Covid-19 : Le Havre lance la première grande expérimentation française de dépistage de masse
Les 270 000 habitants de la communauté urbaine sont invités à se faire tester gratuitement et sans rendez-vous toute cette semaine. Les autorités espèrent en dépister le plus grand nombre avant les fêtes de fin d’année.
Ce gymnase du centre-ville du Havre (Seine-Maritime) est l’un des 50 sites retenus pour cette opération-pilote de dépistage de masse du Covid-19. À l’intérieur, tout est prêt lundi 14 décembre pour accueillir les volontaires à partir de 10 heures du matin : les barrières pour la file d’attente, les zones de prélèvements qui vont se faire à l’abri des regards, dans les isoloirs qui servent d’habitude aux élections, et puis un peu plus loin, des chaises bien alignées pour attendre les résultats des tests qui doivent être délivrés en une vingtaine de minutes.
Les 270 000 habitants de la communauté urbaine seront également accueillis toute la semaine gratuitement et sans rendez-vous chez le médecin, le pharmacien, dans des lycées, dans de grandes entreprises du secteur, des Ehpad ou encore dans des salles des fêtes pour se faire dépister. Une opération similaire a lieu simultanément à Charleville-Mézières (Ardennes).
Officiellement, il n’y a pas d’objectif chiffré, disent l’Agence régionale de santé et le maire de la ville, l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe. Pour donner une idée, une opération similaire a déjà eu lieu à Liverpool, en Grande-Bretagne, et seulement un tiers des habitants s’étaient déplacés. Or tout la réussite dépend de la participation des habitants. Plus ils iront se faire tester, plus on aura une idée précise de l’épidémie dans une ville qui a été très touchée par la deuxième vague de Covid-19 et où le nombre de contaminations et d’hospitalisations remonte légèrement depuis plusieurs jours.
Pourtant, les habitants sont très partagés sur cette opération-pilote. Il y a ceux qui sont décidés comme cette femme : "Vu que je suis en contact avec mal de gens, il y a de fortes chances que je le fasse", confie-t-elle. Il y a ceux qui sont sceptiques : "Je ne vais pas allez me faire dépister pour qu’on me dise : c’est négatif, et qu’en fin de compte je sois positive. Ce n’est pas assez fiable", objecte une autre femme. Il y a ceux qui ont tout simplement peur d’être contaminé dans la queue pour se faire dépister. Et enfin, il y a ceux qui ont conscience que "ce serait bien" de le faire mais qui n’ont "pas envie de [se] retrouver toute seule le 24 décembre, isolée toute seule chez moi" en cas de résultat positif, comme l’avoue une jeune femme. Ce n’est donc pas gagné pour cette première expérimentation de dépistage de masse en France.
En cas de test positif, les malades seront isolés
Toutefois, si de nombreux épidémiologistes vantent les mérites de ces tests de masse, ils insistent sur le fait que cela n’a de sens que si, ensuite, on accompagne les malades. Il ne faut pas "tester pour tester" mais s’assurer après qu’on va briser la chaîne de contamination. Il s’agit du fameux "tester, alerter, protéger" du gouvernement. Or la France est à la peine sur les deux deniers volets depuis des mois.
Au Havre, il va s’agir de faire les trois en même temps. Une personne vient se faire tester, si elle est positive, immédiatement, des professionnels de santé rappelleront les consignes, vont recenser tout de suite ses contacts récents et enfin troisième volet, vont isoler ces personnes contagieuses. Si le malade ne peut pas s’isoler facilement, les services sociaux prendront le relais que ce soit pour garder les enfants ou livrer les repas, voire organiser un isolement à l’hôtel.
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