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Covid-19 : ce qu'il faut retenir de la nouvelle étude de l'Institut Pasteur sur les modes de contaminations

Cette enquête au long cours affirme que les enfants scolarisés à l'école primaire n'induisent pas de surrisque pour les parents. Parmi les professions les plus exposées : les chauffeurs et les professions intermédiaires de la santé et du travail social.

Article rédigé par franceinfo
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Un couple de quinquagénaires passe le repas du réveillon du Nouvel An seul, avec des masques, en tête à tête, à cause du couvre-feu et des restrictions sanitaires. (ROMAIN LONGIERAS / HANS LUCAS / AFP)

Où et comment l'épidémie de Covid-19 se propage-t-elle ? Principalement dans les lieux clos mal aérés, souvent lors des repas partagés avec ses proches, ses amis ou ses collègues, et beaucoup parce que les malades ne s'isolent pas dès les premiers symptômes. Communiqués mardi 9 mars, les nouveaux résultats de l'étude ComCor (PDF), portant sur 77 208 personnes "avec infection aiguë par le Sars-CoV-2", confirment les travaux de recherche publiés jusqu'ici. Mais cette enquête au long cours de l'Institut Pasteur, "qui couvre à ce jour la période du 1er octobre 2020 au 31 janvier 2021", précise aussi qui sont les travailleurs les plus exposés, notamment les chauffeurs ou les assistantes sociales, et le surrisque associé ou non aux lieux scolaires. Voici ce qu'il faut en retenir.

La grande majorité des contaminations ont lieu dans des endroits clos mal aérés

Premier constat qui relève désormais de l'évidence : les contaminations se produisent de façon écrasante en lieu clos mal aéré. En dehors du domicile, "l'analyse de plus de 10 000 contacts uniques (...) à l'origine d'une infection montre que ce contact a eu lieu à l'intérieur fenêtres fermées dans 80% des cas, à l'intérieur fenêtres ouvertes dans 15% des cas, et à l'extérieur dans 5% des cas", selon les chercheurs. A l'inverse, "le sport en extérieur peut être recommandé tant que la distance physique est respectée".

Dans la moitié des cas, les personnes infectées ne savent pas qui les a contaminées. Selon l'enquête, seules "45% des personnes infectées connaissent la personne source qui les a infectées, 18% suspectent un évènement particulier sans connaître la personne source de l'infection et 37% ne savent pas comment elles se sont infectées. Quand les personnes interrogées savent qui les a infectées, elles désignent d'abord quelqu'un dans le foyer (42%), puis un membre de la famille élargie (21%), une connaissance professionnelle (15%), un ami (11%) ou autre (11%)".

"Les réunions privées, avec famille élargie et amis, et le travail en bureaux partagés, constituent les circonstances de transmission du virus les mieux identifiées."

Les auteurs de l'étude ComCor

dans leur rapport de recherche

Les repas sont toujours à l'origine de nombreuses contaminations

Hélas pour la convivialité, les repas jouent toujours un rôle central dans les contaminations étudiées, "que ce soit en milieu familial (35% des cas hors repas de Noël), amical (42%) ou à moindre degré professionnel (15%)". Les fêtes de fin d'année y ont cruellement contribué : "Les repas de Noël ont joué un rôle important en milieu familial (39% des contaminations extradomiciliaires en milieu familial élargi) et le réveillon du Nouvel An pour les contaminations avec les amis (30% des contaminations extradomiciliaires avec des amis en décembre)", notent les auteurs de l'étude. Mais le milieu professionnel n'est pas oublié : "Le bureau partagé est le lieu de contamination dans 35% des cas." Le rapport rappelle enfin que "la fréquentation des bars et des restaurants a été associée à un surrisque d'infection pendant la période où ils étaient ouverts". Mais, ajoute-t-elle, "le risque n'a pas pu être réévalué depuis leur fermeture en novembre".

L'isolement n'est pas respecté assez vite

Malgré les consignes répétées, les personnes présentant les symptômes du Covid-19 sont encore trop lentes à s'isoler, selon l'étude, et ne protègent pas assez leurs proches. "Les patients s'isolent moins souvent vis-à-vis des personnes vivant au sein de leur foyer (60%) qu'ils ne le font vis-à-vis des personnes qui vivent hors de leur foyer (98%)", remarquent les chercheurs. Avant de pointer un isolement trop tardif : "Ils étaient 63% à s'isoler dès le jour d'apparition des symptômes en octobre, ils ne sont plus que 42% en janvier". 

Quelles mesures d'isolement respectent les personnes contaminées ? "Une limitation des déplacements (93% en moyenne), une éviction des contacts avec les personnes fragiles (83% en moyenne), le port du masque (89% en moyenne) et le lavage des mains (90% en moyenne)". Des chiffres hauts, mais qui faiblissent un peu : selon le rapport de recherche, "en dehors du port du masque qui est resté stable, les trois autres mesures d'isolement ont légèrement diminué au cours du temps".

Les enfants à l'école primaire ne représentent pas un danger plus élevé 

Le constat va conforter le gouvernement dans sa volonté de maintenir les écoles ouvertes. "Avoir un enfant scolarisé en primaire n'a pas été jusqu'à maintenant associé à un surrisque d'infection pour les adultes vivant dans le même foyer", jugent les auteurs de l'étude. Et de noter toutefois "depuis janvier une augmentation des infections intra-domiciliaires vers les adultes dues à des enfants de moins de 11 ans", d'autant que "la part des contaminations liée aux enfants de moins de 6 ans augmente de 2% à 5% et celle des enfants de 6 à 11 ans de 3% à 8% pendant la période d'étude".

Cette hausse, avancent-ils, pourrait être corrélée à "l'arrivée des variants anglais, sud-africains et brésiliens sur le territoire français. Le variant anglais est environ 50% plus transmissible que le virus traditionnel". D'où cette hypothèse :

"Il est possible, si la dose minimale infectante est plus faible avec la contagiosité accrue du variant anglais, que des modes de transmission inefficaces auparavant chez les enfants le soient devenus avec l'arrivée de ces variants plus contagieux."

Les auteurs de l'étude ComCor

dans leur rapport de recherche

En revanche, il semble avéré qu'avoir un adolescent scolarisé ou un tout-petit placé chez une nounou entraînerait davantage de risque de contamination des parents. "Au sein du foyer, avoir un enfant scolarisé représente un surrisque d'infection pour les adultes, notamment ceux gardés par une assistante maternelle (+39%) et ceux qui vont au collège (+27%) et au lycée (+29%)", estiment les auteurs de l'enquête.

On en sait plus sur les professions à risque

"La relation entre diplômes et risque d'infection suit une courbe en U", synthétise l'étude. "Les bacheliers jusqu'à Bac+4 sont moins à risque d'infection, comparés aux non-bacheliers et aux Bac+5." Les catégories professionnelles les plus exposées sont celles qui exercent en milieu clos avec de fréquents contacts. Soit, dans l'ordre, "les chauffeurs, puis les professions intermédiaires de la santé et du travail social, suivis des chefs d'entreprise et des cadres et ingénieurs".

"Artisans et ouvriers artisans, commerçants et assimilés, professions libérales, professions de l'information, des arts et des spectacles, techniciens, contremaîtres et agents de maîtrise, employés de commerce, ouvriers qualifiés de type industriel, étudiants, chômeurs et inactifs" sont, eux, considérés comme "à risque moyen" d'infection.

Sans surprise, le télétravail joue un rôle protecteur (-24% de risque pour le télétravail partiel, -30% pour le télétravail total par rapport à des personnes effectuant le même travail en bureau). "Pour les déplacements, les transports en commun n'ont pas été associés à un surrisque d'infection", remarquent encore les auteurs de l'étude ComCor. En revanche, "le covoiturage l'a été (+58%)".

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