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Covid-19 : l'état d'urgence est "tout à fait justifié" en Guadeloupe, selon un médecin qui se dit "très inquiet"

Bruno Jarrige, responsable de la cellule Covid de l'hôpital de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), a expliqué mercredi sur franceinfo que l'épidémie "monte très vite" sur l'île d'outre-mer.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des soignants s'occupent d'un malade du Covid-19 à l'hôpital de Pointe-à-Pitre, le 3 septembre 2021. (CARLA BERNHARDT / AFP)

"En une semaine, le taux d’incidence de la Guadeloupe a été multiplié par cinq", a déploré ce mercredi sur franceinfo le docteur Bruno Jarrige, responsable de la cellule Covid-19 du CHU de Pointe-à-Pitre. Ces chiffres l'amènent à penser que l'instauration de l'état d'urgence sur l'île est "tout à fait justifiée". "On est à plus de 1 000 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants." Selon lui, c’est d’autant plus "difficile de travailler dans une absence complète de sérénité" que des incidents ont eu lieu mardi, le directeur affirmant avoir été agressé par certains agents non-vaccinés et suspendus.

franceinfo : Dans quel climat travaillez-vous en ce moment ?

Bruno Jarrige : Le climat social est très délétère. Il y a un impact direct sur les soins puisque les médecins, les paramédicaux qui travaillent, les 95% des agents qui ne sont pas suspendus, ont beaucoup de mal à travailler car l'ambiance est très dégradée avec une apogée [mardi] soir [lors de l'agression du directeur de l'hôpital par des salariés de l'hôpital]. D'autant que la cinquième vague commence chez nous. Ça va être difficile de travailler dans une absence complète de sérénité.

L'état d'urgence sanitaire vient d'ailleurs d'être décrété. Est-ce justifié selon vous ?

C'est tout à fait justifié. En une semaine, le taux d’incidence de la Guadeloupe a été multipliée par cinq. Actuellement, on est à plus de 1 000 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants. C'est un peu en décalé par rapport à la métropole mais ça monte très vite et on est très inquiet avec un absentéisme qui flambe. On a du mal à couvrir les différents services. Comme la métropole est aussi en difficulté, des soignants ne pourront pas venir nous aider comme ils l'ont fait lors de la quatrième vague. Ça va nous contraindre à déprogrammer les soins pour les patients habituels : les cancéreux, les opérés, les diabétiques, les obèses - qui sont nombreux en Guadeloupe... Surtout que notre population n'est vaccinée qu'à 35%, et à peine à 10% pour la troisième dose.

Vous n'arrivez plus à convaincre la population de se faire vacciner ?

Depuis le début, on n'a jamais manqué de doses en Guadeloupe. On a beaucoup de centres de vaccination et donc pas d'obstacle à la vaccination. Mais les choses changent un petit peu. Depuis quelques jours, les Guadeloupéens reviennent à la vaccination. Mais comme on a beaucoup de retard, ça va prendre beaucoup de jours pour le rattraper.

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