Covid-19 : Olivier Véran reconnaît que le secteur privé n'a pas pris part aux opérations des TGV médicalisés
Contrairement à ce qu'il avait affirmé sur franceinfo, le ministre de la Santé reconnaît que le secteur privé n'a pas pris part aux opérations de transfert de patients touchés par le Covid-19 dans des TGV médicalisés.
Invité de franceinfo le 16 février, Olivier Véran avait été interrogé sur le recours par son ministère à des cabinets de conseil privés. Un livre-enquête estime en effet que le gouvernement a dépensé entre 1,5 milliard et trois milliards d'euros par an en contrats avec des cabinets de conseil privés. 47 commandes ont été passées par le ministère de la Santé.
"Notre pays était en guerre. Quand vous devez équiper un TGV en 48 heures pour transporter des malades intubés, vous êtes contents de trouver des gens qui ont la compétence pour le faire. Ils sont dans le secteur privé, ils ne sont pas dans l'administration", avait répondu Olivier Véran sur franceinfo.
"Phrase malheureuse"
Ces propos du ministre de la Santé ont suscité l'émotion et les dénégations notamment du Collectif inter-hôpitaux (CIH). Dans un communiqué publié jeudi, le CIH rappelait que "les transferts inter-régions de patients ont été organisés et réalisés par l'armée, les pompiers, la SNCF et le Samu".
Dont acte : dans une déclaration transmise à l'AFP par son cabinet, le ministre de la Santé "tient à s'excuser auprès de tous les professionnels mobilisés de cette phrase malheureuse et à leur rappeler toute sa reconnaissance". Olivier Véran précise que ces transferts "par TGV médicalisés en 2020 au plus fort de la crise l'ont été par les services du ministère, des ARS (Agences régionales de santé), des établissements de santé, de la SNCF, du Samu et de nombreux acteurs publics qui ont permis par leur expertise la conception et la réalisation de cette opération inédite."
Lors des premières évacuations ferroviaires en mars 2020, le ministère de la Santé avait bien communiqué sur ces opérations qui étaient préparées selon lui par "le Samu de Paris, l'APHP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), la SNCF et des associations agréées de la Sécurité Civile".
Cabinets de conseil privés : "la recherche de l'efficacité"
Plus globalement, sur le recours à des cabinets de conseil privés, le ministre a évoqué la somme de "25 millions d’euros" pour les cabinets privés "sur 30 milliards de dépenses. Je reconnaîs et le revendique". Derrière la critique de ce recours au privé, "ce qu’il y a, c’est que le privé, ce serait sale", avait rétorqué Olivier Véran. "Moi ce que j’ai recherché pendant cette crise sanitaire, c’est l’efficacité."
Pour Matthieu Aron, auteur avec Caroline Michel-Aguirre du livre-enquête Les infiltrés. Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l'État, invité de franceinfo vendredi, "ce que l'on entend derrière, c'est un ministre convaincu que, si l'on devait faire quelque chose d'exceptionnel et de bien, il faudrait forcément faire appel au privé et que les fonctionnaires n'y arriveraient pas eux-mêmes". Le journaliste pointe "toute une série de doublons. Un État qui a des compétences dans ses services et qui pourtant préfère, parce que ce serait toujours mieux dans le privé, faire appel à ces cabinets de conseils".
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