Covid-19 : à Wuhan, de nombreux expatriés n'ont pas retrouvé leur vie d'avant le confinement
Il y a deux ans, la ville de Wuhan en Chine, épicentre de la pandémie de Covid-19, était confinée. Si les habitants ont repris une vie presque normale, de nombreux expatriés sont toujours empêtrés dans les difficultés.
Dans son appartement de la banlieue de Wuhan, Yann, la cinquantaine, est en ce moment sans travail et sans revenu. Avant l'épidémie de Covid-19, le coiffeur français, arrivé en Chine en 2016, avait pourtant une activité florissante à Wuhan avec un salon avec une clientèle composée essentiellement de Français travaillant dans l’usine Peugeot. Mais le confinement est venu brutalement mettre un terme à ses activités.
Le 23 janvier 2020, 13 millions d’habitants étaient totalement confinés à Wuhan en seulement quelques heures pour stopper la propagation du Covid-19. Deux ans après les habitants ont retrouvé une vie presque normale, mais les cicatrices ne sont pas refermées pour tout le monde, notamment pour la communauté expatriée. Qu’ils soient Africains, Européens ou encore Américains, l’épidémie a fait basculer leurs vies et certains sont toujours empêtrés dans les difficultés .
Repartir de zéro
Rapatrié en France, Yann a dû attendre deux ans pour récupérer son visa. Il n’a pu rentrer en Chine qu’il y a quelques semaines. Son salon de coiffure n’existe plus et il doit aujourd’hui repartir de zéro : trouver un local et une nouvelle clientèle. "La clientèle étrangère a diminué carrément de 70%, indique Yann. Maintenant, on va faire la bascule de l'autre côté. Il faut que je me mette en tête que j'ai 70% de clients chinois et 30% de clients étrangers."
"Quand on décide de venir en Chine, il faut toujours avoir une démarche positive. Il faut accepter que ce n'est pas facile et qu'il faut du temps."
Yann, coiffeurà franceinfo
Le cas de Yann est loin d’être isolé. De nombreux expatriés ont, comme lui, perdu leur entreprise à cause du confinement. La précarité est un phénomène nouveau chez les expatriés. "Il n'y a aucune aide chinoise, explique Françoise Onillon, conseillère consulaire pour les ressortissants français. Les aides qu'on peut avoir, ce sont celles de la France, comme des bourses pour les enfants à l'école, mais c'est tout. On n'a pas d'aide alimentaire. "
La crainte d'aller voir sa famille
Thony lui a toujours son travail. Ce Congolais de 27 ans dirige une société de trading avec six employés. Thony vit confortablement, mais l’épidémie a fait basculer sa vie. À cause de la fermeture des frontières de la Chine, il n’a encore jamais vu son fils né en Afrique.
"On essaie de se réveiller tous les jours et on se dit que ça va aller. Mais après, à la fin, ça nous affecte énormément. Je n'ai pas encore vu mon enfant, c'est ce qui fait le plus mal." Comme Thony, de nombreux chefs d’entreprise expatriés hésitent à faire le voyage pour aller voir leur famille en Europe ou en Afrique. Avec la fermeture des frontières, ils savent que le retour en Chine sera compliqué et que leur entreprise à Wuhan risque de disparaître.
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