Covid-19 : "Même si on part sans le virus dans ses valises, lui ne prend pas de vacances", prévient l'infectiologue Benjamin Davido
L'infectiologue Benjamin Davido, référent Covid-19 à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, rappelle que le risque de contamination au Covid-19 est toujours présent, à l'heure où de nombreux Français s'apprêtent à partir en vacances.
"Il faut garder à l'esprit que même si on part sans le virus dans ses valises, lui ne prend pas de vacances", a déclaré samedi 9 juillet sur franceinfo l'infectiologue Benjamin Davido, référent Covid-19 à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches. Depuis une semaine, 130 000 cas par jour en moyenne sont detectés chaque jour. "Le risque est toujours présent", a prévenu l'infectiologue.
franceinfo : Conseillez-vous de remettre le masque dans les zones de forte affluence ou en intérieur ?
Benjamin Davido : En tout cas dans les zones de forte affluence et lorsque l'on est en intérieur dans des espaces mal ventilés, mal aérés, je crois qu'il faut faire cet effort. Les Français, à mon avis, devinent que l'objectif n'est pas d'arriver sur les lieux de vacances et de passer quatre ou cinq jours cloué au lit. Ce n'est agréable pour personne. Cela va également probablement continuer à consommer du soin. 150 000 personnes positives quotidiennement, au-delà du chiffre, c'est inquiétant, c'est qu'il y a jusqu'à 30% de positifs dans certaines régions, ce qui est quasiment du jamais vu et nous rappelle le début de la vague Omicron. Donc, il faut de la prudence pour ne pas déséquilibrer un peu plus l'hôpital qui est déjà une situation difficile au début de cet été.
Quelles sont les régions où il y a le plus de cas ?
Ce sont l'Ile-de-France et la région Paca. Il est fort à parier qu'on risque de se retrouver comme l'été dernier, avec à nouveau des clusters qui vont s'allumer dans ces lieux de vacances où il y aura eu un brassage. Je crois qu'il faut garder à l'esprit, malheureusement, que même si on part sans le virus dans ses valises, lui ne prend pas de vacances et que le risque, il est toujours présent. On voit bien que les personnes les plus vulnérables doivent d'ores et déjà réfléchir, si ce n'est faire le vaccin pour assurer des vacances dans les meilleures conditions et ne pas se retrouver malade. De plus, le masque est devenu un objet de défiance. C'est pourtant ce même masque qui nous a protégés pendant quasiment un an lorsque l'on n'avait pas de vaccin. Il est démontré scientifiquement qu'il est efficace. Je crois qu'il ne faut pas que ça soit un objet de défiance. Je pense que dans l'esprit des Français, ce qui est confus c'est qu'on leur expliquait il y a un peu plus d'un mois et demi que le virus était parti et qu'il fallait enlever les masques et, ensuite, on les a appelés à une campagne de vaccination, ce qui fait qu'on a opposé le masque à la vaccination. À mon sens, c'est une erreur. Je pense que ces deux outils sont complémentaires.
Les hospitalisations sont en hausse dans cette septième vague. Vous le remarquez dans votre établissement à Garches ?
Cela fait environ trois semaines que l'on alerte sur cette vague qui se dessine. Nous voyons nettement depuis cette semaine une augmentation substantielle des hospitalisations, y compris des formes sévères. Jusqu'alors, la réanimation était protégée et on voit bien qu'en réalité, arithmétiquement, on va se retrouver dans une situation où les gens qui n'ont pas fait leur quatrième dose et qui sont fragiles, ceux qui se sont arrêtés à la deuxième, vont se mettre dans une situation de difficulté. Un article très intéressant va paraître, qui montre bien qu'en réanimation les patients atteints d'Omicron par rapport à Delta sont dans un état tout aussi grave. Il va falloir qu'on réfléchisse à des stratégies pour la rentrée prochaine. Nous comprenons volontiers que tout le monde a envie d'une pause pendant ces vacances et c'est tout à fait normal. Cependant, on ne pourra pas arriver à la rentrée dans les bonnes conditions si on ne fait rien aujourd'hui.
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