Covid-19 : où en est la recherche de traitements contre la maladie ?
Si la vaccination reste pour l'heure la seule solution pour endiguer la pandémie, plusieurs médicaments sont à l'étude, notamment pour lutter contre les formes graves du Covid-19.
Un temps éclipsée par la course aux vaccins, la recherche de traitements contre le Covid-19 n'en a pas moins continué. Plusieurs molécules sont à l'essai. Interrogé à ce sujet mercredi 25 août sur France 2, le président du Conseil scientifique a estimé que les premiers médicaments devraient "être prêts pour la fin de l'année". Cela "changera la donne", a assuré Jean-François Delfraissy, car dès l'apparition de symptômes, on pourra tester puis traiter la personne, pour "réduire la transmission et l'évolution vers des formes sévères", a développé le médecin spécialiste de l'immunologie.
Franceinfo fait le point sur les multiples pistes thérapeutiques étudiées et sur leurs avancées, même si la vaccination est encore, à ce jour, la seule arme efficace pour lutter contre l'épidémie.
Molnupiravir : un antiviral en pilule
C'est l'un des rares traitements antiviraux prometteurs. Développé par le géant pharmaceutique américain Merck et la société de biotechnologies Ridgeback Biotherapeutics, le molnupiravir est un antiviral administrable par voie orale. Il vise à réduire la charge virale en stoppant la reproduction du virus dans l'organisme. D'abord développé contre la grippe, il a été modifié pour pouvoir être fabriqué sous forme de pilule. Celle-ci doit être prise deux fois par jour, pendant cinq jours.
Le traitement a été très bien toléré par les quelques centaines de personnes l'ayant reçu lors d'un premier essai clinique, d'après le communiqué de la société de biotech en mars. Des analyses effectuées sur plusieurs dizaines de personnes qui ont participé à l'essai ont montré que le virus n'était plus détectable au bout de cinq jours pour toutes celles traitées avec le molnupiravir. En revanche, le virus était toujours détectable chez 26% du groupe placebo, les personnes qui n'ont donc pas reçu le médicament. Les résultats d'autres essais menés sur 1 450 adultes sont attendus à l'automne.
Tocilizumab : un anti-inflammatoire en intraveineuse
Autre piste étudiée : celle d'une réduction du risque de décès chez les patients hospitalisés pour Covid-19 grâce aux anti-inflammatoires. Parmi les médicaments testés figure le tocilizumab, un anticorps monoclonal normalement utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Il est commercialisé sous le nom d'Actemra ou RoActemra, selon les pays où il est vendu.
Ce médicament, administré en intraveineuse, agit en bloquant le récepteur d'une protéine, l'interleukine 6, qui joue un rôle dans le processus de surréaction immunitaire parfois déclenché par le coronavirus et qui entraîne une hyper-inflammation responsable des cas les plus graves de Covid-19.
Une étude, publiée dans le Lancet (en anglais) en mai, a fait état de résultats encourageants le concernant. Menée dans le cadre du vaste essai clinique Recovery, cette étude menée sur plus de 4 000 patients hospitalisés a montré une réduction du risque de décès et du besoin de respiration artificielle. Une autre étude, compilant les résultats de 27 essais cliniques dans 28 pays, et publiée en juillet dans la revue scientifique JAMA (en anglais), a confirmé ces espoirs.
Cette étude – la première à porter sur un nombre aussi important de personnes – a été menée sur 10 930 patients. Parmi eux, 6 449 personnes ont reçu le traitement (soit du sarilumab soit du tocilizumab), et 4 481 personnes ont reçu des soins habituels ou un placebo. Le risque de décès au bout de 28 jours dans le groupe ayant reçu le traitement était de 22%, contre 25% pour les autres. En isolant seulement les personnes ayant reçu simultanément le traitement et des corticoïdes, le risque de décès tombait même à 21%.
Ces résultats ont conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander l'usage du tocilizumab et du sarilumab, en même temps que des corticoïdes, chez les patients souffrant de cas graves de Covid-19. Au 26 août, ces deux traitements étaient en cours d'évaluation par l'Agence européenne des médicaments (EMA), en vue d'une autorisation de mise sur le marché.
Ronapreve, un anticorps monoclonal en injection
L'EMA doit également se prononcer sur le cas du Ronapreve. Alors même qu'il est encore en cours d'évaluation à l'échelle européenne, ce traitement, dit à anticorps monoclonaux, a été autorisé en France début août par la Haute Autorité de santé (HAS). Une autorisation temporaire de cinq mois a été octroyée par la HAS, qui s'est s'appuyée sur un avis scientifique de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui évalue le rapport bénéfice-risque des médicaments.
Seuls les "patients immunodéprimés qui ne sont pas protégés malgré une vaccination complète" peuvent se voir proposer ce traitement, à titre préventif, c’est-à-dire avant la contamination, mais aussi en "post-exposition", c'est-à-dire en cas de contact avec une personne contaminée, précise la HAS dans son communiqué. Il peut être proposé en prévention "toutes les quatre semaines tant qu'il existe un risque d'être exposé au virus", mais seulement aux patients n'ayant pas du tout développé d'anticorps malgré la vaccination, ajoute la HAS. En France, 130 000 patients immunodéprimés pourraient être intéressés par ce traitement, précise l'autorité.
Ce traitement, appelé soit casirivimab soit imdevimab, est développé par la biotech américaine Regeneron en partenariat avec le laboratoire Roche. Il consiste en une injection de deux anticorps monoclonaux reproduits en laboratoire et dirigés contre la protéine Spike du Sars-CoV-2, celle qui permet au virus responsable du Covid-19 de se fixer dans l'organisme. Ces anticorps agissent sur la maladie en empêchant le virus de pénétrer dans les cellules et en luttant ainsi contre sa réplication.
AZD7442, un antiviral développé par AstraZeneca
Le groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca a annoncé le 20 août (en anglais) des résultats de phase 3 encourageants pour un traitement contre le Covid-19. Intitulé AZD7442, le traitement par anticorps permet de réduire fortement le risque de développer une forme symptomatique de la maladie chez les patients fragiles.
Selon les résultats obtenus au cours d'essais réalisés en Espagne, en France, en Belgique, au Royaume-Uni et aux États-Unis réalisés sur 5 197 participants, le traitement réduit de 77% le risque de développer une forme symptomatique de la la maladie. AstraZeneca précise même qu'il n'y a eu aucun cas sévère de Covid-19 ou de décès chez les personnes qui ont participé à l'essai. Le laboratoire a fait savoir qu'il déposerait un dossier auprès des autorités de santé afin d'obtenir une utilisation d'urgence ou une validation sous conditions du traitement.
XAV-19, un anticorps polyclonal développé en France
Côté français, une autre piste semble prometteuse : celle du XAV-19, un anticorps polyclonal élaboré par la société de biotechnologie nantaise Xenothera et actuellement en phase 3. Mis au point pour des patients atteints de Covid modéré, le traitement vise à éviter l'aggravation de la maladie et notamment un transfert en réanimation. Les premiers résultats sont encourageants et "si tout se passe bien, il pourrait être autorisé et utilisé dès cet automne", assure Odile Duvaux, présidente de la société, au Monde.
La biotech a annoncé dans un communiqué en mai avoir signé un contrat de précommande avec le gouvernement français. Le contrat porte sur 30 000 doses du candidat-médicament. Cet accord a permis à Xenothera de démarrer la production industrielle, en prévision des conclusions de l'essai clinique français Polycor, dont les résultats étaient annoncés pour cet été.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.