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Covid-19 : les tests antigéniques ne doivent pas être utilisés "pour tout le monde", sinon "on va se retrouver avec un taux de faux négatifs très important", selon un biologiste

Selon Lionel Barrand, président du Syndicat national des jeunes biologistes médicaux, les tests antigéniques ont "une performance bien moins bonne que les tests PCR".

Article rédigé par franceinfo
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Le test antigénique permet d'obtenir des résultats en une vingtaine de minutes. (FRANCE 2)

Alors que les tests antigéniques, qui permettent d'avoir un résultat en 15 à 20 minutes selon le ministre de la Santé, vont bientôt être déployés pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, Lionel Barrand, président du Syndicat national des jeunes biologistes médicaux, met en garde, jeudi 15 octobre sur franceinfo contre leur utilisation généralisée. "Parce que si on les utilise pour tout le monde, on va se retrouver avec un taux de faux négatifs très important et des patients qui seront rassurés à tort alors même qu'ils seront contaminants", indique-t-il. "Il faudra faire très attention et ne les utiliser que chez les personnes symptomatiques de moins de quatre jours uniquement quand il n'y a pas de possibilité d'avoir un test PCR dans les 48 heures, sinon on risque d'avoir un mésusage".

D'ici combien de temps pourrait-on avoir des tests antigéniques ?

Lionel Barrand : Je suppose dans les prochaines semaines, en novembre, car certains ont déjà accès à ces tests, comme les laboratoires ou les ARS (Agences régionales de santé), mais ce n'est pas quelque chose qui est diffusé partout. La question qui se pose c'est celle de l'utilisation de ces tests antigéniques. On sait que ces tests ont une performance bien moins bonne que les tests PCR. Il faut qu'on les utilise avec le bon guide d'utilisation. Il y a 60% de sensibilité pour les tests antigéniques selon un rapport de l'AP-HP. Il faudra donc bien faire attention à l'utilisation de ces tests.

Et si ce n'est pas le cas que va-t-il se passer ?

Si on les utilise pour tout le monde, on va se retrouver avec un taux de faux négatifs très important et des patients qui seront rassurés à tort alors même qu'ils seront contaminants. Il faudra faire très attention et ne les utiliser que chez les personnes symptomatiques de moins de quatre jours uniquement quand il n'y a pas de possibilité d'avoir un test PCR dans les 48 heures. Ce sont les recommandations de la Haute autorité de santé et il faut absolument rester dans ces recommandations, sinon on risque d'avoir un mésusage. On peut également les utiliser, si jamais on n'a pas assez de tests PCR qui est le test de référence avec la meilleure sensibilité, dans des campagnes de dépistage massives par exemple dans les universités pour voir s'il n'y a pas un cluster et dès qu'on l'a découvert on dépiste avec le test PCR.

Y a-t-il d'autres conditions que vous posez pour réaliser ces tests antigéniques ?

Si par exemple dans un territoire on n'a pas de PCR avant dix jours, bien sûr que ces tests antigéniques ont un intérêt. Il vaut mieux un test antigénique que rien du tout. Par contre, il ne faut pas les utiliser pour tout un chacun, pour un cas contact ou pour quelqu'un qui aurait des symptômes depuis une semaine parce que la charge virale chez ces personnes est très faible et n'est pas retrouvée par les tests antigéniques alors même que la personne est contagieuse. Pour ces personnes il faut vraiment utiliser le test PCR. C'est un outil supplémentaire qui va pouvoir aider à désemboliser les laboratoires et à être utile à la population. Il ne faudra pas que ce soit l'alpha et l'omega de la stratégie de dépistage, parce que ces tests ont des performances bien moins bonnes que les tests PCR.

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