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Coronavirus : un coût social élevé pour les compagnies aériennes

Le transport aérien commence à répercuter sur son personnel les conséquences de la chute du trafic international.

Article rédigé par franceinfo - Camille Laurent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des hôtesses de la compagnie China Eastern Airlines à l'aéroport de Sydney, le 25 janvier 2020. (PETER PARKS / AFP)

L'épidémie de coronavirus affecte durement le secteur aérien. Les compagnies sont en première ligne et souffrent des restrictions de circulation adoptées par de nombreux pays afin d'endiguer la propagation du virus. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), l'épidémie de coronavirus pourrait coûter jusqu'à 113 milliards de dollars, soit près de 100 milliards d'euros, au secteur aérien et causer une chute de 19% du nombre de voyageur en 2020. Dans un scénario un peu plus optimiste, IATA estime que les compagnies aériennes pourraient perdre 11% de voyageurs et 63 milliards de dollars, soit plus de 55 milliards d'euros, cette année. Elles prennent déjà des mesures, plus ou moins contraignantes selon les pays, pour amortir le choc.

En France 

Air France écrit jeudi 5 mars à ses 45 000 salariés pour les inciter à poser des congés, avec ou sans solde, ou à passer en temps partiel pour une période limitée. Face à la crise du coronavirus, la compagnie subit le ralentissement du trafic aérien. Comme d'autres transporteurs, ses vols vers la Chine sont suspendus, au moins jusqu'à la mi-mars. Mi-février, Air France estime que cette décision va lui coûter entre 150 et 200 millions d'euros. Depuis, les syndicats évoquent des vols quasiment vides sur certaines destinations et des réservations en berne pour l'été, faute de visibilité. Pour tenter de rassurer ses clients, la compagnie leur permet d'annuler leur billet jusqu'au 31 mai. La direction assure que les mesures proposées aux salariés se feront sur la base du volontariat, contrairement à d'autres transporteurs qui optent pour des actions plus contraignantes.

En Asie

La compagnie China Airlinesbasée à Taïwan, ne fonctionne actuellement qu'à 50%. Entre février et avril, 6 500 vols vont être annulés au total. En conséquence, elle demande à ses 10 000 salariés de prendre des congés, payés ou sans solde, réduit le temps de travail et baisse les salaires.

Du coté de Hong Kong qui a fermé ses frontières avec la Chine continentale, le patron de Cathay Pacific a exigé il y a un mois de ses 27 000 employés qu'ils prennent trois semaines de congés sans solde. La deuxième compagnie de Hong Kong, Hong Kong Airlines, supprime elle 400 emplois. Elle demande aux salariés restant de prendre un minimum de deux semaines de congés sans solde ou de travailler seulement trois jours par semaine jusqu'à la fin du mois de juin.

Au Moyen-Orient

Dans cette zone, l'Iran est un pays particulièrement touché par l'épidémie, avec 124 morts et près de 5 000 personnes contaminées le vendredi 6 mars. Ses voisins prennent des précautions en interdisant à leurs ressortissants de se rendre en Iran. Les compagnies aériennes de la région en souffrent. Chez Emirates, basée aux Emirats Arabes Unis, les vols vers l'Iran et la Chine notamment sont supprimés. La compagnie, qui compte 100 000 salariés dont 21 000 hôtesses et stewards et 4 000 pilotes, demande à ses salariés de prendre jusqu'à un mois de congé sans solde. En Israël, la compagnie nationale El Al pourrait supprimer 1 000 emplois sur un total de 6 000, soit un emploi sur six.

En Europe

Le coronavirus porte un coup fatal à la compagnie britannique Flybe, qui était déjà en difficulté. Face à la suppression de nombreux vols, elle fait faillite, supprimant au passage 2 000 emplois. Ses avions sont cloués au sol depuis jeudi 5 mars. Un coup dur pour cette compagnie qui joue un rôle important dans les liaisons entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume Uni. De son coté, British Airways annonce l'annulation de 200 vols pour la deuxième quinzaine de mars, notamment entre Londres et New York.

En Allemagne, Lufthansa compte 150 appareils immobilisés. La compagnie annonce des mesures de congés sans solde, de temps partiel et un gel des embauches.

Aux États-Unis

La quatrième compagnie mondiale United Airlines annoncent à ses employés une baisse de 20% des vols internationaux et de 10% des vols intérieurs pour le mois prochain. En conséquence, les salariés pourraient être amenés à prendre des congés sans solde et les nouvelles embauches sont suspendues. Lors d'une réunion à la Maison blanche avec les patrons des compagnies américaines mercredi 4 mars, Donald Trump n'a pas abordé l'éventualité d'une aide de l'État.

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