieux pris en charge en termes de diagnostic. On a appris des signes cliniques, en termes de surveillance et de vigilance, à surveiller le virage vers la bascule, vers la gravité, puisqu'on a appris que les patients pouvaient s'aggraver assez rapidement. On a appris beaucoup sur les comorbidités et les facteurs qui étaient associés à la gravité. Et si on met des traitements précocement, ce serait probablement chez ces gens-là, et pas forcément chez tout le monde.
On sait que l'histoire naturelle de la maladie, c'est qu'on va guérir spontanément, sans aucun souci particulier dans 85% des cas.
Xavier Lescure, médecin spécialiste en maladies infectieuses à l'hôpital Bichatà franceinfo
Et puis, on sait aussi que c'est une maladie virale, mais c'est aussi une maladie inflammatoire et une maladie vasculaire. Donc toute la prise en charge repose sur trois axes : certes, le traitement du virus, mais aussi le traitement de l'inflammation ce qu'on appelle l'orage inflammatoire ou l'orage cyclothymique, mais aussi la prévention des maladies thromboemboliques, qui sont extrêmement importantes dans cette maladie, avec un tropisme vasculaire de l'infection et de l'inflammation, et avec une prévention qui permet d'éviter des morts subites.
Le traitement du professeur Raoult, à base d'hydroxychloroquine et d'azithromycine, est testé notamment au CHU de Montpellier. Ça peut permettre de clore le débat sur ce type d'essais cliniques ?
Oui, il faut des essais cliniques avec des bras contrôles (NDLR : soit un groupe de participants qui reçoit les mêmes actes, ou aucun acte, conformément au protocole de l’étude). C'est vrai que, ce qui est un peu dommage, c'est qu'on peut apporter de la recherche en faisant autre chose que des effets randomisés qui prennent effectivement du temps. Et puis, on est tous un peu pressés. Le souci, c'est que, avec l'usage de l'hydroxychloroquine à Marseille, on aurait pu faire des essais randomisés si on avait un message un peu éclairé et un peu mesuré pour permettre aux personnes qui seraient incluses dans ces recherches de pouvoir avoir l'ambivalence de prendre ou pas l'hydroxychloroquine. C'est vrai que, quand on a un discours extrêmement tranché, on est convaincant sur un médicament. Et l'approche et la vision qu'on a de la maladie ou de son traitement peut être un peu biaisée de façon systématique. C'est ça qui, probablement, empêche un peu, ralentit, la recherche contrôlée, c'est-à-dire avec un bras comparateur.
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