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Covid-19 : la Chine en profite pour s'attaquer au commerce illégal du pangolin, "du niveau du trafic d’armes et de drogue"

En voie d'extinction en Chine, le mammifère est essentielllement importé d'Afrique en Asie où il est apprécié pour sa chair et ses écailles. Des experts l'estiment à l'origine de la contamination au coronavirus. Même sans preuve scientifique, les autorités ont donc interdit sa commercialisation et entre en guerre contre les trafiquants.

Article rédigé par franceinfo, Dominique André - Édité par Ariane Schwab
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Un pangolin (photo d'illustration). (ROSLAN RAHMAN / AFP)

Il faut arrêter de manger du pangolin !, clament depuis des années les défenseurs de ce petit mammifère peu connu dans le monde mais très prisé en Asie pour sa chair délicate et hors de prix. La médecine traditionnelle asiatique l'utilise également beaucoup pour ses écailles.

Jugé responsable de la contamination

Or des experts chinois estiment que le coronavirus Covid-19 est apparu sur un marché de Wuhan où étaient vendus des animaux sauvages. L’hypothèse n'est pas validée par la communauté scientifique mais le pangolin fait partie des coupables désignés, qui auraient transmis le nouveau coronavirus à l’homme, comme ce fut le cas de la civette, un autre petit mammifère, lors de l’épidémie de SRAS en 2003. Le coronavirus a déjà tué près de 2 600 personnes en Chine continentale (hors Hong-Kong et Macaco) où on dénombre également près de 78 000 malades. Les autorités chinoises ont donc totalement interdit le commerce et la consommation de ces animaux sauvages.      

Espèce menacée comme les éléphants, le pangolin  est au cœur d’un trafic illégal sur lequel les autorités chinoises ont longtemps fermé les yeux. Cela fait des années qu'une ONG chinoise, dirigée par Su Feiya, se bat pour sauver le pangolin. 123  tonnes d écailles de pangolin sont saisies chaque année en Chine, révèle-t-elle.   

Les pangolins  proviennent surtout du continent africain parce qu'il n'y a quasiment plus de pangolins en Chine depuis les années 90.

Su Feiya, dirigeante d'une ONG protégeant les pangolins

à franceinfo

"Cela fait un an, que notre organisation considère que le pangolin est en voie d'extinction en Chine, précise-t-elle. Le trafic illégal est énorme. Nous estimons qu'il est du niveau du trafic d’armes et de drogue."  

La machine judiciaire s'est récemment emballée : 18 suspects ont été arrêtés, a annoncé le procureur de Wenzhou, sur la côte est de la Chine. Il faut abolir la mauvaise habitude de trop consommer les animaux sauvages. La communauté scientifique mondiale n’a pas confirmé  la culpabilité du pangolin dans l’épidémie, mais en attendant le  gouvernement chinois soigne aussi son image, à quelques mois de la  COP 15 sur la biodiversité dont la Chine sera le pays d'accueil.

Le pangolin pointé du doigt en Chine comme responsable du Covid-19. Correspondance de Dominique André.

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