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Coronavirus : un détenu adresse une lettre à la ministre de la Justice pour "prendre urgemment des mesures exceptionnelles en respectant la dignité humaine"

Un détenu de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), où un cas de coronavirus a été détecté, demande à la ministre de "désengorger les prisons" et de ne pas les laisser "devenir des camps de concentration et des mouroirs".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone. Photo d'illustration. (JEAN MICHEL MART / MAXPPP)

"Il faut prendre urgemment des mesures exceptionnelles en respectant la dignité humaine", écrit dans une lettre adressée à la ministre de la Justice Nicole Belloubet un détenu de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault où un cas de coronavirus a été détecté et où une vingtaine de détenus possiblement contaminés sont mis à l’isolement, rapporte franceinfo mercredi 25 mars.

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Dans sa lettre, le détenu note des contradictions dans les mesures de sécurité appliquées dans les prisons : "Les parloirs ont été arrêtés, c'est une bonne mesure de sécurité sanitaire et compréhensible, (…) seulement, alors que le virus est bien présent à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, les promenades, où sont entassés des centaines de détenus chaque heure, continuent comme si de rien n’était."

"Aucune mesure sérieuse et sanitaire"

Selon lui, "aucune mesure sérieuse et sanitaire n’a réellement été mise en place" pour empêcher la propagation du virus par les surveillants ou les détenus. Il cite en exemple les personnes qui distribuent les repas aux détenus et sont contraintes de "voler discrètement des gants" pour pouvoir "travailler dans des conditions hygiéniques de base".

Nous sommes en danger permanent et notre sécurité est compromise.

Un détenu de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone

De plus, il n’est "donné aucune mesure exceptionnelle logistique et matérielle" pour "bien nettoyer" les lieux, "les couloirs, les portes, les poignées, les grilles, et toutes les surfaces que le personnel, les surveillants et les détenus touchent tous les jours et toute la journée". D’autant que "le principal problème est que détenus et surveillants prennent vraiment trop à la légère la crise sanitaire du covid-19, se croyant plus forts que la maladie et ce virus dévastateur".

"S'il vous plaît, réagissez"

L’auteur de la lettre demande à la ministre de la Justice de "désengorger les prisons" : "Allez-vous prendre le risque de laisser mourir des milliers de personnes en détention provisoire, ces prévenus de France en mandat de dépôt ou en attente de jugement, toutes ces fins de peine, ou encore tous ces aménagements possibles, sous prétexte que la situation est soi-disant gérée et bientôt finie, alors que ce n'est que le début ?"

"Madame la ministre de la Justice, veuillez prendre en considération cet appel à la bienveillance et à la dignité humaine, en ne laissant pas les prisons devenir des camps de concentration et des mouroirs en cette période de crise sanitaire horrible indépendante de notre volonté. S'il vous plaît, réagissez", implore le détenu.

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