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Covid-19 : et si la France évitait une cinquième vague ? Les nouvelles rassurantes des épidémiologistes

Article rédigé par Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des passants marchent dans le quartier du Marais, à Paris, en juin 2021. (ONLY FRANCE VIA AFP)

La baisse des contaminations et la forte couverture vaccinale contre le Sars-CoV-2 rendent optimistes les experts interrogés par franceinfo, alors que débute la saison automnale.

"Vous voulez parler de l'épidémie ? Mais c'est encore un sujet d'actualité ?" Lorsque nous l'appelons pour nous renseigner sur la circulation du Covid-19 en France, l'épidémiologiste Renaud Piarroux commence par répondre sur le ton de l'humour. Alors que nous entrons dans la saison automnale, celle-là même au cours de laquelle la deuxième vague avait submergé la France il y a un an, les scientifiques ont plutôt le sourire. La baisse importante du nombre de cas ces dernières semaines et les forts taux de vaccination dans la population adulte rendent les spécialistes optimistes pour les prochains mois. Mais ils préviennent également que l'épidémie n'est pas terminée pour autant.

Avec un nombre de contaminations par jour descendu autour de 5 000 et des nouvelles hospitalisations quotidiennes également en baisse – moins de 300 patients par jour en moyenne depuis la semaine dernière –, les indicateurs semblent au vert. "L'épidémie est en décroissance avec un nombre de reproduction entre 0,8 et 0,9. Autrement dit, 10 personnes en contaminent moins de 9. Le virus continue donc de circuler mais nous sommes dans une situation favorable. L'an dernier à la même période, le nombre de reproduction se situait entre 1,1 et 1,3, en début de deuxième vague, ce qui n'est pas le cas actuellement", explique l'épidémiologiste Mircea Sofonea.

Pour ce chercheur de l'université de Montpellier (Hérault), dont le travail consiste à modéliser des scénarios sur le futur de l'épidémie, nous pourrions même nous permettre d'encaisser un éventuel rebond cet automne. "Il est tout à fait possible que les courbes stagnent, voire qu'elles repartent à la hausse dans les prochaines semaines, à la faveur du retour du froid et des jours plus courts. Mais le changement de régime ne se fera pas du jour au lendemain", affirme-t-il.

"Pour que la situation s'inverse, il faudrait un nouveau variant ou qu'il y ait un changement brutal dans l'application des gestes barrières. Or, dans l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de variant menaçant en train de remplacer le Delta et nous ne sommes pas non plus dans une optique de relâchement généralisé des mesures sanitaires."

Mircea Sofonea, épidémiologiste

Franceinfo

Même la rentrée scolaire, qui concentrait pourtant les inquiétudes depuis le début du mois de septembre, n'a pas eu l'effet redouté. "Cela fait maintenant un mois que la rentrée est passée. Le Covid-19 s'est effectivement transmis entre les enfants. Mais pas tant que ça finalement. Les contaminations baissent même chez les moins de 10 ans, qui ne sont pourtant pas vaccinés", constate Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Selon les chercheurs, cette éclaircie après près d'un an et demi de pandémie s'explique avant tout par la vaccination. "L'an dernier, la deuxième vague était la conséquence d'un relâchement initié au cours de l'été. Ce qui a changé cette année, c'est la vaccination", explique Mircea Sofonea. D'après les derniers chiffres publiés par Santé publique France, plus de 88% des Français de 18 ans et plus ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19. Et près de 86% ont un schéma vaccinal complet. "L'immunité de la population est plutôt bonne", constate aussi Renaud Piarroux. Mais il alerte également : "L'enjeu désormais, c'est de maintenir cette immunité."

"L'immunité collective est une chimère"

Car à mesure que le temps passe, l'espoir d'une disparition pure et simple du Covid-19 s'évanouit. "Les vaccins ne sont pas aussi efficaces contre l'infection et les transmissions secondaires que contre les formes graves de la maladie. L'idée que l'on pourrait un jour atteindre l'immunité collective par ce seul moyen est une chimère", prévient le modélisateur Mircea Sofonea. Selon ce chercheur, on se dirige plutôt vers le scénario d'une circulation endémique, "c'est-à-dire de type grippal, avec une saisonnalité induite par la météo et la durée du jour, un impact sanitaire du Covid-19 plus ou moins important selon les années et des vaccins qu'il faudra éventuellement actualiser".

A moyen terme, Renaud Piarroux affirme pour sa part que l'injection d'une dose de rappel à l'ensemble des personnes déjà vaccinées est nécessaire. "C'est la vaccination qui nous protège. Or nous savons que deux doses ne sont pas suffisantes", affirme cet épidémiologiste de terrain. Le chercheur cite le cas d'Israël, un pays qui a vacciné très tôt sa population, dès décembre 2020, mais qui a malgré tout connu une nouvelle poussée épidémique cet été. "Il faut commencer par les personnes âgées et les plus fragiles. Mais si nous ne voulons pas laisser le virus reprendre le dessus, à terme, c'est toute la population qui devra se faire injecter une troisième dose", prévient-il.

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