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Covid-19 : Des médecins de l'hôpital Saint-Louis rendent hommage à une patiente décédée très "altruiste"

Les médecins réanimateurs ont rédigé, avec une sociologue, une lettre en l'honneur de Denise, décédée des suites du coronavirus à l'âge de 90 ans. Une femme qui a "énormément marqué par sa générosité", explique le médecin Elie Azoulay.

Article rédigé par franceinfo
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L'hôpital Saint-Louis à Paris (Xe arrondissement). (IMAGE POINT FR - LPN / BSIP)

"Elle a donné un sens énorme à ce que nous faisons au quotidien", déclare sur franceinfo, mardi 8 décembre, le chef du service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Saint-Louis, le professeur Elie Azoulay. Dans une lettre publiée par le quotidien Le Monde, et signée avec une sociologue et deux autres médecins réanimateurs, il rend hommage à Denise, une patiente de 90 ans décédée des suites du Covid-19. Cette femme a suscité l'admiration des soignants qui l'ont entourée en choisissant de ne pas occuper le dernier lit disponible en réanimation dans à l'hôpital.

Une patiente qui s'inquiète de savoir s'il y a de l'oxygène pour tout le monde

"C'est une patiente qui s'est présenté aux urgences avec une insuffisance respiratoire", raconte Elie Azoulay. Comme à chaque fois, les soignants lui posent des questions pour évaluer la gravité de son état. Mais cette fois, "on se rend compte qu'elle nous pose presque autant de questions, ce qui n'arrive jamais". Il explique qu'elle s'interroge "sur comment nous allions, comment nous faisions face, comment était le service de réanimation, quel âge avaient les malades". Le professeur de médecine se souvient qu'au bout d'un moment, Denise a dit : "finalement, ces lits de réanimation sont plus pour mes enfants et mes petits-enfants que pour moi". La patiente s'inquiète même de savoir s'il y a de l'oxygène pour tout le monde alors qu'on lui augmente fortement ses doses.

On peut être altruiste dans son salon mais quand on est probablement proche de la fin de sa vie, avoir autant d'attention sur la collectivité, ça nous a énormément marqué.

Elie Azoulay

"C'est quelqu'un qui nous a énormément marqué par sa générosité. Elle a posé les bonnes questions, elle était très informée, et elle avait déjà parlé de ses préférences, de ses directives anticipées", ajoute Elie Azoulay. Le médecin remercie cette patiente exemplaire d'avoir "donné un sens à ce que (les soignants font) au quotidien" en leur demandant de raconter son histoire. "Elle nous a donné la possibilité de montrer qu'on ne décide jamais de l'admission d'un patient en réanimation sur des critères d'âge, ou en jouant à pile ou face".

Le chef du service de réanimation à l'hôpital Saint-Louis explique que "ce sont des décisions individualisées". "Tous les jours, nous faisons l'effort d'aller voir chacun, de les examiner, d'aller leur parler, de savoir qui ils sont et de comprendre leurs préférences et leurs valeurs", défend Elie Azoulay. Cette fois, le médecin et son équipe ont eu "la chance de le faire avec la patiente elle-même et avec son fils".

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