Covid-19 : l'UFC-Que Choisir appelle à mobiliser les cliniques privées face aux "déprogrammations massives" d'opérations
Entre mars 2020 et mars 2021, 74 % des opérations non-urgentes ont été déprogrammées, selon la chargée de mission santé à l’UFC-Que Choisir.
Pour rattraper les "déprogrammations massives" d’opérations non urgentes, l’UFC-Que choisir veut mettre à contribution les cliniques privées pour "rattraper le plus rapidement possible les retards de soins". Lauriane Le Menn, chargée de mission santé à l’UFC-Que Choisir, invitée de franceinfo jeudi 24 juin, demande que soit fait "un effort de solidarité" pour "répondre le plus vite possible aux besoins des usagers".
franceinfo : Vous vous êtes penchée sur les conséquences de l'épidémie de Covid à l'hôpital, avec la déprogrammation de certaines opérations. Pourquoi demandez-vous la mise à contribution du secteur privé ?
Lauriane Le Menn : Depuis le début de la crise sanitaire, on constate que les hôpitaux publics se sont progressivement spécialisés dans l'accueil des patients Covid. Pendant la seconde vague, ils ont accueilli 88 % des cas Covid. C'est notamment parce que leur système de réanimation est mieux adapté. En partant de ce constat, on considère qu'il est logique que le public ait davantage été contraint de déprogrammer que le privé. Ce qu'on demande, c'est de s'appuyer sur ce constat des forces de chaque type de structure pour accueillir au mieux et de la façon la plus efficiente possible l'ensemble des patients. La plupart des opérations déprogrammées peuvent tout à fait être menées dans des cliniques. Nous demandons aux pouvoirs publics de mettre en place un système efficace pour utiliser l'ensemble des places disponibles, y compris dans le privé afin de rattraper le plus rapidement possible les retards de soins liés aux déprogrammations massives qu'on a constatées depuis le début de la crise sanitaire.
D'après votre étude, une bonne partie de ceux qui devaient subir une opération entre mars 2020 et mars 2021 n'étaient toujours pas passés entre les mains d'un chirurgien en avril ...
Effectivement. L'année dernière, on avait déjà mené une première enquête à la suite du premier confinement. Et on s'était aperçu que 74 % des opérations avaient été déprogrammées. Un an plus tard, l'idée était de voir si la situation s'était améliorée. Nous avons constaté un énorme embouteillage de patients. 39 % des opérations qui devaient avoir lieu depuis mars de l'année dernière n'ont toujours pas eu lieu, dont un quart qui concerne des patients qui n'ont même pas connaissance de la date à laquelle ils devraient être opérés. Donc on imagine les conséquences en termes de stress pour ces patients. On s'est aussi rendu compte que dans 5 % des cas, il y a un retard dans le dépistage d'une maladie. Et par ailleurs, on a aussi constaté une chute de l'activité de transplantation rénale de 30 % en 2020. Donc ce sont vraiment des conséquences dramatiques pour les usagers. Il faut faire au plus vite, puisque les conséquences sont déjà réelles et irrémédiables pour de nombreuses personnes. Il faut vraiment accélérer le rythme et mettre à contribution toutes les places disponibles, y compris dans le privé.
Les cliniques ont déjà été mises à contribution pendant la première vague, et ces derniers mois. Ce pont entre public et privé n'existe-t-il plus ?
C'est vrai qu'il a existé, que des efforts ont été faits pour améliorer la coopération entre public et privé sur les patients Covid. Pendant la seconde vague, les cliniques privées ont été moins mises à contribution. Mais ce n'est pas forcément par manque de volonté du privé. C'est plutôt lié au fait que les hôpitaux publics sont mieux adaptés à cet accueil de patients Covid, parce que c'est surtout lié à leurs réanimations qui sont quand même mieux adaptées. A côté de ça, les cliniques sont très habituées à mener des opérations de prothèse du genou, prothèse de hanche, parce que souvent, c'est ce type d'opérations qui sont retardées depuis un an. Aujourd'hui, puisqu'elles accueillent moins les patients Covid, on considère qu'il serait logique de les mettre davantage à contribution sur ce type d'opération, mais sans surcoût pour les patients. On considère que c'est une situation vraiment exceptionnelle. Il faut donc des solutions exceptionnelles et qui ne seraient pas forcément de très long terme. C'est un effort qu'on espère assez court, qu'on demande aux cliniques, mais un effort de solidarité qui doit être fait aujourd'hui pour répondre le plus vite possible aux besoins des usagers et essayer de freiner ce risque sanitaire pour l'usager.
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